De l'intégration et de l'éducation au Manitoba

L'Amicale de la francophonie multiculturelle du Manitoba a organisé un séminaire samedi dernier à la salle académique du Collège universitaire de Saint-Boniface (CUSB) autour du thème: "l'intégration des enfants des nouveaux-arrivants dans le système éducatif manitobain". Ce séminaire a emmené la trentaine de participants, membres de la communauté, nouveaux canadiens et canadiens "de souche" à discuter des questions d'éducation dans la mesure où elles sont liées aux difficultés d'intégration que rencontrent les immigrants au Manitoba. Enseignants, parents, professionnels des secteurs public, privé et à but non lucratif et immigrants ayant entre une semaine et 26 ans d'ancienneté au Manitoba ont participé aux débats.

L'évènement s'est déroulé en deux phases. Durant la première phase animée par Bintou Sakho, gestionnaire de l'Accueil francophone, les participants ont suivi une présentation sur les difficultés d'intégration telles qu'elles sont vécues par les clients de cet organisme. Ils ont ensuite discuté en plénière et en groupe autour de quelques questions telles que:

- la prise de conscience concernant la question de l'intégration des enfants des nouveaux-arrivants dans les écoles manitobaines;
- les démarches qu'ils ont entreprises pour faire face à la nouvelle réalité;
- les attentes et les recommandations pour faciliter l'intégration des enfants des nouveaux-arrivants dans le système scolaire.

De nombreuses recommandations dont la plupart étaient très pertinentes, ont été présentées. Les mesures prises par les nouveaux canadiens pour assurer une intégration en douceur pour leurs enfants sont également remarquables. On peut noter par exemple la création d'une école d'été par des parents et des enseignants d'origine congolaise.

Ce séminaire a donc été un franc succès pour l'Amicale. Il vient s'ajouter à la longue liste d'évènements organisés en collaboration avec l'Accueil francophone et souligne la complémentarité des deux organismes: tandis que l'Amicale joue un rôle de promotion et de défenseur des droits de la communauté immigrante francophone et cherche à assurer la représentativité des nouveaux arrivants au sein de la communauté pour assurer leur épanouissement politique, économique et socioculturel, l'Accueil a pour mission de fournir des services d'accueil et d'intégration à cette communauté.

L'Accueil francophone est une initiative mise sur pied dans le but de faciliter l’établissement des nouveaux arrivants francophones au Manitoba. Entre sa création en 2003 et aujourd'hui son effectif est passé de une à douze personnes, ce qui reflète la croissance des besoins en matière d'intégration. l'Accueil francophone est sous la tutelle de la Société franco-manitobaine dont le président, Ibrahima Diallo, d'origine sénégalaise, est arrivé au Manitoba en 1985 et lit encore Jeune Afrique!

Ode nouvelle


C'était il y a deux jours, un vendredi de novembre. Il faisait froid dehors, un temps gris; c'était un jour d'hiver comme un autre, nuageux, neigeux, fade. J'ai passé la journée à travailler à l'intérieur, sous les néons, aussi vite que j'ai pu pour ne pas penser au temps qui passe. Au temps qui passe.

À ma pause, une tasse de café en main, je me suis détendu et j'ai souri en lisant les messages-textes que j'avais reçus et en prenant les quelques appels des êtres chers qui soulignaient le temps qui passe. Le temps qui passe.

Le soir, après quelques courses en famille et un souper léger, j'ai retrouvé une dizaine d'amis pour une soirée de bowling. Nous avons mangé, bu et ri et nous avons célébré cette journée de novembre. À notre façon, tous ensemble, nous soulignions le temps qui passe. Le temps qui passe.

C'était il y a deux jours, un jour comme un autre. J'entamais un nouveau chapitre du roman-feuilleton de ma vie, une ode nouvelle à la vie, à l'amitié, à l'amour, une ode nouvelle au temps qui passe...

État d'urgence: réfugiés urbains à Montréal

J'ai découvert hier le mani-festival "Etat d'urgence". Dans cette vidéo, un cinquantenaire dépendant des drogues et qui vit dans la rue nous parle de son "kit" de survie dans la rue. L'Indigène des terres d'ici et d'ailleurs ne peut s'empêcher de penser: "il a une brosse à dent? Il reçoit des chèques qu'il encaisse à la banque?" Ce n'est certainement pas le cas des réfugiés urbains des villes de l'hémisphère sud, Mexico, Lagos, Mumbai... En conclusion, à se regarder, on se désole; à se comparer, on se console.



"L'Afrique noire est-elle maudite ?", de Moussa Konaté

Je suis tombé sur cet article publié par Philippe Bernard dans Le Monde le 16 novembre dernier sur un de mes blogs favoris: "All Eyes On...". Carmen, l'auteur du blog, l'introduit ainsi: "Chaque modèle a ses avantages et ses inconvénients, je parlais dernièrement de la famille qui soude le couple, Moussa Konaté remet en question dans son dernier ouvrage certains des méchanismes qui meuvent et caractérisent les sociétés sub-sahariennes."

Moussai Konatyé fait en effet un constat brutal et (j'ajoute) réaliste: "En Afrique, tout repose sur “un pacte entre l’individu et la société basé sur la soumission à la famille auquel tout est subordonné, même l’amour”, constate-t-il. Les conséquences en sont désastreuses. Derrière l’apparente convivialité, la soumission au groupe favorise le parasitisme, la corruption et la tyrannie, au détriment du travail."

Pour lui, "Le poids de la famille engendre une difficulté à s’isoler qui freine la lecture et l’étude, favorise la médiocrité intellectuelle. L’obligation de verser ses revenus, même maigres, dans le “tonneau sans fond de la solidarité” entrave l’épargne, l’initiative et donc le développement. Les frontières de caste perpétuent les privilèges."

Il propose comme alternative un renouveau humaniste: "Pour sortir de cette schizophrénie, les Africains doivent “reconnaître leurs torts”, à commencer par le rôle de certains de leurs chefs dans le commerce des esclaves. Sans se renier, ils doivent “réformer d’urgence leur modèle de société”. Libérer l’individu, interdire la polygamie et les mutilations sexuelles, instaurer l’école obligatoire et la transparence des revenus des dirigeants…"

Je vous invite à lire l'article sur le blog de Carmen ici ou sur le site du Monde ici. Ce livre est sur ma liste de cadeaux, alors si quelqu'un veut me l'offrir, n'hésitez pas.

Toun'n Toba: surpris


Durant les sept dernières années que j'ai passées à Winnipeg, j'ai progressivement appris à apprécier l'hiver. Je suis passé de la sloche des rues de Montréal (Québec) dans laquelle, étudiant, je barbotais avec dégoût aux pentes de ski d'Assessippi, à Riding Mountain (Manitoba) où j'ai passé plus de temps sur mes fesses que sur ma planche de snowboard. J'ai passé d'agréables après-midi à jouer au "spongee" (hockey sans patins) et à patiner sur la rivière Rouge de la Fourche à Saint-Boniface avec mes amis et mes collègues de bureau. J'ai passé de longues heures à m'éreinter en déneigeant l'entrée de mon domicile afin que le facteur ne glisse pas en approchant de ma porte. J'ai longuement commenté la température et la saison avec mes voisins fatigués.

Toutes ces activités m'ont emmenées à aimer l'hiver. Cette saison qui dure pratiquement la moitié de l'année de novembre à avril -les mois de printemps sont assez froids dans les prairies- peut avoir un effet devastateur sur le moral. Les journées sont de plus en plus courtes et le manque de lumière du soleil a un impact négatif sur l'humeur. Une belle activité à faire, la préférée de tous les canadiens qui peuvent se le permettre, est de "casser" l'hiver et de faire un voyage dans "le sud." Il's'agit de faire un tour dans l'hémisphère sud, et les manitobains n'échappent pas à cette règle. Les destinations préférées sont le Mexique et Cuba, quoique la Floride, Las Vegas et d'autres états américains ont également beaucoup de succès. Le voyage dure rarement plus d'une semaine car les manitobains, comme la plupart des autres canadiens, préfèrent passer Noël en famille. Ils partent donc le 25 ou le 26 décembre. Enfin, je trouve que l'hiver est la marque de commerce des provinces des prairies. Le froid, la neige, le verglas, sont tous particuliers de ce coin de pays. Je dirai même que si les canadiens vont au Mexique en hiver pour un peu châleur, c'est en hiver que les mexicains devraient visiter le Canada!

Cette année cependant, l'hiver m'a surpris. La neige est tombée jeudi dernier, trop vite, trop tôt. Je n'ai pas vu venir ces petits flocons blancs qui annoncent la nativité et les fêtes de fin d'année. Comme un bleu, un nouvel arrivant, je me suis laissé surprendre. C'est grincheux que j'enfile mes bottes et que j'enfourche mon manteau pour aller déneiger l'allée. Il a neigé toute la nuit et Brrr! Il fait froid, les chaussées sont glissantes et je n'ai pas encore installé mes pneus d'hiver!

Mopaya: Où sont les étudiants?

(Cette petite histoire a été publiée sur le site web de Mopaya)

"Allô?
- Allô? Soeurette, comment vas-tu? C'est comment l'hiver à Montréal?
- Justement c'est pour cela que je t'appelle. C'est dense! Il fait un froid terrible!
- Bienvenue au Canada!"
Ma soeur et moi échangeons ensuite quelques nouvelles de la famille. Elle vient d'arriver et de s'installer pour faire ses études à l'université de Montréal. C'est janvier et je ne suis pas là pour l'aider et la guider. Au moins nous avons le téléphone et internet pour communiquer. Mais ce matin en particuler, je sens dans le timbre de la voix de ma frangine que quelque chose la dérange. D'habitude, elle ne m'appelle jamais le matin, et je m'inquiète. Elle hésite à me parler. "C'est comment? Dis-moi ce qui t'embête, chou.
- C'est que tu vois, ce matin c'est la rentrée et il n'y a eu aucune indication que les cours sont annulés...
- Oui?
- Mais je marche vers le bâtiment principal depuis dix minutes et je ne vois aucun étudiant dans ce grand campus. Toi qui as été à cette même université, dis-moi où sont passés les étudiants?" C'est alors qu'en riant, j'explique à ma petite soeur incrédule qu'il y a tout un réseau de couloirs souterrains qui relie les bouches de métro aux differents édifices et que les étudiants empruntent allégrement en hiver pour passer d'une bâtisse à une autre sans se faire geler!

La Charte de Kouroukan Fouga

The Mali Empire at its height under Mansa Musa.Image via WikipediaCe billet se passe d'introduction. L'indigène du monde vous fait encore une fois de plus voyager vers son continent natal. Je vous invite ici à "faire ample connaissance avec ce que l’on peut, à juste titre, qualifier de l’un des pans les plus importants de l’histoire, combien riche, de l’actuelle République du Mali et présenté aussi comme la première « Constitution » connue en Afrique voire au monde." Notez la place des femmes (art. 14 à 16), les articles sur le délai de prescription (art. 17 et 32) et sur le vol (art. 36).

Un peu comme en Islam le Coran s'accompagne des Hadiths, descriptions des pratiques religieuses du prophète Muhammad (pssl), la Charte de Kouroukan Fouga est accompagnée des conseils pratiques d'un roi à son fils.

Une note d'humour: l'article 20 me fait réaliser pourquoi mes employeurs m'accordent de me reposer les soirs et les fins de semaine...

LA CHARTE DE KOUROUKAN FOUGA

Les Représentants du Mandé primitif et leurs alliés réunis en 1236 à Kouroukan Fouga (Actuel cercle de Kangaba) après l’historique bataille de Kirina ont adopté la charte suivante pour régir la vie du grand ensemble Mandingue.

Le Roi Naré Maghan Soundiata était entouré pour la circonstance à la tribune par 4 Chefs de Tribus dont :

1 Siby Kamandjan Camara : le Roi des Camara non forgerons.

2 Fran Camara dit Tabon N’Yana Fran Camara chef des Rois Forgerons

3 Fokoly Koroma

4 Faouly Tounkara, Petit frère de Nema Moussa Tounkara.

I. DE L’ORGANISATION SOCIALE

Article 1er : La Société du grand Mandé est divisée en seize (16) porteurs de carquois, cinq (5) classes de marabouts, quatre (4) classes de Nyamakalas (1) une classe de serfs (esclaves) (Mofé molu)

Chacun de ces groupes a une activité et un rôle spécifiques

Article 2 : Les Nyamakalas se doivent de dire la vérité aux chefs, d’être leurs conseillers et de défendre par le verbe les règles établies et l’ordre sur l’ensemble du royaume.

Article 3 : Les Morikandas lolu (les cinq classes de marabouts) sont nos maîtres et nos éducateurs en islam. Tout le monde leur doit respect et considération.

Article 4 : La société est divisée en classe d’âge. A la tête de chacune d’elles est élu un chef. Font de la classe d’âge les personnes (Hommes ou Femmes) nées au cours d’une période de trois années consécutives.

Les Kangbès (Classe internationale entre les jeunes et les vieux) doivent être conviés pour participer à la prise des grandes décisions concernant la société.

Article 5 : Chacun a le droit à la vie et à la préservation de son intégrité physique. En conséquence, tout tentation d’enlever la vie à son prochain est punie de la peine de mort.

Article 6 : Pour gagner la bataille de la prospérité, il est institué le Kongbèn Wölö (un mode de surveillance) pour lutter contre la paresse et l’oisiveté.

Article 7 : Il est institué entre les Mandenkas, le Sanankuya (cousinage à plaisanterie) et le tanamanyoya (forme de totémisme.) En conséquence, aucun différent né entre ces groupes ne doit dégénérer, le respect de l’autre étant la règle.

Entre beaux-frères et belles-sœurs, entre grands parents et petits, tolérance et non chahut doivt être le principe.

Article 8 : La Famille est désignée famille régnante sur l’empire

Article 9 : L’éducation des enfants incombe à l’ensemble de la société.

La puissance paternelle appartient en conséquence à tous.

Article 10 : Adressons-nous mutuellement les condoléances.

Article 11 : Quand votre femme ou votre enfant fuit, ne le poursuivez pas chez le voisin.

Article 12 : La succession étant patrilinéaire, ne donnez jamais le pouvoir à un fils quand son père vit. Ne donnez jamais le pouvoir à un mineur parce qu’il possède des liens.

Article 13 : N’offensez jamais les Nyaras.

Article 14 : N’offensez jamais les femmes, nos mères

Article 15 : N’offensez jamais la main sur une femme mariée avant d’avoir fait intervenir sans succès son mari.

Article 16 : Les femmes, en plus de leurs occupations quotidiennes doivent être associées à tous nos gouvernements.

Article 17 : Les mensonges qui ont vécu 40 ans doivent être considérés comme des vérités.

Article 18 : Respectons le droit d’aînesse.

Article 19 : Tout homme a deux beaux-parents : les parents de la fille que l’on n’a pas eu et la parole q’on a prononcée sans contrainte aucune.

On leur doit respect et considération.

Article 20 : Ne maltraitez pas les esclaves, accordez leur un jour de repos par semaine et faites en sorte qu’ils cessent le travail à des heures raisonnables. On est maître de l’esclave et non du sac qu’il porte.

Article 21 : Ne poursuivez pas de vos assiduités les épouses du chef, du voisin, du marabout, du féticheur, de l’ami et de l’associé.

Article 22 : La vanité est le signe de la faiblesse et l’humilité le signe de la grandeur.

Article 23 : Ne vous trahissez jamais entre vous. Respectez la parole d’honneur.

Article 24 : Ne faites jamais du tort aux étrangers.

Article 25 : Le Chargé de mission ne risque rien au Mandé.

Article 26 : Le taureau confié ne doit pas diriger le parc.

Article 27 : La jeune fille peut être donnée en mariage dès qu’elle est pubère sans détermination d’âge. Le choix de ses parents doit être suivi quelque soit le nombre des candidats.

Article 28 : Le jeune homme peut se marier à partir de 20 ans.

Article 29 : La dote est fixée à 3 bovins : un pour la fille, deux pour son père et sa mère.

Article 30 : Venons en aide à ceux qui en ont besoin.

II. DES BIENS

Article 31 : Il y a cinq façons d’acquérir la propriété : l’achat, la donation, l’échange, le travail et la succession. Tout autre forme sans témoignage probant est équivoque.

Article 32 : Tout objet trouvé sans propriété connu ne devient propriété commune qu’au bout de 4 ans

Article 33 : La quatrième mise bas d’une génisse confiée est la propriété du gardien.

Article 34 : Un bovin doit être échangé contre quatre moutons ou quatre chèvres.

Article 35 : Un œuf sur quatre est la propriété du gardien de la poule pondeuse.

Article 36 : Assouvir sa faim n’est pas de vol si on n’emporte rien dans son sac ou sa poche.

III. DE LA PRESERVATION DE LA NATURE

Article 37 : Fakombé est désigné Chef des chasseurs. Il est chargé de préserver la brousse et ses habitants pour le bonheur de tous.

Article 38 : Avant de mettre le feu à la brousse ne regardez pas à terre, levez la tête en direction de la cime des arbres.

Article 39 : Les Animaux domestiques doivent être attachés au moment des cultures libérées après les récoltes. Le chien, le chat, le canard et la volaille ne sont pas soumis à cette mesure.


IV. DISPOSITIONS FINALES

Article 40 : Respectez la parenté, le mariage et le voisinage.

Article 41 : Tuez votre ennemi, ne l’humiliez pas.

Article 42 : Dans les grandes assemblées, contentez vous de vos légitimes représentants et tolérez –vous les uns les autres.

Article 43 : Balla Fassèkè Kouyaté est désigné grand Chef des cérémonies et médiateur principal du Mandé. Il est autorisé à faire la plaisanterie avec toutes les tribus en priorité avec la famille royale.

Article 44 : Tous ceux qui enfreindront à ces règles et l’application stricte de ces articles...(...)

CONSEIL DE SOGOLON À SON FILS SOUNDIATA KEÏTA A

LA VEILLE DE LEUR DEPART POUR L’EXIL

Comme les princes de Dô, tu dois porter sur la tête quatre (4) tresses symboliques.

  • La première signifie : aime ta femme, mais jamais ne lui confie les secrets d’Etat.

Méfies-toi des femmes, Fils, parce que derrière l’ascension de chaque grand homme, il y a l’amour aveugle d’une femme et dernière la chute de chaque grand homme il y a la haine terrible d’une femme.

  • La deuxième signifie : Un Roi n’a pas d’amis, la seule raison guidant un roi est la raison l’Etat.

  • La troisième signifie : Le Fils d’un autre n’est jamais ton fils, la terre d’un autre n’est jamais ta terre.

  • Le quatrième signifie : Un Royaume ne peut pas marcher sans la coopération des vieux. Les jeunes donnent au Royaume le pouvoir de leurs muscles, les vieux, le fruit de leur expérience. Ils se complètent les uns et les autres.
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"Emily Pilloton à Bertie County" ou une autre façon de lutter contre la pauvreté


On parle souvent de la fuite des cerveaux qui mine l'Afrique et on célèbre la présence de jeunes désireux de faire évoluer les choses. Il y a ceux qui partent, mais il y a aussi ceux qui restent. Et il y a aussi ceux qui reviennent.

D'autre part, on oublie souvent que la pauvreté s'étend partout dans le monde et que les pays les plus riches sont aussi frappés que les pays du sud. Ici, il s'agit d'un comté des États-Unis, Bertie County, où la population diminue lentement et où l'éducation des jeunes entre autres, devient un sérieux problème. Un couple formé d'un architecte et d'une designer ont décidé d'y emménager et de changer les choses en utilisant ce qu'ils connaissent, le design et l'architecture pour influencer l'éducation des jeunes du comté et faire du développement communautaire.

Je vous présente ici une présentation d'une quinzaine de minutes d'Emily Pilloton sur TED.COM dont je parlais dans le billet précédent, et une idée qui peut être reprise et adaptée assez facilement sur le continent africain. Emily parle d'une histoire de développement à petite échelle qui peut être facilement dupliquée. Bien sûr, il faut tenir compte de l'environnement et des barrières structurelles inhérentes à nos pays, mais rien n'empêche de commencer à penser le développement autrement.

Du web et des amis

Pour l'être hyper social que je suis, l'une des choses les plus agréables qu'offrent la technologie et les médias sociaux, c'est justement les connections qu'ils permettent. Prendre des nouvelles de ceux qu'on aime et qui sont loin, en apprendre plus sur ce qui se passe dans leurs vies et dans le monde et... se faire de nouveaux amis. J'en ai rencontré quelques uns comme cela, par le biais d'un site ou d'un blog. En contact avec mon amie de longue date, l'auteure Ndack Kane par exemple, j'ai fait la rencontre de Khady Beye, rencontre impressionnante qui m'a permis de découvrir que la jeunesse de la diaspora africaine est très active au Canada et dans le monde et qui a renforcé mon afritude en décrépitude. Francophone, c'est avec grand plaisir que je redécouvre le dynamisme de cette jeunesse à Montréal et au Québec. J'ai ainsi rencontré l'artiste Doro Saiz et l'auteur Ryad Assani-Razaki originaires du Bénin comme moi et dont je trouve le travail simplement impressionnant. Je vous invite à voir les époustouflantes photos de "Dr D and Mr S" et à lire les délicieuses nouvelles de Ryad.

J'aime également beaucoup l'échange d'idées et la créativité que permet Internet. Je viens de lire l'entrevue de la montréalaise Khady réalisée par Mohamed Diaby qui comme moi semble être passionné par les échanges et les (nouvelles) amitiés que facilitent les médias sociaux et qui -je crois comprendre- vit en Côte d'Ivoire. Ils sont maintenant amis et peut-être que Mohamed sera un nouvel ami du pays pour le déraciné que je suis? Quoi qu'il en soit, Khady parle de cette entrevue sur son blog à elle d'une façon très touchante.

Enfin, Par le biais de Mohamed, j'ai également découvert que Ted organisait pour la première fois une conférence en Côte d'ivoire. Tous les internautes amateurs d'idées novatrices connaissent sans doute le site de Ted et les centaines de discours qu'il a en banque. Sinon, volez-y illico!

Plusieurs liens en somme, dans ce billet, plusieurs choses à lire mais "que du bonheur" pour tous les duraliens, indigènes du monde et nomades globaux, francophones et/ou africophiles qui utilisent le web pour socialiser!

Chaleureuses pensées,

Toun

Football for hope

Regions of Africa: Northern Africa Western Afr...Image via Wikipedia

Je viens de découvrir un projet intéressant: Twent Ten, qui a pour but de renforcer la capacité des journalistes et des médias africains à générer des productions reliées au football africain. "Twenty Ten aims to give African journalists a voice, both in Africa and worldwide, by offering them an opportunity to express their own views of African reality, as opposed to depending on foreign news organizations to report African news."

"Football for hope" de Jean-Pierre Kepseu a attiré mon attention et m'a fait pensé à l'impact du ballon rond comme facteur de rassemblement des populations en Afrique.
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Du rythme

“Life doesn’t’ stand still, it’s constantly moving. It has rhythm.
The word for rhythm (used by the Malinke tribes) in Malinke is FOLI.
It is a word that encompasses so much more than drumming and dancing.
It’s found in every part of daily life.
In this film you not only hear and feel rhythm but you see it.
It’s an extraordinary blend of image and sound that
feeds the senses and reminds us all
how essential it is.”



(re-blog de Carmen: All Eyes On...)

Le français progresse? Merci l'Afrique! (deux articles)

French west africa countriesImage via Wikipedia

Pour le moment, le nombre de personnes parlant le français dans le monde est estimé à 200 millions, ce qui en fait, quantitativement, la 9e langue parlée dans le monde.

Sur ces 200 millions, la moitié (96,2 millions) vit en Afrique et ce continent est, de loin, le principal réservoir de progression.

L'alphabétisation croissante des Africains et leur dynamisme démographique permettent d'envisager 700 millions de francophones dans le monde en 2050, selon les projections.

Cependant, cet essor programmé est fragile, car en Afrique le français est partout seconde langue: les enfants l'apprennent à l'école et non dans leurs familles. Un changement de politique au niveau de l'État peut réduire l'expansion du français.

Lire la suite ici

RÉGRESSION DANS LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES

La régression est aussi patente dans toutes les organisations internationales et sur leurs sites, même quand le français y est langue officielle ou langue de travail. Ainsi, constate Alexandre Wolff, responsable de l'Observatoire de l'OIF, seulement 15% des textes de la Commission européenne de Bruxelles sont émis initialement en français et servent ainsi de base de discussion avant traduction.

Dans les instances de l'ONU, à Genève, ajoute-t-il, 90% des textes sont d'abord rédigés en anglais. A toutes ces organisations ainsi qu'à certains de ses pays membres comptant relativement peu de francophones, l'OIF tente d'imposer un "vade-mecum", rappel à la diversité culturelle timidement suivi d'effet, souvent faute de moyens.

Dans ses projections, l'OIF anticipe que l'Afrique, où vivent déjà environ la moitié des francophones du monde, en regroupera en 2050 environ 85%, sur 715 millions de locuteurs, toujours en vertu de son dynamisme démographique. Et à condition que la scolarisation continue de progresser sur ce continent et que le français y demeure une langue enseignée (le Rwanda a, lui, opté pour l'anglais).

Lire la suite ici
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Saïdou Abatcha, conteur camerounais

Un peu de détente, à la saveur africaine...




(reblog de All Eyes On...)

Lettre à l'ami retrouvé

FriendsImage via Wikipedia(J'ai dû voir Carl* pour la dernière fois en 1996. Je l'ai retrouvé aujourd'hui, 24 octobre 2010, par le biais de la toile. Cependant, tout ce que je sais, c'est que Carl vit en France. J'aimerais en apprendre plus, mais il y a tellement de temps et d'espace entre nos deux vies. Voici la lettre que je lui ai écrite, un email en fait. Je n'y dis pas à quel point j'ai mal "à l'amitié" et à quel point je n'aime pas cette distance qui me sépare de mes amis. La distance et le temps. J'essaie de leur faire face du mieux que je peux...)

«Salut Carl,

Content de te retrouver ici. Actuaire? Profession intéressante. Est-elle aussi lucrative qu'on le dit?

Plutôt que de te dire ce que je fais ( va voir LinkedIn) ou de te parler de mes amis etc. ( retrouve-moi sur Facebook pour cela), j'aimerais te raconter ma journée. Ce dimanche, je me suis levé à 9h pour passer du temps avec les miens. Il fait beau en cette journée de fin d'octobre et j'ai hâte de sortir pour en profiter. Nous prenons un délicieux petit déjeuner, des omelettes et des tartines, et nous nous apprêtons aussi vite que nous pouvons.

Le campus de l'Université du Manitoba était un endroit où j'avais peur de me rendre, mais aujourd'hui je conduis sans problème. Les complications du trajet se sont effacées devant la passion de ce qui me mène vers le campus. Le chemin se déroule petit à petit, et je prends bien soin de conduire à la vitesse limite, celle que préfère ma famille. En route, nous rions de mes appréhensions du passé et de mon mauvais sens de l'orientation puis nous arrivons enfin à destination: le Centre Frank Kennedy, le nouveau gymnase de l'université. J'y rejoins sept autres personnes, membres d'un projet particulier, le "Projet 10", mon équipe de basket ball. Non, je n'ai pas arrêté de jouer.

Nous avons une heure d'avance et je peux m'échauffer tranquillement en jetant un coup d'oeil de temps en temps sur les deux équipes actuellement en lice: j'aimerais en apprendre plus sur les joueurs et conserver cette information en mémoire pour nos prochaines rencontres. Peu à peu, mes coéquipiers arrivent et se changent: Patrick, Muuxi, Kip, Ian, Josh, Brett et Kevin. C'est déjà le temps de s'échauffer.

17h37. Assis devant mon ordinateur, je me rappelle encore du match et je t'écris. Jouer au basket me permet de me sentir moins loin à Winnipeg où je fais de moins en moins d'activités qui "sont" moi. Le match s'est bien déroulé, nous en sommes sortis confiants et nous nous sommes bien amusés. Nous avons perdu de sept points, un progrès considérable, considérant qu'il y avait une différence de 37 points à la fin de notre premier match il y a cinq semaines. Équipe formée principalement d'"électrons libres", nous devions apprendre à nous connaître. Nous avons des styles de jeu très différents, de fortes individualités et des joueurs moyens. Nous nous améliorons donc.

Voilà ce que dont nous aurions parlé aujourd'hui si, ami, nous habitions la même ville. Mais ce n'est pas le cas et ce quotidien, je dois te l'écrire. Parle-moi de toi, Carl, et raconte-moi un bout de ce "au jour le jour" que je perds chaque jour parce que je suis loin de toi.

Amicalement,

Toun »

*Prénom fictif d'un ami réel.

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Croissance de la population 2- Autochtones

Un article du Times Colonist a attiré mon attention cette semaine. Si on parle des difficultés auxquelles font face les immigrants et si le nomade global que je suis est intrigué par l'accueil et l'intégration des migrants de ce monde et leur transition de « nomade » à « indigène », je me rends compte que la question des indigènes mêmes de ce pays, les « autochtones », n'est pas résolue. Ceux qui étaient là avant même ceux qui nous accueillent aujourd'hui, sont encore en mode revendication et ne sont vivent pas en paix. Habitant au Manitoba (la Terre de Manitou, "Manitou-ah-bé"), je suis encore plus directement témoin des problèmes de ce groupe ethnique : violence, alcoolisme, drogue, chômage et j'en passe.

Les autochtones sont encore considérés comme une minorité. Bientôt, il s'agira de majorité visible comme en témoignent les chiffres. Ils forment la plus grande proportion de la jeunesse canadienne, mais aussi la part de cette jeunesse la plus susceptible de ne pas compléter ses études. L'avenir du pays serait-il donc en danger? « If the future of a country is its youth, then Canada's future is increasingly aboriginal. Canada's aboriginal youth population is growing at three times the national average. »

Pour la suite: http://www.timescolonist.com/opinion/Canada+future+depends+aboriginal+youth/3630083/story.html?cid=megadrop_story#ixzz12DFvslZo

Croissance de la population 1- Minorités visibles

C-GDSP Air Canada 767-233ERImage by caribb via Flickr
À l'approche du recensement 2011, il est intéressant de se pencher sur les projections des chiffres de l'immigration et de voir combien de nomades globaux et de "duraliens", sont supposés avoir fait le voyage entre 2001 et 2017. Voici quelques faits saillants extraits d'une étude de Statistique Canada (1):

"• Selon les scénarios considérés pour les présentes projections, le Canada pourrait compter entre
6 313 000 et 8 530 000 personnes de minorités visibles en 2017. Il s’agirait d’une augmentation
de 56 % à 111 % par rapport à 2001, où leur nombre avait été estimé à environ 4 000 000.
• La population qui ne s’identifie pas à un groupe de minorités visibles devrait continuer de croître, mais à un rythme beaucoup plus lent que la population de minorités visibles (augmentation entre 1 % et 7 % entre 2001 et 2017).
• En 2017, environ un Canadien sur cinq (entre 19 % et 23 %) pourrait être de minorités visibles selon les scénarios des présentes projections. En 2001, ils étaient 13 % à s’identifier à l’un ou l’autre des groupes de minorités visibles définis par la Loi sur l’équité en matière d’emploi.
• Selon le scénario de référence, la population des immigrants pourrait compter 7 686 000 personnes en 2017. Les immigrants représenteraient ainsi 22,2 % de la population du Canada, soit l'équivalent du niveau le plus élevé à avoir été observé au vingtième siècle, à savoir 22 % environ entre 1911 et 1931. Les immigrants représentaient environ 18 % de la population du Canada en 2001."

Il est également intéressant de noter que cette immigration est plus jeune que la population actuelle. La même étude révèle que "Avec un âge médian de 35,5 ans, et malgré une tendance au vieillissement, la population de minorités visibles devrait demeurer plus jeune que le reste de la population (âge médian de 43,4 ans) en 2017."

Les questions d'intégration de ces nomades globaux devenus indigènes du Canada m'intriguent. J'attends vos commentaires.

(1) Source: Statistique Canada (2006) "Projections de la population des groupes de minorités visibles, Canada, provinces et régions 2001-2017"
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des inégalités sociales aux États-Unis

Rich and Poor Serving InequalityImage by epSos.de via Flickr

Il y a quelques heures le jeune père que je suis abordais la question du congé parental avec un ami qui vit aux États-Unis. Au Canada, il est possible pour les parents de partager jusqu’à un an de congé parental. La mère a l’exclusivité des 17 premières semaines tandis que le père peut partager autant des 35 semaines restantes avec elles. Aux USA, la mère a droit à six semaines de congé après l’accouchement. Nous n’étions pas sûrs des congés accordés au père. (Il faut noter que les grandes compagnies sont plus généreuses en termes de vacances annuelles accordées à leurs employés, de quatre à six semaines pour commencer, ce qui peut compenser. Mais combien de personnes travaillent-elles dans des grandes compagnies?)

Les auteurs d’un rapport intitulé « A Century Appart » qui parle du projet de développement humain américain concluent qu’il « est sans doute trop tard pour aider la génération qui vient d'arriver à l'âge adulte, mais (qu’) un débat s'impose à savoir combien de générations l'Amérique est prête à sacrifier.» Leur rapport souligne des faits aussi intrigants qu’intéressants :

  • 1 % des familles les plus riches possèdent un tiers de la richesse américaine et les 10 % les plus riches possèdent 71 % de la richesse;
  • à l'autre extrémité, 60 % des familles possèdent seulement 4 % de la richesse;
  • la mortalité infantile aux États-Unis est au même niveau qu'en Croatie, à Cuba, en Estonie et en Pologne;
  • Les hommes asiatiques vivent en moyenne 83,6 ans, alors que les Américains d'origine africaine vivent en moyenne 69,4 ans, soit 14 ans de moins. Il s'agit d'une espérance de vie plus basse qu'au Vietnam, qu'en Iran ou qu'en Syrie;
  • Environ 50% des Américains d'origine asiatique possède un diplôme universitaire, contre 30 % pour les Blancs, 17 % pour les Afro-Américains, 14 % pour les Autochtones, 12 % pour les hispanophones.

On parle souvent des disparités entre les pays et les continents, et on distingue même le « Nord » du « Sud » pour expliquer l’attrait qu’exercent certains pays sur les populations des autres. Pour une vision complète des questions de développement, il ne faut pas ignorer les disparités à l’intérieur des pays. Il faudrait aussi que la jeunesse des pays de l’hémisphère sud se rende compte que l’Amérique du Nord, destination de rêve pour tant d’immigrants, n’est pas l’eldorado que décrivent les publicités et les séries télévisées.

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Elle nous manquera...

Signature of Canadian Governor General Michael...Image via Wikipedia

Le mandat de Michaelle Jean s'est terminé vendredi dernier. La semaine prochaine, un nouveau Gouverneur General entamera ses fonctions, un mandat de cinq ans durant lequel l'un de ses défis sera de se montrer à la hauteur de ses prédécesseurs.

Je suis certain que son Excellence le très honorable David Johnston saura faire sa marque. Mais l'heure est aux adieux et aux hommages de la 27ème représentante de la Reine d'Angleterre au Canada, une femme remarquable dont un journaliste de la Presse canadienne a dit:

"Jean's office estimates that between Jan. 12, the date of the Haiti earthquake, and her departure this week, she received at least 166 interview requests from media outlets including international heavyweights like CNN, Al Jazeera, and the BBC.

She charmed the leaders of G8 powerhouses and failing states alike. Ghana's president once declared, during a toast at an official dinner, that his country had fallen in love. Newspaper columns in France and Africa were especially breathless, comparing her to figures like Nelson Mandela, Lady Diana, Pele and Muhammad Ali.

The celebratory scene of tens of thousands of Malians cheering alongside the highway for the arrival of Canada's first black Governor General could have rivalled any Stanley Cup parade."

Bien sûr, elle a eu une manière bien à elle de mener son mandat, comme cette façon particulière de gérer le temps qui a rendu fou ses aides et ses gardes du corps. Quoi qu'il en soit, Michaëlle Jean, l'humaniste passionnée et spontanée, le défenseur des causes oubliées ou presque perdues, son Excellence la très honorable Michaëlle Jean, la première GG noire du Canada aura su marquer son époque. Quoi qu'il en soit, elle nous manquera...

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