"Aklui zozo" (aklui chaud)

En Afrique de l'ouest où je suis né et où j'ai passé ma tendre enfance, les sociétés sont traditionnellement patriarcales. Un enfant mâle aide son père, ses frères et ses oncles dans les travaux champêtres, l'élevage et la construction par exemple, mais est exclus de la cuisine où sa mère, ses soeurs et ses tantes préparent les repas. Je suis né et j'ai grandi dans un cadre influencé par ses pratiques dans le sens où, à la maison, je n'avais pas comme responsabilité d'apprendre à faire la cuisine. Évidemment chaque famille est différente et certains parents voient les choses d'un autre oeil.

Cependant, je me suis retrouvé bien démuni lorsqu'étudiant, je devais planifier et concocter mes propres repas. Peu à peu, j'ai oublié le goût de certains mets de mon pays, mettant ma partielle amnésie gustative sur le coup de l'intégration nécessaire d'un immigrant et de la maigre fréquence de mes voyages de retour. Ah! Le retour! D'autre part, ma peur de l'aventure culinaire m'a cantonné aux mets que mes proches me faisaient découvrir, loin de ceux de mon enfance.

Littéralement en "manque" de ces saveurs et de ces goûts, je commençais un peu à déprimer et j'ai décidé d'en parler à une cousine qui habite Ottawa depuis plus de dix ans. Elle m'a fait découvrir Vanier, un coin particulier de ma nouvelle ville d'adoption. À Vanier, on trouve des restaurants et des magasins offrant des ingrédients et des produits de "chez nous" tels que YKO Charcoal & BBQ Chicken (375 McArthur, 613-747-8947) et All Africa Market (6-411 McArthur, 613-244-0325). C'est ainsi que j'ai pu acheter et préparer du aklui et du tapioca, farines à base de maïs et de manioc servant à faire des bouillies délicieuses. J'ai également acheté du piment que ma cousine m'a appris à préparer et à conserver, du attiéké, mets à base de manioc que nous avons aussitôt dégusté avec un poulet roti au goût inimitable!

Quelle joie de savoir que je peux partager ces saveurs avec mes enfants, nés ici!

Aucun commentaire: