Carnets de voyage: Regina - suite et fin


Je suis rentré mercredi dernier, avec armes et bagages. Parti seul, je suis revenu avec ma femme et... ma fille, un petit bout d'ange qui nous a été confié par Dieu et le Grand Balancier de la Vie il y a 17 jours. J'avais le sentiment de les retenir en otage avec mes cours et mes examens, alors dès que j'ai achevé le dernier, nous avons pris la route. Le trajet n'a duré que huit heures, y compris les arrêts pipi pour adultes et les pauses-allaitement du bébé.

Regina s'est terminé à la course. Deux êtres sont apparus dans ma vie et tout a basculé. Dès que ma femme m'a rejoint, je ne suis plus allé faire les courses à l'épicerie du coin. Dès que ma fille est née, je n'ai plus fait de longue marche vers le bureau. J'ai plutôt appris qu'autant on a besoin des autres dans sa vie, autant il faut savoir sacrifier une partie de son indépendance pour les y accueillir décemment. J'ai sacrifié quelques unes de mes heures de solitude et d'introspection à l'autel de l'amour des femmes de ma vie.

Regina s'est fini à la course. Je n'ai pas pu faire mes adieux à certains amis ou retourner à certains endroits. Je me suis pourtant attaché à cette petite ville, aux restaurants que je fréquentais, à l'Université de Regina et au centre-ville. J'ai appris à aimer Regina et j'ai dû me faire violence pour la quitter. Mais cet attachement est-il authentique et sincère ou serait-ce simplement parce que je sais que de toutes façons je dois rentrer et que quelque part m'attend un confortable chez moi?

Enfin comment dire que Regina, c'est fini? Ces histoires finissent-elles jamais vraiment? Je vais m'allonger, écrire, lire, jouer, danser et vivre et très vite, je vais me remettre à rêver à la prochaine destination, à la prochaine escapade. Je vais la monter de toutes pièces, la fignoler, la ficeler, la saucisonner et m'arranger pour que le rêve puisse se réaliser; je vais y songer longtemps, me préparer lentement et le réaliser délicatement. Qu'il s'agisse du festival de Jazz de Montréal, des danses d'Abomey, des baleines d'Oka ou de Churchill, du lac Manitoba, D'Ayer Rock ou des fermes de Swan River, je repartirai vers des coins reculés du Canada ou d'ailleurs. Car le voyage, c'est devenu un virus, un vice, une tare, une bénédiction, une grâce, un don. Une opération que j'execute avec de mieux en mieux de précision, comme des millions de personnes de ma génération, de mes pays, de mon monde, des millions d'Indigènes du monde.

Carnets de voyage: Khalid Loda



Être de retour sur un campus universitaire permet d’assister à des évènements intéressants. Je fais des rencontres enrichissantes et j’en apprends beaucoup. C’est ce qui est arrivé le 18 novembre dernier, lors de la semaine de l’éducation internationale. Durant une présentation intitulée « Promouvoir la citoyenneté mondiale », un de mes collègues étudiant à la maîtrise en administration publique, Khalid Loda, a parlé de son parcours d’étudiant au Maroc, en Angola, aux États-Unis et au Canada à la Rotonde de l’Institut français de l’Université de Regina.




D'abord dubitatif, j’ai très vite compris que l’histoire de Khalid avait quelque chose de différent de la mienne et que je gagnerai beaucoup à l’écouter. Bien que nomade global comme lui, plusieurs aspects de nos parcours sont distincts et sa narration m’a même permis de me réconcilier avec une partie de mon histoire. Les notes que j’ai prises n’ont tenu que sur deux petites pages de mon carnet, les voici. J’aimerais tout particulièrement les partager avec les duraliens et duraliennes qui depuis environ un an, me permettent de mieux comprendre, d’accepter et d’embrasser les conséquences de nos migrations. (DURALA veut dire « D’Une Rive À L’Autre. » C’est une émission de radio et un concept décrivant les membres de la diaspora afro caribéenne, inventé par Khady Beye, que j’ai rencontrée par l’intermédiaire de Ndack Kane (blog: Comprendre et agir.) Les deux gagnent à être écoutée –pour l’une, et lue –pour l’autre.)




Khalid est un sympathique jeune homme de 30 ans. A trois ans, il quitte le Maroc pour l’Angola. Papa, qui a également vécu au Moyen-Orient, a choisit de quitter le Maroc de la fin des années 70. Il est conseiller en affaires dans le domaine de l’énergie. Khalid qui va étudier à l’école française, va y vivre avec sa famille jusqu’à ce que la guerre civile ne le permette plus. Il retourne alors au Maroc à l’âge de 12 ans et va y passer les huit années suivantes. Puis, de 1998 à 2006, il va vivre à sa façon le « rêve américain », jouer au basket dans une ligue mineure et poursuivre ses études, avant de retourner sur sa terre natale. Frustré par les difficultés d’intégration qu’il vit, Khalid revient vers l’Amérique et choisit cette fois de s’installer au Canada. Regina semble pour lui l’endroit rêvé car elle est située dans une province dont le coût de la vie abordable et la situation géographique lui permettent de poursuivre ses études universitaires et de rester proche de son frère resté au Dakota du Nord.




A cause de l’âge qu’il avait et de la durée de son séjour dans chaque pays, Khalid a profondément ressenti les défis de ses migrations. Il a également eu le loisir de les analyser et c’est avec acuité qu’il a guidé nos regards sur son cheminement. En Angola, il a appris la langue et vécu les frayeurs d’un conflit lié à la guerre froide. De retour au Maroc, il a dû apprendre la langue, les meurs et la culture d’un pays natal qu’il n’a jamais vraiment connu. L’abondance des denrées et la société de consommation de masse l’interpellent, lui qui a vécu les rationnements et les pénuries que provoquent les conflits armés. Aux États-unis, c’est un nouveau choc culturel; il faut composer non pas seulement avec l’apprentissage d’une nouvelle langue, mais aussi avec le racisme des noirs américains dont l’attitude change quand ils apprennent que le Maroc ne se trouve en pas en Amérique Latine mais sur le continent… noir! Par contre, l’attitude ouverte des canadiens le laisse d’abord incrédule : multiculturalisme et tolérance? Il faut le vivre pour le croire.




À travers ses pérégrinations, Khalid a su « garder » son identité qu’il porte dans son cœur. Elle l’a aidé, dit-il, à traverser avec succès ces différentes expériences. Khalid est d’abord et avant tout musulman et a toujours tenu à respecter les préceptes de l’Islam, quel que soit le pays ou les conditions dans lesquels il a vécu. Marié depuis peu à une femme norvégienne d’origine marocaine, Khalid répond en souriant à la question d’un étudiant curieux de savoir s’il repartirait vers un autre pays : « pourquoi pas? On verra bien… Ma femme me dit que je peux vivre et travailler en Norvège vu que je parle anglais et elle a envie d’y retourner… » Pour les conjoints de Khalid et des nomades globaux, l’adage « Qui prend mari, prend pays » n’a vraiment pas lieu d’être.

Cérémonie de bénédiction et remise du nouveau drapeau royal de la marine canadienne


Governor General of Canada, Michaëlle Jean in ...Image via Wikipedia












Un poignant discours de Michaëlle Jean, Gouverneure Générale du Canada.

Dans ce discours prononcé à Halifax, en Nouvelle Écosse, La GG dit "Permettez-moi de commencer en vous faisant une confidence. J'ai grandi sous le joug d'une dictature sans merci, où l'uniforme militaire était associé à la répression brutale. "

http://www.gg.ca/document.aspx?id=13181&lan=fra





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Carnets de voyage: la Fransaskoisie

J'ai eu le plaisir de rencontrer Denis Desgagné, directeur général de l'Assemblée communautaire fransaskoise lors d'une réunion du RICLOS, le Réseau interministériel des coordonateurs de langue officielle de la Saskatchewan. Ma réponse à sa question "Penses-tu déménager en Saskatchewan?", une grimace, lui a fait tourner la tête de déception; c'est sans doute une réaction qu'il voit souvent, mais pour d’autres raisons. J'ai offert à Denis de prendre le temps de lui répondre ici. Voici.

Denis, actuellement, je suis installé et je vis au Manitoba où je suis heureux. J'ai d’abord fait la grimace parce que j'aurais volontiers considéré la Saskatchewan comme province d'accueil si j'en cherchais une. C'était plus par hésitation que parce que je vis de mauvaises expériences à Régina ou en Saskatchewan.

Bien sûr, il y a d'abord eu ces douloureuses premières semaines pendant lesquelles le choc de la petite taille de la ville de Regina a suivi celui de la difficulté de se faire des amis. L'atterrissage dans une nouvelle ville n'est pas toujours facile quand on n'y connait personne. J'ai d’abord trouvé les gens froids et distants ici. Mes tentatives infructueuses d’établir le contact m’ont fait réalisé qu'il me fallait simplement changer d'approche et me tourner vers des gens avec qui j'ai des points en commun: étudiants en sciences sociales, amateurs de poésie et de musique, écrivaillons en tout genre et surtout… francophones. Il n'y en a que 1,59% dont la première langue parlée est le français (2006) dans la province, mais j’ai réussi à les trouver! J’ai rencontré les jeunes employés de l’Institut français.

Mon expérience a alors changé du tout au tout et j'ai commencé à me sentir confortable. J'ai eu le plaisir d'assister à des soirées, de danser et de "socialiser" plus que je l'aurai imaginé. Enfin, cette rencontre avec des professionnels de cinq ministères différents a scellé mes impressions de Régina. C’est une petite ville, certes. Sur le plan économique, la structure des taxes d’entreprise est telle qu’elle empêche les grandes entreprises de s’installer ici et qu’elle fait l’apogée des PME. Ces derniers sont appelés les « moteurs » de l’économie. C’est une vie sociale de proximité, je peux d’où je vis « Walk to Work », marcher pour aller au travail, au supermarché, au restaurant et à l’université. Je peux même, avec du courage et de l’organisation, aller à pied chercher quelqu’un à l’aéroport (et revenir en taxi, bien sûr!) J’aime également les petits cafés, les magasins « du coin », où petit à petit les saluts timides se sont mués en longues conversations. J’aime bien les restaurateurs dont je fréquente les établissements, mes collègues francophones et mes amis employés de l’Institut français. J’ai découvert avec bonheur que le mot d’ordre des gens d’ici est l’inclusion et que les francophones, si peu nombreux qu’ils soient, sont passés d’un désir de revendication à un désir de valorisation. Comme l’a dit Gérard Bouchard (Commission Bouchard-Taylor de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles) lors de son passage à Régina, c’est le Québec qui a à apprendre des fransaskois et pas l’inverse. (J’ajouterai que le Manitoba, dont la commission scolaire francophone rejette encore les enfants de familles exogames, en a tout autant à apprendre.)

C’est simplement que je suis un nomade et que cet automne a été une autre escapade montée de toutes pièces : j’ai trouvé deux ou trois bonnes raisons académiques et professionnelles de venir vous rencontrer, fransaskois et reginois, de venir apprendre ce que vous « mangez en hiver », ce qui vous fait vibrer. J’ai voulu découvrir les avenues Dewdney et Victoria, l’Université de Régina et l’hôtel de ville, le centre-ville et les bureaux de mon employeur, Statistique Canada. J’ai voulu voir ce qu’il y a en commun et ce qu’il y a de différent entre nos deux villes, nos deux provinces, histoire de pouvoir offrir des arguments solides à ceux qui ne comprennent pourquoi vous aimez tant votre coin de pays. Je suis devenu un défenseur et un promoteur de la vie en Saskatchewan, province en majorité anglophone et rurale et c’est le peu que j’ai compris que j’emporte avec moi, ami Denis. Si je ne peux rester, c’est simplement que je suis un nomade…

CBC: Le Canada aura t-il jamais un Premier ministre noir (will Canada ever have a black Prime Minister)?


Radio-Canada lance un débat intéressant sur la présence des minorités visibles et en particulier des noirs dans le monde politique au Canada. Une seule noire à la Chambre des communes -Marlene Jennings- sur 304, pour une population dont 2.5% de la population (sept sièges, en proportion)
est noire.

CBC has posted the Black PM segment here. The interesting intervention is that of the professor who acknowledges that we don't talk about our problems here in Canada and that we pretend to be multicultural. Please look and let me know what you think:

http://www.cbc.ca/thenational/indepthanalysis/wendymesley/

L'Argentine connaît une immigration soudaine d'origine africaine

Un article interessant du Monde, repris par Seneweb.com et d'autres médias. (Merci FA.)

Sur la principale avenue de Buenos Aires, la "9 de Julio", Gaola arbore le maillot blanc des "Lions de la Téranga", l'équipe nationale de football du Sénégal. Agé de 22 ans, il est depuis un an en Argentine et vend des bijoux fantaisie et des lunettes sur le trottoir. Il aime parler football, ce qu'il apprécie le plus en Argentine. Mais reste silencieux quand on lui demande pourquoi et comment il est arrivé. Et s'il a des papiers en règle.

Comme lui, de plus en plus de clandestins africains viennent trouver asile en Argentine, fuyant la misère plus que la persécution. Les portes des pays européens sont de plus en plus difficiles à franchir. Depuis deux ans, le nombre de statuts de réfugiés en Argentine a bondi de 142 % et la majorité des demandeurs viennent du Sénégal. Il n'y a pas de statistiques officielles sur leur nombre exact.

Selon l'Agence pour les réfugiés à Buenos Aires, les demandeurs d'asile africains obtiennent un visa pour le Brésil et passent ensuite en Argentine. Ceux qui n'ont pas les moyens de prendre l'avion montent clandestinement sur des bateaux pour vingt jours de traversée. La commission catholique argentine pour l'immigration réclame un meilleur contrôle des nouveaux arrivants. Elle indique que les Africains se voient refuser un permis de résidence, mais ne sont pas expulsés et restent sans statut légal, cibles idéales pour les réseaux de traite de personnes.

Pays d'immigration, symbole d'eldorado par le passé, l'Argentine, durement touchée par le chômage, est aujourd'hui mal préparée pour recevoir ce flot d'immigrants illégaux. Les Africains, comme plus de 42 % des Argentins, travaillent au noir et n'ont donc ni sécurité sociale ni retraite.

Une "petite Dakar"

Les Sénégalais sont nombreux dans le quartier populaire de Once, baptisé "la petite Dakar". C'est le fief traditionnel de la communauté juive, envahi ces dernières années par des petits supermarchés chinois et coréens, des Paraguayens qui vendent des vêtements dans les rues et des indigènes, venus des provinces pauvres du nord argentin, qui offrent des épices et des légumes sur les trottoirs. Dans cette tour de Babel, Cirilo, un Sénégalais arrivé il y a deux ans, lui aussi marchand ambulant de bijoux et de lunettes, se sent discriminé : "Beaucoup de gens nous maltraitent."

Dans les pensions, on leur refuse souvent une chambre. "Beaucoup de mes collègues refusent de les prendre, confirme un chauffeur de taxi. Ils ont peur." Les Argentins n'ont pas l'habitude de côtoyer des Noirs, hormis venus du Brésil. Pour Cirilo, "les habitants de Buenos Aires croient au mythe d'une Argentine blanche et européenne". Il les juge racistes "par ignorance". "Ils ignorent même qu'il y a une population argentine d'origine africaine à cause de la traite des esclaves au XVIIIe siècle", poursuit-il. Cirilo préfère courir les foires de l'intérieur du pays, "car les gens sont plus chaleureux et ont aussi la peau plus foncée à cause de leurs origines indiennes". "Je survis", confesse-t-il. Il ignore s'il rentrera un jour au pays, rêve de voyager.

Tous les Sénégalais connaissent leur compatriote, le musicien Abdul. Il fait figure de patriarche car il est installé dans le vieux quartier de San Telmo depuis 2001. Invité à donner une série de concerts, il a été surpris, peu après son arrivée, par l'effondrement financier de l'Argentine. Il a perdu toutes ses économies et n'avait plus les moyens de rentrer au Sénégal ou de poursuivre sa tournée en Amérique du Sud. Il est célèbre parmi les jeunes Argentins. Ses cours de danse et de différents tambours africains affichent complet. Ses spectacles sont une nouvelle attraction dans le quartier le plus branché de la capitale. Abdul a obtenu la résidence en Argentine. Il est peu bavard quand on l'interroge sur les nouveaux arrivants sénégalais.

Dans le fond d'une galerie du centre de Buenos Aires, sorte de caverne d'Ali Baba, s'est ouvert le stand "Africa Mia". Boua et Bodi sont des neveux d'Abdul. Ils vendent des statuettes, des bijoux, des tissus africains. Ils sont eux aussi méfiants quand on les interroge.

Tous les dimanches, une grande partie de la communauté sénégalaise se retrouve pour manger des plats du pays. Les Argentins, traditionnels mangeurs de viande grillée, s'ouvrent aux saveurs exotiques. Après la cuisine chinoise, vietnamienne, indienne, apparaissent dans les magazines des recettes de plats africains.

Christine Legrand
Article paru dans l'édition du 21.10.09

Carnet de voyage: en marchant...

“Les écoliers laborieux
Vont avec joie à leur ouvrage
Mais les élèves sans courage
Partent les larmes dans les yeux…
Allons il faut faire silence
Les jeux sont finis, mes petits amis
Voila la maîtresse qui s’avance
Sans perdre de temps
Mettons-nous en rang!”

Lundi, 8h03 du matin. Je suis à Regina depuis quelques semaines. Cette comptine de mon enfance me revient à l’esprit alors que je marche d’un pas rapide vers mon lieu de travail. Je me souviens de ces premières années durant lesquelles j’allais à pied de la maison à l’école primaire Charles Guillot A. Mes premières années au collège ont également été remplies de marches entre la maison du quartier JAK et le collège de l’Union et j’ai vite rencontré quelques amis avec qui j’ai cheminé le long des sentiers de sable, des chemins de fer et des routes de terre battue. Au Cameroun, nous allions du lycée au « TC », le Tennis Club américain, tuer le temps entre deux cours et accompagner ceux d'entre nous qui fumaient en cachette. C’est entre les sissongos (appellation pour les hautes herbes qui poussent localement) que nous cheminions alors, une torture lorsque nous étions en shorts.


Vingt-cinq ans plus tard, je trotte le long d’avenues saskatchewanaises plus larges et moins peuplées, les oreilles pleines d’un Dan Bigras québécois et le cœur en miette d’être encore plus loin des miens. J’avance vers mon boulot en me demandant quel trajet suivront mes enfants à moi, si mes pérégrinations m'ont menées si loin d'est en ouest, de Cotonou à Regina. Arrêtons-nous jamais de marcher?

De plus en plus préoccupé - Ghandi

GhandiImage by nilexuk via Flickr

"I am not an economist but watching increasingly smaller numbers of people control increasingly larger numbers of increasingly limited shared resources is making me increasingly worried -Ghandi

Je suis tombé sur cette citation du Mahatma que j'ai voulu offrir en partage. Je l'ai trouvée sur le site web d'Otesha ("raisons de rêver" en swahili). Basé à Ottawa, Otesha est un projet de mobilisation des jeunes pour le changement dans nos habitudes de consommations à travers des tournées en velo, du théatre, du multi-média etc.
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Devinez!

Devinez qui est ce beau monsieur d'une cinquantaine d'années? Non, ce n'est pas un de ses frères, un de ses neveux ou un cousin quelconque. C'est bien lui, Michael, le roi de la pop, ou du moins ce à quoi il ressemblerait s'il n'avait pas subi de chirurgie esthétique.

Il semblerait que l'année d'avant sa mort, il se demandait ce qui lui avait pris d'en subir autant. Il semblerait qu'il était désorienté et plein de regrets. Il semblerait qu'il n'avait plus envie de vivre. La chirurgie esthétique, comme les tatouages je crois, semble être aussi adictive qu'une drogue. Il a sans doute toujours voulu être beau. Surtout, M-Jay a toujours voulu rester jeune.


Vous l'avez sans doute entendu en long en large et en travers dans tous les médias du monde. Pardonnez-moi donc de revenir sur le sujet. Je voulais simplement souligner cet article de J. Randy Taraborrelli, le meilleur biographe que j'aie eu le plaisir de lire. Randy en tout cas, c'est celui qui à mes yeux a fait le plus justice à mon idole.

J'ai déjà fait mon éloge d'M-Jay. J'ai essayé dans "Gone Too Soon" de lui rendre un hommage bien personnel. Mais il m'arrive encore, quand j'écoute "Smile" ou "Keep the Faith", d'avoir une larme à l'oeil et de vouloir partager ces émotions avec vous. C'est de là que viennent ces mots.
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Société: racisme "ordinaire"

Anti-Racism Kensington 33Image by thivierr via Flickr


"Brice Hortefeux a trop d'humour. Je le sais, il m'a fait une blague un jour. Jeudi 24 avril 2008. Le ministre de l'immigration et de l'identité nationale doit me recevoir dans son majestueux bureau. Un rendez-vous pour parler des grèves de sans-papiers dans des entreprises. Je ne l'avais jamais rencontré. Je patiente avec ma collègue Laetitia Van Eeckhout dans cet hôtel particulier de la République. Brice Hortefeux arrive, me tend la main, sourit et lâche : "Vous avez vos papiers ?"

Trois mois plus tard, lundi 7 juillet, jour de mes 29 ans. Je couvre le Tour de France. Je prépare un article sur ces gens qui peuplent le bord des routes. Sur le bitume mouillé près de Blain (Loire-Atlantique), je m'approche d'une famille surexcitée par le passage de la caravane, pour bavarder. "Je te parle pas, à toi", me jette un jeune homme, la vingtaine. A côté de moi, mon collègue Benoît Hopquin n'a aucun souci à discuter avec cette "France profonde". Il m'avouera plus tard que, lorsque nous nous sommes accrédités, une employée de l'organisation l'a appelé pour savoir si j'étais bien son... chauffeur."

Ces anecdotes et quelques autres, Mustapha Kessous d'origine arabe nous les raconte avec élégance et pudeur comme le dit Léon-Marc Lévy dans "Des noms pas propres." Mustapha témoigne de sa vie en France dans Moi, Mustapha Kessous, journaliste au "Monde et victime du racisme" du 23 septembre dernier et Léon-Marc souligne le vrai problème: "Mon propos, c'est le nom qui tue. Le nom sans homme. Le nom propre qui devient nom commun pour charrier la haine collective de l'Autre. M. Arabe Kessous. M. Léon-Marc Juif. C'est meurtrier, tout le monde le sait. La police de Vichy travaillait comme ça : des listes de noms qui donnaient des listes de Juifs avant de donner des listes de déportés et des listes de morts. Et de donner, au bout du cauchemar, les murs de Yad Vashem."

Je vous invite à lire également les nombreux témoignages et réactions à "Être français d'origine arabe en 2009."


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Carnets de voyage: Solitude au Far-West

Je me suis inscrit depuis peu à un groupe sur Facebook: "La vie à l'étranger qu'on ne trouve pas sur Facebook", une idée brillante de l'auteur qui rappelle que "sur Facebook, toutes nos photos et nos échanges sont en grande partie hyper positives (...) mais il n'y a pas la photo de quand j'ai mangé pendant une semaine des spaghettis assaisonnés à l'huile d'olive avec du sel et du poivre parce que j'étais dans la dèche !"


L'objectif est simple: "que dans ce groupe nous fassions part de nos expériences moins glorieuses pour parer à certaines désillusions. Ça peut être triste, ça peut être drôle, l'essentiel est que cela soit surtout simple et vrai !"

Les nomades vivent constamment ces moments moins glorieux. "Immigré" en Saskatchewan pour quelques mois et installé dans un quartier tranquille, je traverse actuellement un de ces moments moins drôles de "la vie à l'étranger" : la solitude! À l'heure de la pause-café chez Tim Hortons aujourd'hui, j'en ai parlé avec une collègue. Appelons-la Ludivine.

sk99g26 Regina, Saskatchewan, Downtown 1999Image by CanadaGood via Flickr

« Alors, tu aimes bien ton séjour » me demande t’elle. Elle est vraiment drôle, Ludivine. Depuis le premier café que nous avons pris ensemble à mon arrivée il y a trois semaines elle a évité mon regard chaque fois que je passais devant son bureau pour « l’inviter » des yeux ou poliment décliné mon invitation quand je me suis posé discrètement devant sa porte. Les quelques autres collègues se sont montrés peu enclins à s’ouvrir, saluant à peine d’un geste de la main le matin ou d’un grognement en fin de journée. Pourtant j'avais confié à Ludivine que je n’avais pas de connaissances à Regina et que j’aurais aimé rencontrer des « gens d’ici. »

« - Oh, à part le fait que personne ne veut me parler, je vais bien.
- comment ça?
- pas de contact visuel avec des inconnus, après le travail chacun rentre chez soi et vaque à ses occupations, le restaurateur chez qui je vais tous les jours trouve bizarre que je veuille connaître son nom, mes voisins sont soit invisibles, soit introvertis…
- Oui, ici on n’établit pas beaucoup de contacts avec des gens qu’on ne connaît pas.
- Mais alors, comment apprendre à les connaître? » Ludivine me sourit. « Seules deux personnes m’ont vraiment adressé la parole en deux semaines: un africain, parce qu’il a reconnu le logo de son entreprise sur un sac promotionnel que j’utilise et un avocat anglophone qui a vécu à Montréal, parce qu’il a reconnu mon accent et qu’il veut pratiquer son français! »

C’est déjà un début, deux personnes en trois semaines. Il faut reconnaître que tout le monde n’est pas extraverti. De plus, ce n’est pas juste dans l’ouest ou dans les plus petites villes qu’on ne parle pas aux inconnus, c’est partout. Mais je dois admettre que plus je m’enfonce dans les Prairies et plus le phénomène se généralise. Il en est sans doute de même dans les provinces atlantiques, maritimes, pacifique, au Nord ou au fond de l’Ontario et du Québec. Au Québec au moins, j’aurais eu la langue en commun avec mes interlocuteurs, et la langue est un vecteur majeur d’intégration, un outil contre la solitude.

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Carnets de voyage: Rêves d'acier dans la ville reine

En rentrant hier soir de mon cours je suis passé faire quelques achats. L’épicier du coin est ouvert jusqu’au bout de la nuit, une aubaine pour les couche-tard de mon genre. En ressortant dans la nuit glacée, j’ai croisé une jeune femme qui se dirigeait d’un pas leste comme tous les gens d’ici, vers une voiture garée derrière la mienne. Incapable de distinguer son automobile, j’ai deviné en souriant qu’elle conduisait la coccinelle peinte de jolis tournesols que j’avais remarquée en arrivant. La jeune femme s’est plutôt dirigée vers la voiture d’à coté et je suis reste interloqué en la voyant s’engouffrer dans un bolide. Je me suis dépêché de déposer mes achats sur la banquette arrière de ma petite Dodge SX 2 et pendant qu’elle baissait la vitre en verrouillant les portières, je me suis empressé vers elle pour lui demander quel modèle elle conduisait.
« C’est une Cayman S.
- Wow ! Et vous connaissez la différence avec les Boxter ou les Carrera? Vous en avez essayé une? » Je voulais avoir l’air d’un connaisseur, mais je ne m’intéresse pas aux voitures de luxe à vrai dire. J’avais juste entendu parler de la Panamera la veille, et j’étais allé faire un tour sur internet.
« Non, c’est l’auto à mon mari, alors je ne m’y connais pas beaucoup…
- Elle est vraiment belle en tout cas.
- Je lui dirai, merci à vous.
- De rien ! Et parlez-lui de la Panamera aussi… »
Je l’ai regardé s’éloigner en retournant vers ma berline. Cette Porsche de plus de 70.000$ m’a fait rêver tout d’un coup. J'avais observé jusqu'ici que les propriétaires de tels vehicules avaient toujours plus de cinquante ans et je n'avais jamais compté une femme dans la catégorie. Ah si j’étais millionnaire…


Question: combien faut-il gagner pour s'offrir un bolide entre 70.000$ et 150.000$ de ce genre?



Carnets de voyage: Immigrants à Régina

C'est un petit coin de pays tranquille. Statistique Canada considère Regina comme une région métropolitaine de recensement (RMR), c'est à dire qu'elle est formée d'une ou de plusieurs municipalités adjacentes situées autour d'une grande région urbaine. Une RMR doit avoir une population d'au moins 100 000 habitants et le noyau urbain doit compter au moins 50 000 habitants.

Regina est une très petite ville, où on circule facilement. Comme dans la plupart des villes américaines, l'urbanisation a été planifiée et les espaces sont bien quadrillés. Certaines avenues portent des numéros, 4ème, 5ème, 6ème, 12ème, 13ème, comme à New York. D'autres -c'est amusant- portent des noms de la province et de villes canadiennes: Saskatchewan Drive, Quebec St., Montreal St., Toronto St., Ottawa St., St John et Halifax St.

C'est une petite ville qui "fait" petite ville. Les cafés et les restaurants ferment tôt, on se salue encore dans la rue, on s'offre facilement des cigarettes. Deux fois déjà des étrangers m'ont offert de me déposer en voiture alors qu'il pleuvait et que je n'avais pas de parapluie ou que je ne savais pas comment me rendre chez moi un soir après un tour à l'hôpital. Ceux qui s'y établissent viennent pour le calme: c'est une ville qu'ils préfèrent à des métropoles plus bruyantes et plus densément peuplées pour des raisons aussi simples que commencer une famille. Les étudiants étrangers trouvent Régina moins coûteuse et une fois établis, n'ont plus envie de partir. La population, bien que distante de prime abord, s'avère vite très amicale et attachante. Rien à voir avec les expériences de Kyriaki et d'Elias, immigrants de Grèce ou d'Awelana qui est arrivée du Ghana dans la ville de Toronto.

Par contre, je sens chez les immigrants que je rencontre ici, qu'ils soient de Grèce, du Ghana, ou du Congo et du Burundi, un grand sens du sacrifice. "On est ici pour le bien des enfants." Auraient-ils aimé être ailleurs s'il n'en tenait qu'à eux et à leur bonheur? Vivre dans la paisible ville-reine pour assurer un bel avenir à ses enfants, voilà le pari. Mais pour les nomades de mon genre, ce petit coin de pays se fait un peu trop tranquille... (à suivre)

Lip what?

UQAM Président-Kennedy building, Montreal.Image via Wikipedia

Je tombe quelques fois sur de belles choses qui proviennent des universités de Montréal telles que la radio CHOQ FM (UQAM) qui offre une alternative aux radios urbaines du centre-ville et que j'écoute en ligne de temps en temps. Il y aussi ici le phénomène des lip dubs qui prends dans les écoles secondaires et supérieures de France et du Québec. Parmi eux, ce Lip Dub de 172 étudiants en communication de l'UQAM est celui que je préfère.

Admirez plutôt!

Bien sûr, il y a aussi les lips dubs du HEC Montreal 2009 International Student Network et du HEC Montreall 2009 tout court.
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Immigration, bénévolat et generations

New volunteers being lined upImage de bénévoles dans un pays d'Afrique non identifié via Wikipedia
L'intérêt particulier de cet article qui traite de questions qui reviennent souvent animer les discussions passionnées que j'ai avec mes ami(e)s et de sujets qui me tiennent à coeur, vient des origines de l'auteur qui écrit pour le Conseil des ressources humaines pour le secteur bénévole et communautaire.

Descendante d'immigrante, Melissa Brizuela présente ici une discussion au sujet du conflit générationnel au travail dans ce secteur, en y ajoutant une perspective nouvelle: l'immigration. Elle observe que "les définitions usuelles des cohortes générationnelles ne trouvent pas un écho chez toutes ces mêmes générations d’immigrants" et ajoute: "attirer et développer les jeunes talents au sein de nos organisations — et au sein du secteur communautaire dans son ensemble — est un travail complexe et je recommande fortement de faire preuve d’une saine dose de scepticisme face aux idées bien arrêtées concernant ce qui nous motive, nous de la jeune génération. Je recommande que les organisations investissent dans la création de milieux de travail qui sont à l’écoute des employés et qui savent s’adapter aux besoins changeants tant de l’organisation que de sa main-d’œuvre."

Je vous fais lire mon paragraphe préféré: "Mes études m’ont permis de réaliser que la plupart des gens ne trouvent pas dans le secteur communautaire une carrière viable. Ceux qui m’ont enseigné à l’Université Ryerson en sont un bon exemple : ils travaillaient comme consultants pour des organisations communautaires ou avaient quitté le secteur communautaire pour de meilleurs emplois ou des salaires plus élevés, tout en maintenant leur engagement dans le secteur à titre de bénévoles. Cette tendance comporte son propre lot de défis pour le recrutement et la rétention des employés du secteur, et renforce également mon impression qu’une analyse des caractéristiques générationnelles ne sera pas suffisante pour relever les enjeux RH du secteur en général : selon moi, les organisations communautaires doivent considérer que le recrutement des jeunes fait partie d’un ensemble d’enjeux RH qui touchent tout le secteur. Par exemple, les travailleurs ont tendance à gagner moins dans le secteur communautaire, non seulement parce que les échelles salariales y sont moins élevées; les employés sacrifient la juste valeur de leur travail en raison de leur passion pour une cause. Les pratiques de gestion RH doivent tenir compte de ces enjeux afin que le secteur puisse réussir à attirer et garder les travailleurs."

Immigrant au Canada, je me retrouve autant entre les générations X et Y qu'au sein, par le biais de mes activités bénévoles, d'un secteur communautaire en manque de ressources humaines qualifiées. Le bénévolat est bien souvent considéré comme un moyen d'intégration pour les nouveaux canadiens. Comme l'a souligné une amie: chaque communauté qui immigre doit "apporter" quelque chose avec elle et démontrer son intérêt pour le pays hôte. Je trouve donc la question des générations particulièrement intéressante dans ce cas-ci de par l'approche globale et inclusive (reconnaître et intégrer le travail des générations précédentes) que prône Melissa car cela revient aussi pour les jeunes immigrants de 2ème génération à intégrer le vécu de leurs parents..."duraliens" (pour une définition complète du duralisme, voir www.durala.com).

http://www.hrcouncil.ca/tendences-enjeux/Aout2009.cfm
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Carnets de voyage: Chez Dawn

20h14. Je suis arrivé chez Dawn à la tombée de la nuit. La maison était éclairée, Mark est passé avant que je n’arrive. Je n’ai jamais vu autant de livres à la fois dans une même maison! Seules les bibliothèques et les bureaux de mes professeurs d’université regorgent d’autant de manuels. Thème central: la spiritualité. Hum hum... On y reviendra. Car ces murs transpirent également la présence de Dawn et justement, sa très forte spiritualité. Dawn, qui gère le "Centre for the Urban Spirit." Je suis chanceux de pouvoir découvrir la vie de quelqu’un d’une autre partie du Canada « par l’intérieur » et à travers son espace personnel. Il faut de l’humilité pour s’ouvrir ainsi à un étranger...


Fatigué, J’ai fait le tour des lieux et je me suis avachi dans un vieux divan devant la télévision silencieuse : il me fallait encore faire entrer mes bagages, m’installer et trouver quelque chose à manger. J’ai opté pour une pizza qui a mis deux heures à arriver. La nuit agitée que j’ai passé, enfin, m’a rappelé une autre dimension des voyages.

J'aime à penser que nos oreillers et nos couettes portent en eux l’essence de nos rêves, la somme de nos aspirations, de nos tristesses et de nos joies, la trame de nos vies. Bien que préparé à mon attention, le lit portait les rêves de quelqu’un que je ne connais pas. Ma vie et mes songes ont eu un peu de mal à s’y loger, et mon corps à s’y blottir. J’ai senti que je n’étais pas encore chez moi et que m’adapter à cette nouvelle réalité nécéssiterait des efforts certains de ma part.

Banalités.


Mes premières séances de cours présagent d’un long semestre: j’aurais aimé avoir fini en une semaine, comme pour mes cours accélérés. Cette fois, il va me falloir être patient et adopter un nouveau rythme. Cependant, chaque problème se transforme en une opportunité d’apprentissage au moment où surgit la solution et il semble ne pas y avoir à s’en faire. Découvrir seul les rues de cette ville m'aide à pratiquer mon sens de l'orientation; désormais habitué à la vie conjugale, j'ai un malin plaisir à réapprendre à faire les courses, sonder mes besoins, choisir ce qui me plaît et éparpiller mes affaires dans un espace qui n'appartient qu'à moi. Situation aussi temporaire que rassurante. Alors je m'amuse à me regarder perdre et retrouver mon chemin.

Outre les livres, l'art occupe une place importante dans la maison de Dawn: statuettes et representations de la mère nourricière, paysages et visages en peinture, photos, cartes et citations suscitent mon constant émerveillement. C'est le genre d'espace que j'aime et que je veux recréer autour de moi. Je suis loin pourtant de tout ce qui m'est familier, je suis à Regina, chez Dawn.

Carnets de voyage: Highway No. 1


Mi –septembre 2009. Je roule à vive allure sur l’autoroute Numéro Un, qui relie les extrémités est et ouest du Canada. Pour la troisième fois cette année, je franchis par la route les six cents kilomètres et quelques qui séparent le périmètre de Winnipeg de celui de Regina et qui me rappellent à quel point j’aime ces prairies! Je ne cesse de tourner le regard du nord au sud, de gauche à droite : les champs sont immenses et il n’y a rien de tel que ces étendues vertes ou jaunes parsemées de bottes de foin qui n’attendent qu’à être engrangées pour l’hiver. C’est le temps des récoltes et bien que j’aie pris la route un dimanche, je peux enfin voir quelques fermiers s’activer sur leurs tracteurs. Au printemps, je les manqué de peu : il était encore trop tôt pour les semences quand je suis passé. Au milieu de l’été, les plantes en croissance nécessitaient moins de soin; il n’y avait donc personne à regarder travailler. Maintenant, j’ai vraiment l’impression de traverser le grenier du pays.

Ici, un troupeau de vaches broute tranquillement. Là, plusieurs kilomètres plus loin, je distingue près d’une grange les bras immenses du système d’irrigation utilisé: c’est un champ de patates que ces longues tiges mécanisées ont rafraîchi tout l'été et bientôt elles iront rejoindre tracteurs, fourches et bennes dans des granges emménagées à cet effet. Enfin, plus loin, les tournesols des champs voisins semblent être trop lourds pour lever la tête vers le soleil : il est temps de les récolter.

Les Prairies, c’est le bonheur de pouvoir admirer un coucher de soleil jusqu'au bout de l'horizon et ces champs sont devenus le nouvel océan au bord duquel j’aime à le faire. Elles me ramènent a mes lectures d’enfant peuplées de western, de cow-boys et d’indiens. Tantôt j'accélère parce que je veux arriver avant la nuit mais je ralentis bien vite en faisant un clin d’œil à l’astre solaire qui semble me sourire : c’est bientôt la fin de l’été, les moissons sont à moitié terminées, d’ici quelques semaines nous replongerons dans un cycle de trois saisons plus ou moins grises et nos Prairies s’endormiront; les champs se reposeront et la terre se régénéra pour nous donner un nouvel été vert, jaune et ocre de plantations de canola, de tournesols, de blé et d’émotions.

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Carnets de voyage: Regina

sk99g27 Regina, Saskatchewan, Goose Statue 1999Goose Statue 1999 Image by CanadaGood via Flickr

Je n'ai jamais vraiment aimé lire les carnets de voyage d'autres ou relire les miens. Les anecdotes sont souvent uniques et situationnelles et la probabilité de vivre les mêmes choses sont faibles bien que ces carnets donnent des trucs ou des idées, c’est certain. Mais je tiens à partager ceux-ci. Voici pourquoi : en choisissant de rester à Montréal à la fin de mes études, je mesurais mal l’ampleur de ma décision. Après un estivage au pied des volcans de la Cordillère des Andes durant lequel j’ai appris à connaître quelques pays comme ma poche, j’ai compris que je n’avais pas choisi d’immigrer dans une série de villes du Canada, mais bien dans un pays de la taille d’un continent. Je me suis donc proposé de le découvrir et d’apprendre à le connaître pour mieux le transmettre, le discuter, le critiquer et l’apprécier. Ces explorations m’ont mené de Beauce à Pilot Mound, Vancouver, Halifax, Moosamin, Winnipeg, Trois-Rivières ou Banff. Depuis 2007, je sillonne le Canada de long en large et ne manque aucune occasion de découvrir un nouveau coin.

Les plus intéressantes de ces incursions sont celles durant lesquelles je peux vivre un peu plus d’un mois auprès des gens de l’endroit et apprendre à les connaître. La plus récente m’emmène à Regina, au sud de la Saskatchewan où, sous le prétexte de finir un autre diplôme universitaire, je vais vivre durant les trois prochains mois. L’aventure à laquelle je vous invite consiste à découvrir cette ville avec moi et surtout, à comprendre pourquoi et comment les gens y vivent.

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