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Jeudi en fin de journée, j'ai entendu parler à la radio des élections en Algérie. Les commentateurs utilisaient un terme qui m'a amusé: "démocrature" ou "dictature déguisée en démocratie." J'ai fait quelques recherches et je suis tombé sur cet article qui parle du changement constitutionnel opéré par le président algérien en 13 jours. Un record dans le monde: aucune constitution n'a jamais été changée aussi rapidement, disaient-ils! Abdelaziz Bouteflika (Bouteflika 1er), deviendrait-il Roi d'Algérie?Comble des paradoxes, ce même président fait mener une campagne monstre dans son pays. Non pas pour que les gens votent pour lui, non, ça c'est acquis, mais pour qu'ils aillent voter, tout simplement. Car, selon lui, un président qui n'est pas élu avec une écrasante majorité n'est pas un président. Les deniers publics ont donc, entre autres, servi à faire des appels sur les téléphones personnels de chaque citoyen afin de les exhorter à "aller accomplir (leur) devoir citoyen." Résultat: il est élu avec 74% des voix en 1999 sans aucune concurrence, 85% des voix en 2004 et aujourd'hui, 90,24% des voix. Une popularité qui paraît un peu trop "démocratique". Dans cinq ans, maintenant qu'il peut être président à vie, il atteindra sans doute les 100%.
Chez Bouteflika comme chez certains hommes d'état de sa génération cités par cet article, il y a vraiment quelque chose de troublant entre le désir de "reconnaissance populaire", réelle ou factice (aussi appelée démocratie ou le "pouvoir aux mains du peuple" par définition) d'une part, et le désir celui de contrôle absolu de ce même pouvoir (dictature ou le "pouvoir aux mains d'un seul homme", par définition). Comment ces deux extrêmes sont-ils conciliables?
Les libertés individuelles n'étant pas garanties dans une dictature, elle s'oppose à la démocratie. Elle doit donc s'imposer et se maintenir par la force en s'appuyant sur l'armée, sur une milice, sur un parti, sur une caste ou sur un groupe religieux ou social (toupie.org). Dans ce cas, Bouteflika s'appuie sur le pouvoir tripartite qui le soutient. Ce vote a donc scéllé le début d'une "démocrature" et renforce cette conclusion de l'article:
"Pour le politologue algérien Abed Charef, la révision constitutionnelle "confirme, aux yeux du citoyens, que la loi n'est pas faite pour tous: les puissants font la loi, la changent, quand elle ne les arrange pas, les plus faibles subissent la loi.""
Mais, n'en a-t-il pas toujours été ainsi? Existe-t-il aujourd'hui de vraie démocratie qui ne soit pas simplement une mascarade de dictature?
http://www.lepoint.fr/actualites/2008-11-12/le-parlement-algerien-leve-la-limite-des-mandats-presidentiels/1037/0/290849
1 commentaire:
Drôle de concept que la "Démocra-ture" ! Cela me fait penser au concept de "Dictateur bienveillant" dans les modèles de choix publics en économie:
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues-collections/problemes-economiques/theories/epistemologie.shtml
Je pense que la démocratie est un processus long et complexe. Certains pays sont plus démocratiques que d'autres car ils sont dotés de meilleures institutions, mais des démocraties parfaites, à mon avis cela n'existera jamais. Les plus puissants dans une société trouveront toujours le moyen d'imposer leurs lois aux autres. Les institutions servent à limiter leur pouvoir mais je ne pourrai pas dire jusqu'à point elles y arrivent. Vu la crise actuelle aux États-Unis par exemple, il y a encore du travail à faire.
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