J'ai commencé à utiliser le vélo comme moyen de transport à Montréal il y a environ dix ans. Aujourd'hui à Ottawa, je suis ravi de la quantité de pistes cyclables qui traversent la ville. Mais j'ai fait, au risque de trop généraliser, un triste constat: "vélo" ne semble pas plus aller ensemble avec immigration que "randonnées pédestres", "hockey" ou "sorties en montagne".
Une chronique de La Presse préparée par Rima Elkouri a attiré mon attention ce matin. Il s'agit d'une histoire d'immigration, comme je les aime, qui, comme je les aime, nous fait rêver. Elle commence comme bien d'autres, dans le fonds: "Originaire de Dakar, au Sénégal, Papa Amadou a déposé sa valise pour la première fois à Montréal en 2003. Diplômé en médecine, il rêvait de faire de la neurochirurgie. Comme bien d'autres avant lui, il raconte s'être heurté à un mur, incapable de faire reconnaître ses diplômes. Pour gagner sa vie, il a dû se résigner à exercer différents petits boulots. Plongeur, exterminateur, courrier à vélo..."
Puis il y a le constat, similaire au mien: "C'est en sillonnant Montréal à vélo pour y livrer du courrier, été comme hiver, qu'il s'est rendu compte d'une chose: il était bien souvent le seul Noir à bicyclette. Dans les quartiers à forte concentration immigrante, que ce soit Côte-des-Neiges ou Parc-Extension, rares étaient les immigrés comme lui qui circulaient à vélo."
Papa Amadou pense à une solution et crée Caravane (http://www.velocaravane.org/) un vélo-école ambulant pour adultes. "la meilleure façon d'apprendre, vous dira Papa Amadou, ce n'est pas de mettre des petites roues à l'arrière. Il faut d'abord apprendre l'équilibre. Le mieux, c'est d'apprendre sans pédales. Une fois l'équilibre maîtrisé, on n'y pense plus. C'est alors le moment d'apprendre à pédaler.
La philosophie derrière tout cela: "C'est un peu comme immigrer, finalement. Retrouver son équilibre. Pédaler. Et finir par aimer ça."
(Photo: Alain Roberge, La Presse)
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