En direct d'Ottawa


L'évènement décrit dans cet article et qui a eu lieu sur le campus de l'université d'Ottawa aujourd'hui attire l'attention de défenseurs des droits de l'homme ainsi que d'activistes de tous bords. Il interpelle également notre perception et notre compréhension du droit de la parole et de ses limites au Canada et dans d'autres pays. Certes, un citoyen peut s'exprimer librement au Canada, mais chaque droit s'accompagnedu devoir de respecter l'opinion de l'autre.

Les étudiants se sont mobilisés en masse pour empêcher Anne Coulter de faire sa présentation et de débattre. Autant elle en a le droit, autant leur mobilisation est une forme d'expression à laquelle il faut prêter attention. Coulter trouve désormais le Canada peu accueillant, traite la liberté de parole ici de "vieillote" et qualifie nos universités de "bush league schools" par opposition aux "Ivy League Schools" américaines ou elle a pu propager son discours, multiplier ses adeptes et s'enrichir. "Ceci n'est jamais arrivé, même dans les universités américaines les plus stupides" ajoute-t-elle, reconnaissant qu'il y a des universités stupides aux USA et qu'elle y est quand-même allée faire des présentations. Cela ne veut-il pas dire que sur ces campus, et sur tous ceux où elle est allée, personne n'a eu le courage de lui couper l'herbe sous les pieds? Enfin, Coulter est remarquable par son manque de sensibilité interculturelle et par la mauvaise interprétation qu'elle fait du message qui lui ait envoyé par le Vice-président et vice-recteur de l'université, François Houle en guise d'avertissement: "La liberté d'expression est interprétée différemment au Canada et aux États Unis et vous devrez prendre garde de ne pas franchir la ligne."

Mais comment peut-on débattre d'idées dans un cadre universitaire avec une activiste qui pour toute réponse à la question: "Quel moyen de transport croyez-vous que les musulmans devraient utiliser si, comme vous le suggériez, ils sont privés de prendre l'avion et qu'ils n'ont pas, de sucroît, de tapis volant?" répond "Ils ont des chameaux!"

Cependant, comme l'indique l'étudiant Faris Lehn, un débat aurait été bienvenu ne serait-ce que pour montrer à Coulter qu'elle a tort sur plusieurs points. Le problème c'est que les arguments qu'elle utilise n'incitent pas à débattre, mais à se battre.

‘It’s always the bush league schools,’ Coulter contends
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"La tirade du nez" Extrait de Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand

Cover of "Cyrano de Bergerac"Cover of Cyrano de Bergerac

C'est un clin d'oeil à une de mes passions que je vous fais partager... Toun

Acte 1, scène IV

CYRANO, imperturbable.
C'est tout ?...

LE VICOMTE
Mais...

CYRANO
Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... Oh! Dieu!... bien des choses en somme.
En variant le ton,-par exemple, tenez:
Agressif: " Moi, Monsieur, si j'avais un tel nez,
Il faudrait sur-le-champ que je me l'amputasse ! "
Amical: " Mais il doit tremper dans votre tasse !
Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap! "
Descriptif: " C'est un roc ! . .. c'est un pic ! . . . c'est un cap !
Que dis-je, c'est un cap ?. .. C'est une péninsule ! "
Curieux: " De quoi sert cette oblongue capsule ?
D'écritoire, Monsieur, ou de boite à ciseaux ? "
Gracieux: " Aimez-vous à ce point les oiseaux
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? "
Truculent: " Ça, Monsieur, lorsque vous pétunez,
La vapeur du tabac vous sort-elle du nez
Sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée ? "
Prévenant: " Gardez-vous, votre tête entrainée
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! "
Tendre: " Faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! "
Pédant: " L'animal seul, Monsieur, qu'Aristophane
Appelle Hippocampelephantocamelos
Dût avoir sous le front tant de chair sur tant d'os ! "
Cavalier: " Quoi, I'ami, ce croc est à la mode ?
Pour pendre son chapeau, c'est vraiment très commode! " ,
Emphatique: " Aucun vent ne peut, nez magistral,
T'enrhumer tout entier, excepté le mistral ! "
Dramatique: " C'est la Mer Rouge quand il saigne ! "
Admiratif: " Pour un parfumeur, quelle enseigne ! "
Lyrique: " Est-ce une conque, êtes-vous un triton ? "
Naïf: " Ce monument, quand le visite-t-on ? "
Respectueux: " Souffrez, Monsieur, qu'on vous salue,
C'est là ce qui s'appelle avoir pignon sur rue! "
Campagnard: " He, arde ! C'est-y un nez ? Nanain !
C'est queuqu'navet géant ou ben queuqu'melon nain ! "
Militaire: " Pointez contre cavalerie ! "
Pratique: " Voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, Monsieur, ce sera le gros lot! "
Enfin, parodiant Pyrame en un sanglot:
" Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l'harmonie! Il en rougit, le traître! "
- Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit:
Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n'avez que les trois qui forment le mot: sot!
Eussiez-vous eu, d'ailleurs, I'invention qu'il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n'en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d'une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve
Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve.

DE GUICHE, voulant emmener le vicomte pétrifié.
Vicomte, laissez donc !

LE VICOMTE, suffoqué.
Ces grands airs arrogants !
Un hobereau qui... qui... n'a même pas de gants !
Et qui sort sans rubans, sans bouffettes, sans ganses !
...


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Le nouveau visage du Canada


La diversité de la population canadienne continuera d'augmenter d'ici 2031. C'est ce que conclut la nouvelle étude de Statistique Canada sur l'avenir de notre société : Le nouveau visage du pays, horizon 2030.

L'étude prédit aussi que 96 % des personnes appartenant à des groupes de minorités visibles habiteront dans les grands centres urbains. Est-ce que le clivage entre les grandes villes et les régions risque de se creuser davantage?

J
acques Beauchemin, directeur au département de sociologie de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et ancien membre du Comité-conseil de la Commission Bouchard-Taylor, commente cette étude. Lire la suite http://www.radio-canada.ca/emissions/desautels/2009-2010/chronique.asp?idChronique=105722

L'entrevue avec Jacques Beauchemin, sociologue

http://www.radio-canada.ca/emissions/desautels/2009-2010/archives.asp?date=2010-03-09

Étude : Projections de la diversité de la population canadienne

2006 à 2031

Quel que soit le scénario de croissance examiné, la diversité de la population du Canada continuera de s'accroître de façon importante au cours des deux prochaines décennies, particulièrement au sein de certaines régions métropolitaines de recensement, selon de nouvelles projections de la composition ethnoculturelle du pays.

En 2031, entre 25 % et 28 % de la population pourrait être née à l'étranger, ce qui dépasserait la proportion de 22 % observée entre 1911 et 1931, la plus élevée au cours du XXe siècle. Environ 55 % de cette population serait née en Asie.

Entre 29 % et 32 % de la population appartiendrait à un groupe de minorités visibles, selon la définition qu'en donne la Loi sur l'équité en matière d'emploi. Cette proportion serait près de deux fois plus élevée que celle observée au Recensement de 2006. La population de minorités visibles devrait s'accroître rapidement au sein de la population née au Canada, plusieurs parmi cette dernière étant des enfants et petits-enfants d'immigrants.

La vaste majorité (96 %) des personnes appartenant à un groupe de minorités visibles continuerait d'habiter l'une des 33 régions métropolitaines de recensement. En 2031, selon le scénario de référence, les groupes de minorités visibles représenteraient 63 % de la population de Toronto, 59 % de celle de Vancouver et 31 % de celle de Montréal. En revanche, ils constitueraient au plus 5 % de la population de St. John's, du Grand Sudbury, de Trois-Rivières, de Québec ou de Saguenay.

Population née à l'étranger

D'ici 2031, la population du Canada née à l'étranger pourrait augmenter environ quatre fois plus rapidement que le reste de la population. La population née à l'étranger atteindrait entre 9,8 millions de personnes et 12,5 millions de personnes, selon les hypothèses d'immigration retenues.

Le pourcentage de personnes nées à l'étranger dans la population totale passerait de 20 % en 2006 à un niveau se situant entre 25 % et 28 %.

En 2031, près de la moitié (46 %) des Canadiens de 15 ans et plus seraient nés à l'étranger ou auraient au moins un parent né à l'étranger. En 2006, ce pourcentage s'établissait à 39 %.

Population née au Canada

Quelle que soit l'immigration à venir, la diversité de la population née au Canada devrait continuer de s'accroître. En 2031, selon le scénario de référence, 47 % des Canadiens de deuxième génération appartiendraient à un groupe de minorités visibles, ce qui est presque deux fois le pourcentage (24 %) enregistré en 2006. On entend par deuxième génération les personnes nées au Canada dont au moins un parent est né à l'extérieur du Canada.


web: http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/100309/dq100309a-fra.htm

Démantèlement de l’empire militaire et financier américain

Michael Hudson est un économiste spécialisé dans le domaine de la balance des paiements. Il a été le conseiller économique en chef du candidat Démocrate à la présidentielle Dennis Kucinich. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont : « Super Imperialism : The Economic Strategy of American Empire »

USA MAPImage by Don Hankins via Flickr

Dans la série des articles sur la dé-dollarisation en voici un autre, dont je présente ici quelques extraits. L'auteur cite de nombreux autres sources et articles. Je vous invite à le lire.



"« Le système unipolaire maintenu artificiellement » dont a parlé M. Medvedev [2], est fondé sur « un seul grand centre de consommation, financé par un déficit croissant, et donc de plus en plus de dettes, une monnaie de réserve jadis forte et une domination dans le système de l’évaluation des actifs et des risques. » A la racine de la crise financière mondiale, a t-il conclu, il y a le fait que les États-Unis produisent trop peu et dépensent trop. Leurs dépenses militaires sont particulièrement choquantes, comme par exemple le renforcement de l’aide militaire américaine à la Géorgie annoncé la semaine dernière, le bouclier de l’OTAN en Europe de l’Est, et la mainmise des États-Unis dans les régions riches en pétrole comme le Moyen-Orient et l’Asie centrale.
(...)

En plus d’éviter de financer la prise de contrôle par les États-Unis de leur propre industrie et l’encerclement militaire américain de la planète, la Chine, la Russie et d’autres pays voudraient certainement se développer comme l’Amérique l’a fait. En fait, ils considèrent les États-Unis comme une nation hors-la-loi, financièrement et militairement. Comment caractériser autrement une nation qui promulgue un ensemble de lois pour les autres - sur la guerre, le remboursement de la dette et le traitement des détenus - mais n’en tient pas compte elle-même ? Les États-Unis sont maintenant le plus grand débiteur mais ont évité la punition des « ajustements structurels » imposés à d’autres pays endettés. Les taux d’intérêt US et les réductions d’impôt, alors les déficits commerciaux et budgétaires explosent, sont considérés comme le comble de l’hypocrisie, lorsqu’ils sont comparés à l’austérité que les programmes de Washington imposent aux autres pays par le biais du FMI et des officines de Washington.

Les États-Unis demandent aux pays endettés de vendre leurs services publics et leurs ressources naturelles, d’augmenter leurs taux d’intérêts et d’augmenter les impôts au détriment de la paix sociale pour dégager un maximum d’argent et payer les créanciers.

Et aux USA, le Congrès a empêché la société Chinoise CNOOK d’acheter Unocal pour des raisons de sécurité nationale, tout comme il a empêché Dubaï d’acquérir des exploitations portuaires américaines et empêché des fonds souverains d’acheter des infrastructures clés. Les étrangers sont invités à imiter les japonais qui avaient investi dans des « éléphants blancs » comme le Rockfeller Center, sur lequel les investisseurs ont rapidement perdu un milliard de dollars puis ont fini par se retirer.

(...)

Les étrangers voient le FMI, la Banque mondiale et l’Organisation Mondiale du Commerce comme les représentants de Washington dans un système financier soutenu par les bases militaires américaines et les porte-avions qui entourent la planète. Mais cette domination militaire est un vestige d’un empire américain qui n’est plus en mesure de régner par sa force économique. La puissance militaire américaine est basée davantage sur des armes atomiques et les frappes aériennes à longue distance que sur les opérations au sol, qu’il est devenu politiquement trop impopulaire de monter sur une grande échelle.

Sur le front économique, on ne voit pas comment les États-Unis pourraient trouver les 4 000 milliards de dollars qu’ils doivent aux gouvernements étrangers, à leurs banques centrales et aux fonds souverains mis en place pour écluser la surabondance de dollars. L’Amérique est devenue un mauvais payeur et de fait, une mauvais payeur agressif sur le plan militaire, car elle cherche à conserver le pouvoir sans pareil jadis gagné sur le plan économique. La question qui se pose est de savoir comment peser sur son comportement. Yu Yongding, un ancien conseiller de la banque centrale de Chine désormais membre de l’Académie des Sciences chinoise, a proposé de faire remarquer au secrétaire américain au Trésor Tim Geithner que les États-Unis devraient « épargner » d’abord et avant tout en pratiquant une réduction de leur budget militaire. « Les recettes fiscales des Etats-Unis ne sont pas susceptibles d’augmenter à court terme en raison de la faible croissance économique, de la rigidité des dépenses et du coût de mener deux guerres. » [6] "

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«Nous ne sommes plus disposés à financer vos guerres»

Durant une conférence présentée lors d'un congrès consacré au thème «Souveraineté du peuple ou impérialisme – Qu’est-ce que la démocratie authentique?» (4–6 septembre 2009, Feldkirch/Vorarlberg) Jochen Scholz discute du fait que "La Chine demande l’abandon du dollar comme monnaie de référence", de la fragilité de l'économie américaine et de la réaction de l'europe, et élabore sur le concept de l'atlantisme.

"Le monde refuse de suivre les Etats qui se sont autoproclamés leaders

Le monde extérieur aux 950 millions d’habitants de l’«Occident»21 s’est réveillé. Il n’accepte plus une division durable de l’économie mondiale entre riches et pauvres, entre profiteurs et mendiants, ces derniers devant continuer à mettre leurs ressources à la disposition du style de vie luxueux des Etats qui se sont proclamés leaders et à leur obéir. La nou­velle assurance des 5,8 milliards d’habitants des pays émergents ou en développement se manifeste également en Afrique. L’Union africaine, forte de ses 53 membres, refuse la collaboration avec la Cour pénale internationale dans le cas du mandat d’arrêt lancé contre le Président du Sud-Soudan. Plus de 40 Etats africains préfèrent collaborer avec la Chine parce qu’elle ne leur impose pas les «conditionnalités»22 déshonorantes que le FMI impose à ses emprunteurs au profit du capital financier occidental. Le fait que la Bundeszentrale für politische Bildung organise un débat public dans le cadre d’un cycle de conférences sur la Chine intitulé «L’engagement de la Chine en Afrique: une relation immorale»23 montre l’orgueil de la pensée occidentale, orgueil qui s’est développé en 450 ans d’oppression coloniale et 250 ans d’exploitation capitaliste. L’orgueil précède la chute, dit un proverbe. La vie punit celui qui arrive trop tard, a déclaré le dernier Secrétaire général du Parti communiste d’Union soviétique."

Ce paragraphe est suivi d'un paragraphe sur "l'arrogance jusqu'au bout" des États Unis: "Paul Craig Roberts, ministre des Finances adjoint sous le Président Reagan et ancien chroniqueur du Wall Street Journal, a posé récemment, à propos de son pays, la question suivante: «Quelle économie? Il ne reste plus rien qui puisse s’améliorer. En raison des délocalisations outremer et de l’idéologie du libre échange, la production écono­mique américaine n’existe plus.»28 Sur la politique économique pratiquée jusqu’ici par les gouvernements Bush et Obama, il est impitoyable: «Aucune des mesures prises n’est de nature à résoudre les vrais problèmes.» Et à propos des déficits: «Il n’existe qu’un moyen de les financer: imprimer de la monnaie.»"

Je vous invite à le lire: http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=2090