Un vieux texte que j'ai oublié de poster...
Mon stage en développement international
Ou l’art de vivre ses rêves
De Yaoundé à Maccchu Picchu: rêver
« Il était une fois un jeune garçon d’origine béninoise qui vivait au Cameroun. Adolescent, il portait des lunettes, écrivait des poèmes et adorait lire. Il s’appelait Raïmi. Il deviendra « Inti », comme le soleil, mais je vais trop vite.
Tananarive, Montréal, Winnipeg, Riobamba : « sauver le monde »
Féru d’entreprenariat, j’ai travaillé comme consultant en gestion pour les entrepreneurs et les populations marginalisées telles que les immigrants et refugiés, les communautés bilingues et les organismes à but non lucratif venant en aide à ces populations. J’ai ensuite collaboré avec le Réseau canadien de DEC (RCDEC) et le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM).
En 2007, après bien des aventures, je découvre le Centre de solidarité international du Saguenay-Lac-Saint-Jean (CSI) qui va m’offrir la possibilité de travailler à Riobamba, en Équateur. Dans le cadre du Programme de jeunes stagiaires internationaux (PJSI) de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), je vais pouvoir apporter un appui technique en entreprenariat social, en gestion et en commercialisation équitable à une ONG locale et à des groupes de femmes autochtones.
3. Revenir
« C’est drôle que tu me demandes ça maintenant, lui répondis-je. Je venais justement de penser à quelque chose. Tiens, je te l’ai écris ici, sur ton babillard… » Je lui indiquai alors les mots que j’avais gribouillé à l’encre rouge :
« Je suis de toutes les Afrique, je suis de toutes les Amériques, je suis Indigène du monde… »
Je me sens également Équatorien maintenant. Je me sens appartenir à tous ces volcans, à ces montagnes et à ces terres où j’ai vécu par la sueur que j’ai versée en les traversant, les visages que j’ai embrassés et le vin que j’ai partagé. Le visage buriné des femmes indigènes du Canton de Colta est aussi gravé en moi que celui des enfants malgaches du Rova d’Antananarivo et des immigrants pakistanais cherchant une opportunité professionnelle au Manitoba. Oh! Quel souvenir que celui de ce tunnel du centre-ville de la capitale malgache noirci par les gaz d’échappement qui sert de dortoir aux enfants de la rue! Il ressemble étrangement à ceux de Quito… Le bruit des sandales qui claquent sur le sol de poussière des chemins de Yamoussoukro résonne encore à mes oreilles : je savais que les femmes africaines en milieu rural se lèvent tôt pour aller chercher de l’eau. Je sais maintenant qu’il en est de même pour leurs sœurs équatoriennes, qui dès l’aube s’en vont au marché vendre pour si peu, les produits de leurs potagers dont elles privent leurs familles. Et j’ai appris que leur courage n’a d’égal que leur soif d’apprendre : à lire, à écrire, à créer des entreprises, à gagner plus d’argent, à offrir un meilleur avenir à leurs enfants.
À Riobamba, en six mois, j’ai pu observer bien des inégalités. Mais de retour au Canada, je me rends compte que le développement n’est pas seulement une affaire internationale. En Équateur, j’ai appliqué des méthodes et utilisés des outils que j’ai appris à maîtriser ici. J’ai même été confronté des problèmes similaires à ceux que rencontrent les spécialistes en développement local de Winnipeg, de Thompson ou de Brandon : l’alcoolisme, le logement, le racisme, l’emploi, le partage des ressources…
Je reviens donc au DEC et à l’économie sociale pour améliorer la vie des populations marginalisées, jeunes, femmes, personnes à faible revenu ou vivant en minorité ou avec un handicap, immigrants ou aborigènes. Mon intérêt s’est accru autant que ma capacité de travailler avec eux. Je veux participer à la vie de ma communauté apprendre et échanger: émissions de radio, comité des jeunes leaders, Réseau d’action des immigrants et des réfugiés, conférences... La meilleure façon de s’intégrer à sa communauté n’est-elle pas d’y être actif? D’apporter quelque chose?
4. À quoi ressemble l’avenir?
Un nouveau soleil se lève. De nouveaux rêves, de nouveaux horizons.
Il y a quelques semaines, j’ai invité ma conjointe à se joindre à une rencontre du Réseau d’action des immigrants et des réfugiés du RCDEC avec moi pour la première fois. Deux praticiennes que je respecte beaucoup donnaient une conférence, Gulalai Habib venue de Colombie-Britannique, et Yvonne Chui, venue d’Alberta. Ma conjointe s’est un peu ennuyée, l’économie sociale et le DEC ne sont pas ses centres d’intérêt. Mais j’ai remarqué qu’elle a suggéré des solutions, elle s’est ouverte et a écouté, et elle a proposé de m’aider dans mon travail. C’est une première! Je peux donc conclure comme dans les contes de fées: ils continuèrent de s’impliquer dans leur communauté et de faire du développement local ensemble;
« ils vécurent heureux, longtemps, et eurent de nombreux enfants! »
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