Affichage des articles dont le libellé est Bénin. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Bénin. Afficher tous les articles

Vie (vide) de Diaspora


Il y a exactement trois ans, j'ai entamé ce billet. Je viens de le terminer pour votre plus grand plaisir.


"Winnipeg, Octobre 2012

Il y a quelques années, j’ai invité une amie qui habite dans une de ces belles capitales d'Afrique de l'Ouest, à me rejoindre dans la vallée de la Rivière Rouge, où moi j’habitais. 


La rivière Rouge est une rivière d'Amérique du Nord qui marque la frontière des États du Minnesota et du Dakota du Nord. Elle a de particulier qu'elle se jette dans le lac Winnipeg situé dans la province du Manitoba, au Canada. Il ne faut pas la confondre avec la rivière Rouge du Québec.  

Mon amie m’a expliqué qu’elle voudrait bien venir me voir mais que cela coûtait encore plus cher d’acheter un billet de son pays vers le Canada que l’inverse. Voici ce que j’ai répondu :

Source: www.postcolonialstudiesassociation.co.uk
« C'est un mythe basé sur l'idée que cela prends plus de francs CFA (FCFA, la monnaie utilisée en Afrique de l'ouest) pour faire un dollar, et que comme on vit en dollars, c'est plus facile. Seulement, tu ne connais peut-être pas le coût de la vie ici. Nous gagnons plus (en FCFA) mais dépensons également plus: un hamburger au McDonald coûte 4$ soit 2.000FCFA sur une base de 1$/500FCFA. Combien coûte un burger là où tu vis? N'est-ce pas le même ordre de prix?

Pour un salaire annuel net de 20.000$ (10.000.000FCFA) si tu dois payer ton appart à 600$ mensuel ou 7200$ annuel (3.600.000FCFA) l'eau, l'électricité et le chauffage 75$ mensuel ou 900$ annuel (450.000FCFA) et le transport en commun 100$ mensuel ou 1200$ annuel (600.000FCFA), le panier de nourriture (500$ mensuel ou 6000$ annuel ou 72.000FCFA) il te reste exactement 4700$ (2.350.000FCFA) pour l’année soit 391$ (195.500FCFA) par mois pour payer le téléphone cellulaire, la télé, quelques sorties, tes études supérieures (entre 600$ (300.000FCFA) et 2000$ (1.000.000FCFA) par cours pour un programme de 10 cours). Déjà là, tu t'endettes…

Alors, comment aller te voir, à 2.000$ (1.000.000FCFA) le billet plus les dépenses sur le terrain, sans compter que tu continues de payer ton loyer et autres frais ici. Ces calculs sont basés sur le coût de la vie dans une ville canadienne où la vie coûte moins cher. Essaie Toronto ou Vancouver...

Ce n'est pas facile ici non plus, cousine... »

Mes calculs étaient rapides, et peut-être grossiers. J’ai essayé de brosser un portrait de la vie d’une partie de la Diaspora, celle qui souffre de ne pas pouvoir rester aussi connectée qu’elle le voudrait au Continent. J’ai essayé de démontrer qu’ici comme ailleurs, la vie est un champ de bataille quotidien et que peu importe où on est, l’argent reste le nerf de la guerre qu’on y mène pour survivre. J’espère y être arrivé."


J'ai quelques amis économistes et c'est vers eux que je me tournerai pour "résoudre" cette équation. Quant à vous, qu’en pensez-vous ?

Ici non plus ce n'est pas facile, cousine

Le Manitoba - source Wikipedia

Il y a quelques années, j’ai invité une amie de Cotonou à me rejoindre dans la vallée de la Rivière Rouge ou j’habitais. La rivière Rouge est une rivière d'Amérique du Nord qui marque la frontière des États du Minnesota et du Dakota du Nord. Elle a de particulier qu'elle se jette dans le lac Winnipeg situé dans la province du Manitoba, au Canada. Il ne faut pas la confondre avec la rivière Rouge du Québec.  

Mon amie m’a expliqué qu’elle voudrait bien venir me voir mais que cela coûtait encore plus cher d’acheter un billet du Bénin vers le Canada que l’inverse. Voici ce que j’ai répondu :

« C'est un mythe basé sur l'idée que cela prends plus de francs CFA (FCFA, la monnaie utilisée en Afrique de l'ouest) pour faire un dollar, et que comme on vit en dollars, c'est plus facile. Seulement, tu ne connais peut-être pas le coût de la vie ici. Nous gagnons plus (en FCFA) mais dépensons également plus: un hamburger au McDonald coûte 4$ soit 2.000FCFA sur une base de 1$/500FCFA. Combien coûte un burger à Cotonou? N'est-ce pas le même ordre de prix?

Pour un salaire annuel net de 20.000$ (10.000.000FCFA) si tu dois payer ton appart à 600$ mensuel ou 7200$ annuel (3.600.000FCFA) l'eau, l'électricité et le chauffage 75$ mensuel ou 900$ annuel (450.000FCFA) et le transport en commun 100$ mensuel ou 1200$ annuel (600.000FCFA), le panier de bouffe (500$ mensuel ou 6000$ annuel ou 72.000FCFA) il te reste exactement 4700$ (2.350.000FCFA) pour l’année soit 391$ (195.500FCFA) par mois pour payer le téléphone cellulaire, la télé, quelques sorties, tes études supérieures (entre 600$ (300.000FCFA) et 2000$ (1.000.000FCFA) par cours pour un programme de 10 cours). Déjà là, tu t'endettes…

Alors, comment aller au Bénin, à 2.000$ (1.000.000FCFA) le billet plus les dépenses sur le terrain, sans compter que tu continues de payer ton loyer et autres frais ici. Ces calculs sont basés sur le cout de la vie dans une ville moins chère. Essaie Toronto ou Vancouver...

Ce n'est pas facile ici non plus, cousine... »

Mes calculs étaient rapides, et peut-être grossiers. J’ai essayé de brosser un portrait de la vie d’une partie de la Diaspora, celle qui souffre de ne pas pouvoir rester aussi connectée qu’elle le voudrait au Continent. J’ai essayé de démontrer qu’ici comme ailleurs, la vie est un champ de bataille quotidien et que peu importe où on est, l’argent reste le nerf de la guerre qu’on y mène pour survivre. J’espère y être arrivé. Qu’en pensez-vous ?

Togo-Bénin-Canada: histoire d'un réfugié

Dans sa série sur les nouveaux arrivants, l'émission de Radio-Canada "Ici l'été" présente Akakpo Kpalete, 64 ans, un canadien d'origine togolaise qui s'est réfugié au Bénin pendant 15 ans avec sa famille, à cause des remous politiques dans son pays natal.

Parti en mars 1993, il franchit d'abord une distance de 50 kilomètres à pieds jusqu'à Aneho, une ville voisine où il transite pendant deux ans. Puis, au Bénin, il se réfugie dans une mission catholique qui prend également en charge ses enfants. De 1995 à 2010, Caritas, la Croix-Rouge et le Haut Commissariat pour les Réfugiés vont jouer un rôle important dans sa vie.

Arrivé au Canada le 16 juin 2010, il est agréablement surpris par l'accueil qui lui est réservé. Très vite sa famille s'installe et s'adapte. Aujourd'hui, malgré la noyade d'un de ses fils l'an dernier, M. Kpalete qui s'est installé à Gatineau, entrevoit un avenir radieux au Canada.


"Aklui zozo" (aklui chaud)

En Afrique de l'ouest où je suis né et où j'ai passé ma tendre enfance, les sociétés sont traditionnellement patriarcales. Un enfant mâle aide son père, ses frères et ses oncles dans les travaux champêtres, l'élevage et la construction par exemple, mais est exclus de la cuisine où sa mère, ses soeurs et ses tantes préparent les repas. Je suis né et j'ai grandi dans un cadre influencé par ses pratiques dans le sens où, à la maison, je n'avais pas comme responsabilité d'apprendre à faire la cuisine. Évidemment chaque famille est différente et certains parents voient les choses d'un autre oeil.

Cependant, je me suis retrouvé bien démuni lorsqu'étudiant, je devais planifier et concocter mes propres repas. Peu à peu, j'ai oublié le goût de certains mets de mon pays, mettant ma partielle amnésie gustative sur le coup de l'intégration nécessaire d'un immigrant et de la maigre fréquence de mes voyages de retour. Ah! Le retour! D'autre part, ma peur de l'aventure culinaire m'a cantonné aux mets que mes proches me faisaient découvrir, loin de ceux de mon enfance.

Littéralement en "manque" de ces saveurs et de ces goûts, je commençais un peu à déprimer et j'ai décidé d'en parler à une cousine qui habite Ottawa depuis plus de dix ans. Elle m'a fait découvrir Vanier, un coin particulier de ma nouvelle ville d'adoption. À Vanier, on trouve des restaurants et des magasins offrant des ingrédients et des produits de "chez nous" tels que YKO Charcoal & BBQ Chicken (375 McArthur, 613-747-8947) et All Africa Market (6-411 McArthur, 613-244-0325). C'est ainsi que j'ai pu acheter et préparer du aklui et du tapioca, farines à base de maïs et de manioc servant à faire des bouillies délicieuses. J'ai également acheté du piment que ma cousine m'a appris à préparer et à conserver, du attiéké, mets à base de manioc que nous avons aussitôt dégusté avec un poulet roti au goût inimitable!

Quelle joie de savoir que je peux partager ces saveurs avec mes enfants, nés ici!

Le visage de l'ombre

Je viens de réaliser une interview avec Iman Eyitayo, jeune écrivaine d'origine béninoise vivant entre Paris et le Québec. Iman vient de publier son premier livre et on sent autour d'elle la frénésie des nouveaux départs et des belles réalisations. Iman, c'est aussi une Mopaya, une "étrangère", une bourlingueuse qui a roulé sa bosse sur les trois continents si chers à la Diaspora africaine, la terre mère Afrique, l'Europe et l'Amérique. Je vous livre ici ses propos et nos échanges, qui ont eu lieu entre Ottawa et Paris, dans le confort de nos salons respectifs.


3 mai 2012 – Conversation avec Iman Eyitayo

[15:32:13] Toun: Salut Iman, je viens d’apprendre que tu as publié un livre. Quel en es t le titre ?

[15:32:39] Iman: "Le visage de l'ombre", c'est le 1er tome de la série "Coeur de flammes"

[15:33:02] Toun: Combien de livres font la série? Pourquoi une série?

[15:34:27] Iman: Quatre tomes. Pourquoi une série? A vrai dire, je voulais explorer plusieurs facettes de mes personnages (certains viennent de mondes différents, donc avec des cultures différentes), les voir évoluer et aussi simplement parce que l'histoire me l'impose ! Il me serait impossible de tout raconter en un tome ou alors il ferait facilement 1800 pages !

[15:34:52] Toun: (sourires) Ton site explique un peu comment tu en es arrivée à écrire. Cependant, tu parles d'un évènement marquant qui aurait été le déclic. Peux-tu m'en dire plus?

[15:38:10] Iman: en fait, après avoir été diplômée, j'ai obtenu un CDI, c'est un peu le sacre en France, le fameux contrat à durée indéterminée. En général, obtenir son autorisation de travail est une formalité. Alors j'ai lancé ma demande, persuadée (aussi bien moi et mon entreprise) que je l'avais haut la main (je précise qu'aux yeux de tous j'ai un dossier en béton: diplômes et tout ça...). Mais après un mois à faire mes preuves, j'ai reçu une lettre de l'administration disant que mon autorisation de travail était refusée. Ca a été un choc. Vraiment. Je me suis retrouvée sans revenus, sans statut, du jour au lendemain. J'ai dû quitter mon entreprise le jour-même. Certes mon entreprise a entamé une démarche auprès du tribunal mais c'est long et en attendant, je n'ai pas le droit de travailler. Je ne savais plus quoi faire alors écrire était ma seule consolation. J'ai écris sans relâche pour essayer de ne pas y penser.

[15:48:02] Toun: "Rien ne surpasse en difficulté notre propre incapacité a accomplir quelque chose" cite Marie-Anne Keverian sur le site de Créateurs d'avenir, un concours d'entrepreneurs du Québec.  Plusieurs écrivains se sentent "refoulés". Les aléas de la vie, le travail, la course après le temps et surtout le manque de confiance en soi. Au delà, des millions de personnes abandonnent leurs rêves pour les mêmes raisons. Que recommanderais-tu à une "rêveuse refoulée ou un rêveur refoulé"?

[15:58:30] Iman: Je dirais qu'on ne vit qu'une fois et que la peur de l'échec est certes normale, mais inutile. Je veux dire, lorsque j'ai fait lire mon livre pour la première fois à ma soeur, je ne pensais pas du tout à me faire publier, j'étais certaine que c'était du "gâchis" mais je savais aussi que "je n'avais rien à perdre, rien à miser". J'étais déjà dans le fond (selon ma conception de la chose). Et là, le miracle. Ma soeur me rend le manuscrit, avec pour ordre "d’écrire la suite!" J'ai d'abord pensé, "c'est la famille", puis les critiques amicales ont suivi. Au final, je pense que lorsqu'on a l'impression d'avoir réalisé ses plus grandes peurs, on ne risque plus rien, on n'a plus peur. Et c'est dans ces moments là qu'on fait les plus grandes choses. Je dirais que l'échec est une possibilité certes, mais qui ne devrait freiner personne dans son élan. L'échec est même ce qui nous permet d'avancer.

[16:02:42] Toun: À travers les aventures d'Aluna ton personnage principal, évoquerais-tu également le cheminement de migrants et d'immigrants? Cette histoire est-elle en partie inspirée de tes propres pérégrinations?

[16:08:06] Iman: En fait, à l'origine le personnage d'Aluna a été créée de l'esprit d'une enfant (noire bien sûr) de 11ans qui avait peur du rejet, c'était un peu la matérialisation de ce que je voyais dans la vie: le non droit à l'existence, l'impossibilité de s'exprimer, l'obligation de taire son nom et de se cacher. Je dirais que c'est probablement plus en lien avec la place de l'enfant noir dans sa propre société qui quelque part fait aussi écho à celle de la société noire dans le monde: existence mais dans l'ombre. Le détail qui tient vraiment de mon expérience d'immigrée, c'est le Régisseur: ce tyran qui s'impose en maître sur Iriah et qui n'avait à l'origine pas cette forme et cette importance dans l'histoire. Cette injustice dans mon monde reflète assez bien (je pense) certaines aberrations du système dont je suis en quelque sorte la victime aujourd'hui.

[16:10:21] Toun: Plusieurs thèmes intéressants s'y recoupent donc. Comment peut-on se procurer "Le visage de l'ombre"?

[16:11:45] Iman: Il existe sous trois formats à ce jour: le format mobi sur amazon, le format epub sur www.lulu.com et le format papier toujours sur www.lulu.com. Un format epub devrait être disponible sur Apple d'ici quelques jours.

[16:16:46] Toun: Il est quelle heure à Paris?

[16:16:58] Iman: 22h15

[16:17:10] Toun: Je suis heureux que Skype nous ait permis d’avoir cette conversation. Merci, au nom des lecteurs d’Indigène du monde, pour ton ouverture et pour l’inspiration. Merci Iman, et bon succès à ton livre!!

[16:17:15] Iman: De rien :)

Mopaya: Je suis encore d'ici

(Cette petite histoire a été publiée sur le site web de Mopaya)

« Bonsoir, j’aimerais l’addition s’il vous plaît. La serveuse m’a demandé de m’adresser au comptoir » dis-je au caissier en fon.

Je suis à Cotonou depuis quelques semaines et je me plais à m’adresser à tout le monde dans le dialecte le plus parlé au sud du Bénin. Malgré mes vingt ans d’absence du pays, je suis fier de maîtriser cette langue que j’ai apprise durant l’enfance. Il est quatorze heures et je viens de manger dans un maquis avec ma famille. Ma femme et ma fille, blanche et métisse, ne sont clairement pas d’ici et nous attirons l’attention du personnel et des clients. Mais nous commençons à nous habituer aux regards. De plus, les plantains frits et la carpe grillée étaient délicieux et je parle fon : c’est ce qui compte. Perdu dans mes pensées et occupé à me féliciter je ne m’entends pas.

«Ça là, c’est le fon de l’étranger, ce n‘est pas le vrai fon » rétorque le caissier avec un sourire narquois. Ses collègues debout autour de nous se mettent à rire. Surpris mais amusé, je lui réponds alors qu’au moins je comprends fon, et qu’il ne peut pas faire de commentaire sur nous sans que je ne le sache. Je ne suis pas « Yovo (1) » moi, je suis bien d’ici.

L’exil a certes donné une teinte colorée à ma langue, mais je sais la parler. Le temps que je conclue sur un proverbe bien de chez nous, les serveurs étaient retournés à leurs tâches et le caissier me lançait un regard confus !

(1) « Blanc » en fon.

Remettre en question ses perceptions

par Raïmi Osseni, collaboration spéciale avec @Stat, e-magazine de Statistique Canada

Note de l'auteur : Ce texte est basé sur un discours prononcé le 25 novembre 2010 devant une classe de Communications d'entreprise de l’école de commerce de l’Université du Manitoba, Asper Business School.

La naissance de mon premier enfant en décembre dernier a constitué l’un des plus heureux évènements de ma vie. Cet évènement bouleversant a également marqué l'apparition d’une série de questions que je ne m’étais, évidemment, jamais posées auparavant. Par exemple, en berçant ma fille un soir neigeux de février, je me suis demandé comment élever une enfant née d’une mère anglophone d’origine canadienne et d’un père francophone d’origine béninoise. À l’embouchure de deux langues et de deux cultures, elle allait sans doute grandir au sein de celles, hybrides, que ma conjointe et moi avions créées, et apprendre de ces pays si différents. Mais comment accepter ensuite qu’elle perde certains éléments de nos cultures respectives et qu’elle s’en crée une propre à elle? De mon père à ma fille par exemple, ma famille risque de perdre deux langues, le Yoruba que je n’ai appris qu’à baragouiner et le Fon que je ne sais comment lui transmettre. Par contre, je parle espagnol et je suis conscient que mes enfants seront certainement exposés à cette langue.

La naissance de mon premier enfant a constitué l'un des plus heureux événement de ma vie.
La naissance de mon premier enfant a constitué l'un des plus heureux événement de ma vie.

Parker Palmer, un activiste qui a écrit sur des sujets tels que l’éducation, le leadership, la spiritualité et le changement social a dit : « On enseigne ce que l’on est ». Cette maxime m’a rassuré et a confirmé que je n’ai qu’à chercher en moi ce que je veux partager avec mes enfants.

De profondes réflexions m’ont emmené à dresser une liste de mes atouts. J’ai notamment cerné quelques aptitudes qui m’ont beaucoup servi durant mon adolescence et ma vie de jeune adulte : un niveau élevé de conscience à propos de qui je suis et de ce qui m’entoure et un désir de mieux comprendre ce qui m’entoure pour mieux le partager avec d’autres. En trois mots : conscience, curiosité et partage. J’ai décidé de puiser à la source de ces aptitudes les leçons que je partagerai avec ma fille. Ce sont de ces leçons que j’aimerais vous parler ce soir, car que l’on soit parent ou étudiant, hommes d’État ou femmes d’affaires, un niveau de conscience élevé, une bonne dose de curiosité et un sens du partage s’avèreront des atouts certains dans les relations humaines.

J’ai récemment trouvé inspiration dans les paroles de la chanteuse canadienne Jann Arden : « Feet on ground / Heart in hand / Facing forward / Be yourself. » [trad. Pieds sur terre / Cœur sur la main / Droit devant / Soi toi-même]

Pieds sur terre

Pour maintenir un niveau élevé de conscience, il est justement important de garder les pieds sur terre. J’en veux pour preuve ma relation avec la pauvreté. Enfant et adolescent, j’ai grandi entre trois pays d’Afrique : le Bénin, le Cameroun et Madagascar. Si ma vie dans ces pays s’est progressivement améliorée, j’ai vu dans les rues d’Antananarivo un niveau de pauvreté que je ne pouvais concevoir jusqu’alors : enfants mendiant dans les rues ou travaillant pour gagner quelques sous et hommes et femmes sous-alimentés vivant dans des taudis. Cependant, je suis vite devenu insensible à cette pauvreté latente parce que justement elle était partout autour de moi. Insouciant, je vivais humblement mais confortablement, entouré de familles aisées. Ensuite, une fois au Canada où je suis venu poursuivre des études entièrement payées par mes parents et par des bourses, j’ai continué de naviguer sur l’océan de confort qu’offraient le cadre universitaire et une instruction sans souci financier. Je faisais du bénévolat avec des associations en développement économique communautaire, mais sans me sentir vraiment impliqué.

J'ai vu un niveau de pauvreté que je ne pourrais concevoir.
J'ai été témoin d'un niveau de pauvreté que je ne pouvais jusqu'alors concevoir.

Tout a basculé au bout de 10 ans. En stage en Équateur où je m’étais rendu pour faire du développement international, j’ai été de nouveau confronté à la pauvreté. Bien qu’ils aient de nouveaux visages, il s’agissait toujours d’enfants marchant pieds nus dans les rues et ne sachant plus jouer, ou de parents si pauvres qu’ils ne pouvaient offrir un souper à leurs familles sous prétexte que « la nuit, quand on dort, on ne dépense pas d’énergie. » J’ai d’abord été dégoûté par cette pauvreté que j’ai rejetée avec force; je n’étais plus conditionné à la voir sans réagir. Puis je me suis souvenu du Bénin, du Cameroun et surtout de Madagascar. J’ai compris ce que vivaient ces familles équatoriennes en partageant le peu qu’elles avaient. J’ai vécu, ri et joué avec elles. J’ai voulu leur donner encore plus que je n’étais censé le faire et je l’ai fait. Et surtout, je me suis souvenu d’où je venais et de ce qui a modelé la personne que je suis aujourd’hui.

Après cette aventure, j’ai ressenti le concept de pauvreté comme étant une part de moi. Je suis devenu un indigène du monde, en ce sens que c’est un concept universel. Et si je veux montrer l’importance d’un degré supérieur de conscience à ma fille, je dois me souvenir d’où je viens.

Cœur sur la main

Je me suis surpris à en vouloir aux étudiants internationaux.
Je me suis surpris à en vouloir aux étudiants internationaux!

Pour maintenir un niveau élevé de conscience, il est également crucial d’avoir le cœur sur la main. Le paradoxe de cet exemple illustre mes propos. Ancien étudiant international moi-même, je me suis surpris durant un cours du MBA de l’Université de Regina, à en vouloir aux étudiants internationaux qui, à mes yeux, ralentissaient la cadence. Principalement venus de Chine, ils ne s’exprimaient pas très bien en anglais et j’avais le sentiment qu’il fallait leur faire la faveur d’aller à leur rythme. Pour moi, ils étaient venus pour compléter rapidement une maîtrise et retourner dans leur pays, sans apporter de valeur ajoutée au Canada.

Comme ces pensées sont cruelles, surtout venant d’un immigrant! Et comme je me trompais! À un de ces étudiants internationaux qui s’excusait de son niveau d’anglais dans un travail de groupe, une de mes collègues a répondu : « Non, ne t’excuse pas : l’anglais est ma seule langue alors que te voilà en train de prendre des cours de deuxième cycle universitaire dans une langue autre que la tienne. » Qui plus est, j’ai appris plus tard que cet étudiant avait fait sa demande de résidence permanente au Canada! J’étais abasourdi. Qu'il retourne ou pas dans son pays d'origine, mes préjugés et mes suppositions m’avaient complètement aveuglé. La peur que génère le changement avait eu emprise sur moi. Je ne voyais plus les choses de la même façon que ces étudiants étrangers qui pourtant relevaient un défi auquel j’avais moi-même fait face une quinzaine d’années plus tôt. J’étais en train d’oublier les valeurs que j’avais acquises au contact de tant de gens différents entre Cotonou, Yaoundé et Antananarivo et mes autres destinations de voyage : l’empathie, l’ouverture à la différence, l’humilité, et le respect. Pourtant, si je veux montrer l’importance d’un degré supérieur de conscience à ma fille, je dois me souvenir de ce que j’ai appris.

Rester soi-même

Enfin, pour maintenir un niveau élevé de conscience, il est important de se tourner vers l’avenir tout en restant fidèle à soi-même. En Afrique francophone, j’ai rencontré de nombreux Français. Anciens colons des pays dans lesquels j'ai vécu, je posais sur eux un regard très critique, pas très ouvert, pour tout vous dire. À Montréal, j’ai fait l’amalgame des « blancs » et ai associé ce que je pensais alors des Français avec les Québécois, nuisant gravement à ma perception de ces derniers. J’ai vécu plusieurs années dans cette ville sans chercher à découvrir les Québécois. Je ne suis jamais sorti de ma zone de confort, passant tout mon temps à graviter en orbite de personnes qui me ressemblaient, notamment des étudiants étrangers, africains et… français! J’ai émis des jugements sur les habitants de la Belle Province sans même chercher à les connaître. À la fin du cycle universitaire, la plupart de mes amis africains et français sont retournés chez eux prendre la relève d’entreprises familiales et j’ai décidé de rester. En quête d’un emploi, je me suis retrouvé comme une planète sans satellite : je n’avais aucun contact local dans une ville où chaque année des dizaines de milliers d’étudiants obtiennent un diplôme de l’une des quatre universités et des nombreux collèges.

Il faut savoir reconnaître et apprendre de ses erreurs : j’ai fait une introspection et réalisé les miennes; en déménageant au Manitoba, j’ai décidé d’adopter une attitude plus ouverte et plus positive. Je suis d’abord allé vers ceux qui sont différents de moi, les anglophones et les manitobains. J’ai visité plusieurs villes et villages et je me suis fait des amis à Winnipeg, bien sûr, mais aussi de Stony Mountain à Minitonas en passant par Sainte-Geneviève. Ces amitiés m’ont permis de découvrir et d’apprécier le Manitoba, mais aussi ce que j’appelle le Canada profond. Je suis devenu un fervent ambassadeur de la culture « d’ici », un autochtone. J’ai réappris que ma façon de vivre, ma langue et ma culture ne sont pas uniques ni meilleures que celles des autres. J’ai redécouvert la musique country et les danses autochtones dans leur cadre d’origine. Je suis redevenu avide d’histoire et de géographie. Je suis redevenu la personne curieuse que j’étais avant de déménager au Canada et j’en suis très heureux : si je veux montrer l’importance d’un degré supérieur de conscience à ma fille, je dois me souvenir qui je suis.

J’aimerais vous inviter, en concluant, à sortir des sentiers battus et à émerger de votre zone de confort. Essayez d’évaluer, de prendre la mesure, de jauger l’impact que vous avez sur votre entourage. Il n’y a pas à attendre des évènements majeurs tels que la naissance d’un enfant, de grands voyages ou des accidents graves pour porter ce regard analytique sur soi et autour de soi et pour revoir et corriger nos perceptions. Car étudiants, parents, professionnels ou gens d’affaires, le fait d'être attentifs et conscients vous permettra d’éviter bien des erreurs; un niveau de conscience élevé et une bonne dose de curiosité et de générosité s’avèreront des atouts certains : j’en suis convaincu!

Du web et des amis

Pour l'être hyper social que je suis, l'une des choses les plus agréables qu'offrent la technologie et les médias sociaux, c'est justement les connections qu'ils permettent. Prendre des nouvelles de ceux qu'on aime et qui sont loin, en apprendre plus sur ce qui se passe dans leurs vies et dans le monde et... se faire de nouveaux amis. J'en ai rencontré quelques uns comme cela, par le biais d'un site ou d'un blog. En contact avec mon amie de longue date, l'auteure Ndack Kane par exemple, j'ai fait la rencontre de Khady Beye, rencontre impressionnante qui m'a permis de découvrir que la jeunesse de la diaspora africaine est très active au Canada et dans le monde et qui a renforcé mon afritude en décrépitude. Francophone, c'est avec grand plaisir que je redécouvre le dynamisme de cette jeunesse à Montréal et au Québec. J'ai ainsi rencontré l'artiste Doro Saiz et l'auteur Ryad Assani-Razaki originaires du Bénin comme moi et dont je trouve le travail simplement impressionnant. Je vous invite à voir les époustouflantes photos de "Dr D and Mr S" et à lire les délicieuses nouvelles de Ryad.

J'aime également beaucoup l'échange d'idées et la créativité que permet Internet. Je viens de lire l'entrevue de la montréalaise Khady réalisée par Mohamed Diaby qui comme moi semble être passionné par les échanges et les (nouvelles) amitiés que facilitent les médias sociaux et qui -je crois comprendre- vit en Côte d'Ivoire. Ils sont maintenant amis et peut-être que Mohamed sera un nouvel ami du pays pour le déraciné que je suis? Quoi qu'il en soit, Khady parle de cette entrevue sur son blog à elle d'une façon très touchante.

Enfin, Par le biais de Mohamed, j'ai également découvert que Ted organisait pour la première fois une conférence en Côte d'ivoire. Tous les internautes amateurs d'idées novatrices connaissent sans doute le site de Ted et les centaines de discours qu'il a en banque. Sinon, volez-y illico!

Plusieurs liens en somme, dans ce billet, plusieurs choses à lire mais "que du bonheur" pour tous les duraliens, indigènes du monde et nomades globaux, francophones et/ou africophiles qui utilisent le web pour socialiser!

Chaleureuses pensées,

Toun

Fongbé

J'ai découvert le proverbe du jour en Fon:
"Kpɛɖe kpɛɖe wɛ atan nɔ kun bo nɔ gɔ go."
(C'est peu à peu que le vin de palme s'écoule goutte à goutte et remplit la gourde. )

L’équivalence française la plus proche est :
"Petit à petit, l'oiseau fait son nid."
J'ai découvert une application très intéressante sur Facebook: Fongbé. C'est une application créée par Jolome Bénin qui fait la promotion de l'une de mes deux langues maternelles, le fon. Chaque jour, il est possible d'y découvrir des proverbes difféerents, ce qui illustre très bien la culture fon: les fons parlent beaucoup en images, de façon détournée et proverbiale pour passer leurs messages.

Le fon fait partie de la famille des langues "Gbé" et est principalement parlé au Bénin par environ 2 millions de personnes.

MedTech

La PME MedTech de cet ingénieur d'origine béninoise crée des machines qui révolutionnent la chirurgie. Parti de Montpellier, l'homme se lance à la conquête de l'Amérique

Une ergonomie optimale, des fonctions de navigation en 3D, un système de planification chirurgicale dernier cri... Rosa a tout pour elle. Et son papa, Bertin Nahum, n'en est pas peu fier. Mais si l'homme a donné à son dernier robot médical un nom de femme, « c'est parce qu'il ne faut jamais oublier que le bloc opératoire est un espace très humain. Je me suis donc dit que l'intégration du robot à une équipe chirurgicale serait plus facile s'il s'appelait Rosa plutôt que ZW38K». CQFD
Bertin Nahum sait où il va... sans oublier d'où il vient. Si cet ingénieur en robotique béninois, né au Sénégal il y a quarante ans, a quitté l'Afrique pour l'Hexagone quand il était encore bébé, il reste attaché à ses racines et se voit comme un « entrepreneur de la diversité». Des études à l'Institut national des Sciences appliquées (Insa) de Lyon scellent définitivement sa vocation : «En fin de cursus, j'ai participé à la conception d'un logiciel capable de détecter automatiquement des lésions crâniennes à partir de scanners. Ce sentiment d'utilité m'a donné envie de consacrer ma carrière aux patients, mais du côté des techniciens, à travers la création de robots susceptibles d'accompagner les chirurgiens dans leurs opérations. »
A peine diplômé, le jeune Bertin se lance donc dans l'univers complexe de l'assistance au geste chirurgical. Pendant dix années, il va faire ses armes au sein de grands groupes de robotique (IMMI, ISS, Computer Motion) associés à différentes spécialités chirurgicales : neurochirurgie, urologie, chirurgie cardiaque, orthopédique, digestive... «J'ai expérimenté l'assistance au geste opératoire dans presque tous les domaines. Je me suis rendu dans les blocs pour visualiser des premières mondiales de chirurgie assistée par ordinateur. En voyant les médecins à l'oeuvre, j'ai compris comment concevoir un robot capable de leur apporter une vraie valeur ajoutée. »

Lire la suite ici

Le marché africain aux couleurs... chinoises (Commerce sud-sud)

Sous le couvert de la solidarité sud-sud, la Chine investit de plus en plus les secteurs névralgiques de l’économie africaine, non sans piétiner des intérêts sur son passage. Gros plan sur les investissements chinois en Afrique au lendemain de la clôture à Singapour du 1er Forum économique Afrique-Asie du Sud-est (africaseac).

Le Président béninois lors d'une réception de matériels agricoles à l'ambassade de Chine près le Bénin
Le Président béninois lors d'une réception de matériels agricoles à l'ambassade de Chine au Bénin
Reblog this post [with Zemanta]

Carnet de voyage: en marchant...

“Les écoliers laborieux
Vont avec joie à leur ouvrage
Mais les élèves sans courage
Partent les larmes dans les yeux…
Allons il faut faire silence
Les jeux sont finis, mes petits amis
Voila la maîtresse qui s’avance
Sans perdre de temps
Mettons-nous en rang!”

Lundi, 8h03 du matin. Je suis à Regina depuis quelques semaines. Cette comptine de mon enfance me revient à l’esprit alors que je marche d’un pas rapide vers mon lieu de travail. Je me souviens de ces premières années durant lesquelles j’allais à pied de la maison à l’école primaire Charles Guillot A. Mes premières années au collège ont également été remplies de marches entre la maison du quartier JAK et le collège de l’Union et j’ai vite rencontré quelques amis avec qui j’ai cheminé le long des sentiers de sable, des chemins de fer et des routes de terre battue. Au Cameroun, nous allions du lycée au « TC », le Tennis Club américain, tuer le temps entre deux cours et accompagner ceux d'entre nous qui fumaient en cachette. C’est entre les sissongos (appellation pour les hautes herbes qui poussent localement) que nous cheminions alors, une torture lorsque nous étions en shorts.


Vingt-cinq ans plus tard, je trotte le long d’avenues saskatchewanaises plus larges et moins peuplées, les oreilles pleines d’un Dan Bigras québécois et le cœur en miette d’être encore plus loin des miens. J’avance vers mon boulot en me demandant quel trajet suivront mes enfants à moi, si mes pérégrinations m'ont menées si loin d'est en ouest, de Cotonou à Regina. Arrêtons-nous jamais de marcher?

Indigène, aborigène ou autochtone?

Indigène est en biologie un adjectif qui qualifie une espèce endémique dont l'évolution s'est faite dans le lieu dont on parle. (wikipedia) Vu que mon "évolution" s'est faite entre l'Afrique (ouest, centre et sud), l'Europe (ouest) et l'Amérique (nord et sud), ferais-je partie de l'espèce des "indigènes du monde"?

Indigène

(latin indigena)

adjectif et nom

1. Né dans le pays qu'il habite.

SYNONYMES : aborigène, autochtone.

2. Originaire d'un pays d'outre-mer, avant la décolonisation.


Aborigène

(latin aborigenes, de origo, -inis, origine)

adjectif et nom


1. Qui habite depuis les origines le pays où il vit ; autochtone.

2. (Avec une majuscule.) Autochtone de l'Australie.


adjectif

Originaire du pays où il se trouve. Plante aborigène.



Autochtone [otoktcn]

(du grec khthôn, terre)

adjectif et nom

Originaire du pays qu'il habite.

SYNONYMES : aborigène, indigène.


Copyright (©) Larousse 2008
Reblog this post [with Zemanta]

Hortefeux béninois

Ékoué de "La Rumeur" a dit en parlant des pays africains lors d'une interview citée sur Comprendre pour agir:

"nos pays ne sont pas souverains, la souveraineté de nos états a été bradée, ils ont mis à la tête de nos pays, des flics. L’administration française ne s’arrête pas de Lille à Perpignan, elle continue de Lomé à Cotonou à Abidjan... Eyadema, Bongo, Wade, sont des préfets pour moi, tout est géré comme des préfectures. Compare le discours de Sarkozy au Congrès Américain à celui qu’il a tenu à Dakar, tu conclueras que nos pays ne sont souverains ni politiquement, ni économiquement, ce sont des dictatures financées et armées par le pouvoir français, parce que les intérêts économiques sont à la mesure de leurs enjeux de croissance et autre, c’est pour cela que l’appellation fils d’immigré veut dire quelque chose. Pour prendre en exemple Eyadema, c'était un agent zélé de l’administration française pendant la guerre d’Algérie, qui a combattu aux côtés des français et qui s’est retrouvé président par un coup d’état appuyé par l’Elysée et par le Quai d’Orsay dans un pays qu’il a ruiné économiquement, où il a liquidé les opposants. Le Togo aujourd’hui est plongé dans la misère la plus noire alors que paradoxalement il a une diaspora extrêmement brillante avec un certain nombre d’intellectuels. Que ferait la France sans ses colonies ? C’est la question qu’il faut se poser, moi la colonisation, je n’en parle pas au passé, on est encore dans un contexte de colonisation, on n’en est pas sorti. "



Aujourd'hui, j'apprends que le Bénin a octroyé un passeport diplomatique à Brice Hortefeux, ministre de l'immigration français. Nos pays sont-ils vraiment des préfectures de la France? Comment cela ce peut-il quand les demandes de citoyenneté française de nombreux africains sont rejetées chaque année et que des milliers y vivent en situation irrégulière? N'est-ce pas déjà assez de recevoir ces ministres comme des pontes? Devons-nous leur offrir un passeport dont ils se moquent éperduement? Est-ce dans un geste de désespoir, histoire de dire "prends tout ce que nous sommes, même notre nationalité. Tout t'appartient Ô homme blanc."

Argh!!
Ma guerre des nerfs contre ce geste de Boni!!

Raïmi à Radio-Canada

http://www.radio-canada.ca/regions/manitoba/tele/Chroniques/anicale_30883.shtml

Ce sont juste quelques images, mais le reportage de Radio-Canada sur ma vie en tant qu'immigrant m'a surpris car c'est étrange de se regarder.

Radio-Canada a fait un reportage sur l'évènement organisé par l'Amicale de la francophonie multiculturelle du Manitoba, l'association qui se veut la voix des nouveaux canadiens francophones. Le Forum intitulé "Vers une communauté francophone ouverte et inclusive: les communautés ethnoculturelles et le fait francophone au Manitoba" a porté sur les défis de l'intégration et les solutions possibles par le biais de l'école, de la communauté et de ses organismes.

Philippe Dion m'a fait parler de ma vie au Québec, du Bénin et du Manitoba, plus que de l'Afrique, de l'Amérique Latine et du Canada. En terme d'emploi, il a donné un angle particulier au reportage, un angle que je voulais éviter: présenter Statistique Canada comme l'ultime emploi et l'atteinte d'un objectif pour moi. Si mon emploi à StatCan représente un objectif, c'est surtout une étape dans un cheminement particulier et si j'ai dit être heureux d'être au service de mon pays, je voulais dire mon pays d'adoption, car j'ai deux pays. C'est au service de la communauté humaine que je suis heureux de me mettre et ce, quel que soit ce que je fasse.

Il est important de savoir que j'ai quasiment "demandé" de faire ce reportage. Car si nombre de nouveaux canadiens se sont plaint de ne pas être écoutés, je me suis rendu compte que c'est parce qu'ils ne prennent pas la parole. Au Canada, la communication est un acte pro-actif. Nous sommes libres de communiquer et c'est au citoyen de prendre les devants pour s'exprimer. Comme dirait l'Économiste: "il faut continuer à (parler de ce problème) jusqu'à ce que cela bouge vraiment, même si ça bouge lentement."

Une anecdote sur laquelle Philippe Dion a mis l'accent est celle de mon changement de prénom. J'ai arrêté d'utiliser "Babatoundé" ou "Toundé" comme prénom usuel et j'ai adopté "Raïmi" pour plus d'une raison et ce reportage présente l'ultime motif, la goutte d'eau qui a fait débordé le vase. D'abord, je commençais à fatiguer de toujours devoir expliquer les origines de mon nom. Ensuite, la charge de mort qu'il porte (il rappelle sans cesse le décès de mon grand-père) commençait à peser à mon goût pour la vie. Enfin, oui, j'avais des difficultés parce que les employeurs ne pouvaient pas le prononcer. Cette dernière raison n'est pas "valide", j'aurais dû résister. Mais j'avais besoin de "refaire" peau neuve et de changer mon identité d'un point de vue psychologique aussi. L'entrevue de Radio-Canada est donc a prendre avec un grain de sel.

De toutes façons, je reste "Toun" pour les amis et la famille!

Toun