Carnets de voyage: Khalid Loda



Être de retour sur un campus universitaire permet d’assister à des évènements intéressants. Je fais des rencontres enrichissantes et j’en apprends beaucoup. C’est ce qui est arrivé le 18 novembre dernier, lors de la semaine de l’éducation internationale. Durant une présentation intitulée « Promouvoir la citoyenneté mondiale », un de mes collègues étudiant à la maîtrise en administration publique, Khalid Loda, a parlé de son parcours d’étudiant au Maroc, en Angola, aux États-Unis et au Canada à la Rotonde de l’Institut français de l’Université de Regina.




D'abord dubitatif, j’ai très vite compris que l’histoire de Khalid avait quelque chose de différent de la mienne et que je gagnerai beaucoup à l’écouter. Bien que nomade global comme lui, plusieurs aspects de nos parcours sont distincts et sa narration m’a même permis de me réconcilier avec une partie de mon histoire. Les notes que j’ai prises n’ont tenu que sur deux petites pages de mon carnet, les voici. J’aimerais tout particulièrement les partager avec les duraliens et duraliennes qui depuis environ un an, me permettent de mieux comprendre, d’accepter et d’embrasser les conséquences de nos migrations. (DURALA veut dire « D’Une Rive À L’Autre. » C’est une émission de radio et un concept décrivant les membres de la diaspora afro caribéenne, inventé par Khady Beye, que j’ai rencontrée par l’intermédiaire de Ndack Kane (blog: Comprendre et agir.) Les deux gagnent à être écoutée –pour l’une, et lue –pour l’autre.)




Khalid est un sympathique jeune homme de 30 ans. A trois ans, il quitte le Maroc pour l’Angola. Papa, qui a également vécu au Moyen-Orient, a choisit de quitter le Maroc de la fin des années 70. Il est conseiller en affaires dans le domaine de l’énergie. Khalid qui va étudier à l’école française, va y vivre avec sa famille jusqu’à ce que la guerre civile ne le permette plus. Il retourne alors au Maroc à l’âge de 12 ans et va y passer les huit années suivantes. Puis, de 1998 à 2006, il va vivre à sa façon le « rêve américain », jouer au basket dans une ligue mineure et poursuivre ses études, avant de retourner sur sa terre natale. Frustré par les difficultés d’intégration qu’il vit, Khalid revient vers l’Amérique et choisit cette fois de s’installer au Canada. Regina semble pour lui l’endroit rêvé car elle est située dans une province dont le coût de la vie abordable et la situation géographique lui permettent de poursuivre ses études universitaires et de rester proche de son frère resté au Dakota du Nord.




A cause de l’âge qu’il avait et de la durée de son séjour dans chaque pays, Khalid a profondément ressenti les défis de ses migrations. Il a également eu le loisir de les analyser et c’est avec acuité qu’il a guidé nos regards sur son cheminement. En Angola, il a appris la langue et vécu les frayeurs d’un conflit lié à la guerre froide. De retour au Maroc, il a dû apprendre la langue, les meurs et la culture d’un pays natal qu’il n’a jamais vraiment connu. L’abondance des denrées et la société de consommation de masse l’interpellent, lui qui a vécu les rationnements et les pénuries que provoquent les conflits armés. Aux États-unis, c’est un nouveau choc culturel; il faut composer non pas seulement avec l’apprentissage d’une nouvelle langue, mais aussi avec le racisme des noirs américains dont l’attitude change quand ils apprennent que le Maroc ne se trouve en pas en Amérique Latine mais sur le continent… noir! Par contre, l’attitude ouverte des canadiens le laisse d’abord incrédule : multiculturalisme et tolérance? Il faut le vivre pour le croire.




À travers ses pérégrinations, Khalid a su « garder » son identité qu’il porte dans son cœur. Elle l’a aidé, dit-il, à traverser avec succès ces différentes expériences. Khalid est d’abord et avant tout musulman et a toujours tenu à respecter les préceptes de l’Islam, quel que soit le pays ou les conditions dans lesquels il a vécu. Marié depuis peu à une femme norvégienne d’origine marocaine, Khalid répond en souriant à la question d’un étudiant curieux de savoir s’il repartirait vers un autre pays : « pourquoi pas? On verra bien… Ma femme me dit que je peux vivre et travailler en Norvège vu que je parle anglais et elle a envie d’y retourner… » Pour les conjoints de Khalid et des nomades globaux, l’adage « Qui prend mari, prend pays » n’a vraiment pas lieu d’être.

Cérémonie de bénédiction et remise du nouveau drapeau royal de la marine canadienne


Governor General of Canada, Michaëlle Jean in ...Image via Wikipedia












Un poignant discours de Michaëlle Jean, Gouverneure Générale du Canada.

Dans ce discours prononcé à Halifax, en Nouvelle Écosse, La GG dit "Permettez-moi de commencer en vous faisant une confidence. J'ai grandi sous le joug d'une dictature sans merci, où l'uniforme militaire était associé à la répression brutale. "

http://www.gg.ca/document.aspx?id=13181&lan=fra





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Carnets de voyage: la Fransaskoisie

J'ai eu le plaisir de rencontrer Denis Desgagné, directeur général de l'Assemblée communautaire fransaskoise lors d'une réunion du RICLOS, le Réseau interministériel des coordonateurs de langue officielle de la Saskatchewan. Ma réponse à sa question "Penses-tu déménager en Saskatchewan?", une grimace, lui a fait tourner la tête de déception; c'est sans doute une réaction qu'il voit souvent, mais pour d’autres raisons. J'ai offert à Denis de prendre le temps de lui répondre ici. Voici.

Denis, actuellement, je suis installé et je vis au Manitoba où je suis heureux. J'ai d’abord fait la grimace parce que j'aurais volontiers considéré la Saskatchewan comme province d'accueil si j'en cherchais une. C'était plus par hésitation que parce que je vis de mauvaises expériences à Régina ou en Saskatchewan.

Bien sûr, il y a d'abord eu ces douloureuses premières semaines pendant lesquelles le choc de la petite taille de la ville de Regina a suivi celui de la difficulté de se faire des amis. L'atterrissage dans une nouvelle ville n'est pas toujours facile quand on n'y connait personne. J'ai d’abord trouvé les gens froids et distants ici. Mes tentatives infructueuses d’établir le contact m’ont fait réalisé qu'il me fallait simplement changer d'approche et me tourner vers des gens avec qui j'ai des points en commun: étudiants en sciences sociales, amateurs de poésie et de musique, écrivaillons en tout genre et surtout… francophones. Il n'y en a que 1,59% dont la première langue parlée est le français (2006) dans la province, mais j’ai réussi à les trouver! J’ai rencontré les jeunes employés de l’Institut français.

Mon expérience a alors changé du tout au tout et j'ai commencé à me sentir confortable. J'ai eu le plaisir d'assister à des soirées, de danser et de "socialiser" plus que je l'aurai imaginé. Enfin, cette rencontre avec des professionnels de cinq ministères différents a scellé mes impressions de Régina. C’est une petite ville, certes. Sur le plan économique, la structure des taxes d’entreprise est telle qu’elle empêche les grandes entreprises de s’installer ici et qu’elle fait l’apogée des PME. Ces derniers sont appelés les « moteurs » de l’économie. C’est une vie sociale de proximité, je peux d’où je vis « Walk to Work », marcher pour aller au travail, au supermarché, au restaurant et à l’université. Je peux même, avec du courage et de l’organisation, aller à pied chercher quelqu’un à l’aéroport (et revenir en taxi, bien sûr!) J’aime également les petits cafés, les magasins « du coin », où petit à petit les saluts timides se sont mués en longues conversations. J’aime bien les restaurateurs dont je fréquente les établissements, mes collègues francophones et mes amis employés de l’Institut français. J’ai découvert avec bonheur que le mot d’ordre des gens d’ici est l’inclusion et que les francophones, si peu nombreux qu’ils soient, sont passés d’un désir de revendication à un désir de valorisation. Comme l’a dit Gérard Bouchard (Commission Bouchard-Taylor de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles) lors de son passage à Régina, c’est le Québec qui a à apprendre des fransaskois et pas l’inverse. (J’ajouterai que le Manitoba, dont la commission scolaire francophone rejette encore les enfants de familles exogames, en a tout autant à apprendre.)

C’est simplement que je suis un nomade et que cet automne a été une autre escapade montée de toutes pièces : j’ai trouvé deux ou trois bonnes raisons académiques et professionnelles de venir vous rencontrer, fransaskois et reginois, de venir apprendre ce que vous « mangez en hiver », ce qui vous fait vibrer. J’ai voulu découvrir les avenues Dewdney et Victoria, l’Université de Régina et l’hôtel de ville, le centre-ville et les bureaux de mon employeur, Statistique Canada. J’ai voulu voir ce qu’il y a en commun et ce qu’il y a de différent entre nos deux villes, nos deux provinces, histoire de pouvoir offrir des arguments solides à ceux qui ne comprennent pourquoi vous aimez tant votre coin de pays. Je suis devenu un défenseur et un promoteur de la vie en Saskatchewan, province en majorité anglophone et rurale et c’est le peu que j’ai compris que j’emporte avec moi, ami Denis. Si je ne peux rester, c’est simplement que je suis un nomade…

CBC: Le Canada aura t-il jamais un Premier ministre noir (will Canada ever have a black Prime Minister)?


Radio-Canada lance un débat intéressant sur la présence des minorités visibles et en particulier des noirs dans le monde politique au Canada. Une seule noire à la Chambre des communes -Marlene Jennings- sur 304, pour une population dont 2.5% de la population (sept sièges, en proportion)
est noire.

CBC has posted the Black PM segment here. The interesting intervention is that of the professor who acknowledges that we don't talk about our problems here in Canada and that we pretend to be multicultural. Please look and let me know what you think:

http://www.cbc.ca/thenational/indepthanalysis/wendymesley/