FoQ

J’ai récemment découvert Fisica o Quimica ("Physique ou chimie"), une série espagnole créée par Carlos Montero et diffusée entre février 2008 et juin 2011. Cette série en sept saisons qui traite de la vie de professeurs et d'élèves du Lycée Zurbaran à Madrid, a même battu les records d'audience de la série Les Experts (CSI). Je l'ai découverte sur Tou.tv et j'ai adoré les deux premières saisons. La bande sonore de chaque épisode est unique et les chansons sont choisies en fonction du sujet traité. 

Irène et Blanche, professeurs au coeur tendre et Ruth, César, Jules, Lola et Fred m'ont fait craqué et m'ont ému pendant des heures. FoQ m'a d'une part fait revivre mes souvenirs d'adolescents et des moments forts de mes années lycée: les amours, la poésie, le sport, les amitiés, les trahisons, la quête d'identité. D'autre part, j'ai redécouvert ma passion pour l'Espagne et la langue de Cervantes en écoutant de larges extraits en version originale. Enfin, les sujets difficiles que sont le racisme et l'homosexualité y sont franchement abordés. 


"La mitad de lo / que hemos vivido / hace mas ruido / que el ruido de un canon"
"La moitié de ce que nous avons vécu fait plus de bruit que celui d'un canon" (trad. libre)

Panorama des leaders africains

En passant sur un des mes sites préférés, Je Wanda Magazine, je suis tombé sur une série intéressante: le panorama des leaders africains. Deux articles et les personnes qui y sont décrites ont attiré mon attention. Il s'agit d'Ory Okolloh, activiste et juriste kenyane que j'avais déjà vu sur TED (voir ci-bas) et de Herman Chinery-Hesse, homme d'affaires ghanéen pour qui les technologies de l'information constituent une opportunité à ne pas manquer pour le développement de l'Afrique. "La technologie constitue pour l’Afrique le seul moyen de devenir riche. Nous ne sommes pas dotés d’une infrastructure appropriée et nous ne pouvons pas rivaliser en ce qui concerne la production… Mais si vous m’asseyez devant un ordinateur personnel et que vous me demandez de créer un logiciel pour un client chinois, je peux affronter pied à pied quiconque qui s’essaie à la même chose aux États-Unis d’Amérique".





Migration, communautés et préjugés

Une des choses les plus difficiles quand on migre, c'est de quitter une communauté (famille, amis, collègues, voisins, etc.) et d'en intégrer une nouvelle. À cause de notre rythme de vie, de la technologie et de la globalisation, cette communauté est également virtuelle et peut nous suivre partout. Paradoxalement, une migration géographique, je le découvre, peut également avoir un impact sur la communauté virtuelle et la combinaison du temps qui passe et de la distance qui change affecte le genre de personnes avec qui on est/ reste en contact. J'en reparlerai. Cette histoire-ci est une histoire de voisinage, de communauté et de stéréotypes.

Vendredi 13 janvier, 18h45. Je rentre du travail après une journée éreintante. Il fait froid mais surtout, il a neigé pendant des heures et ce, depuis la veille. Ce soir, un banc de neige de quinze à vingt centimètres d'épaisseur m'accueille à l'entré de la maison. Il va falloir que je m'échine à déneiger très rapidement, avant que la neige ne durcisse et ne s'alourdisse. Au moment de prendre mon manteau pour retourner dehors, j'entends un bruit de moteur. Un de mes voisins est en train de passer la souffleuse dans mon allée! Agréablement surpris, je viens lui prêter main forte avec ma pelle et en cinq minutes nous achevons un travail que j'aurais fait en une ou deux heures.

En passant devant la maison d'autres voisins que je ne connais pas encore, j'aperçois une femme qui tente de pelleter toute cette neige. Elle ne paie pas de mine devant l'énorme tapis blanc qui orne son entrée et c'est sans hésiter que je vais chercher ma pelle pour l'aider en attendant que son mari n'arrive. Il rentre et tous les trois finissons le travail en devisant joyeusement au sujet de notre employeur commun, la commission de la fonction publique. Il n'en faut pas plus: samedi soir, ils viennent, avec une autre famille voisine et amie, manger à la maison et c'est, je crois, le début d'une belle amitié.

Autour d'une bouteille de vin, d'un bon repas, d'un thé glacé et de quelques bières, les langues se délient. J'apprend alors la surprise de mon voisin quand en rentrant, il m'a trouvé en train de déneiger son entrée. Il a beaucoup voyagé entre autres en Afrique, sait situer mon pays d'origine sur la carte et connais un de mes pays d'adoption, le Cameroun. Il a étudié et travaille avec des africains et, anthropologue en herbe, connais notre aversion naturelle pour le froid et la neige. À l'université Laval où il en a rencontré plusieurs, il a appris que l'objectif de la plupart des africains était bien souvent de retourner dans leurs pays d'origine après l'obtention de leurs diplômes et que le climat y en était pour beaucoup.

Lorsque la question de mes origines m'est posée, je tente de l'esquiver. Mon identité est enracinée dans trop de lieux géographiques pour qu'un seul pays la définisse. Quand on insiste, je sais alors qu'on essaie de comprendre quelque chose à mon sujet. Comme l'écrivain Elif Shafak, je n'aime pas les étiquettes. Cependant selon mon degré de fatigue, j'abandonne et raconte mon histoire ou je résiste et je la fais oublier. Mon voisin m'a poliment questionné sur mes origines, histoire de faire connaissance. Cette fois-ci, vu les circonstances, c'est sans réfléchir que j'ai répondu à ses questions. Il tentait en fait de comprendre ce qu'africain, je faisais dehors par un temps pareil. Quand je lui ai indiqué que j'avais vécu plusieurs années au Manitoba il a semblé soulagé. En lui expliquant mon intérêt pour l'hiver, le rythme des saisons et le froid, sans que je m'en aperçoive, je le rassurais.

Mon voisin et moi avons plusieurs points en commun: le goût du voyage et de la bande dessinée, et bien sûr le même employeur et la même rue. Comme tout le monde, nous avons également des préjugés. J'ai également découvert que mon voisin est curieux, a la capacité de remettre en question sa perception des choses et de rire de lui-même. Au-delà de toutes nos ressemblances c'est celle-là que j'aime le plus. En ayant l'humilité de m'avouer ses préjugés et le courage de les changer, mon voisin m'a rappelé l'importance de toujours pouvoir le faire.

Afrique, chère Afrique




Je viens de lire ce billet sur le blog Travelling Light.

C'est un bel hommage à l'Afrique, très poétique.

Très touchant aussi.