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Adieu mon pays

Cette chanson d'Enrico Macias m'a rendu nostalgique et j'ai eu du mal à trouver une photo ou une image qui représente mon pays natal, tel qu'il est dans mes souvenirs. À la place, j'ai choisi cette photo prise il y a quelques années au cours d'une de mes nombreuses "haltes". Car après tout, voyageurs en transit, nous ne faisons que passer par les endroits que nous habitons.

  
"Adieu mon pays" photo: r. osseni

Is Canadian multiculturalism a real success story

Source: http://esl-multicultural-stuff-page4.blogspot.ca/
I came across this infographic created by Olson about multiculturalism in Canada. The article talks about the fact that "the trend toward a growing religious, ethnic, racial, and linguistic diversity means that there are sizable visible minorities in Canada" and for the author, "immigrants and minorities are a source of experience and knowledge. Cultural interaction increases tolerance."
It is not always the case, however, and research shows, for example, that there is still a lot of discrimination against immigrant on the job market, in Quebec, with close to half of immigrant women (46%) earning 90% of their native counterpart and 60% of the salary of native quebecer men. 

Vie (vide) de Diaspora


Il y a exactement trois ans, j'ai entamé ce billet. Je viens de le terminer pour votre plus grand plaisir.


"Winnipeg, Octobre 2012

Il y a quelques années, j’ai invité une amie qui habite dans une de ces belles capitales d'Afrique de l'Ouest, à me rejoindre dans la vallée de la Rivière Rouge, où moi j’habitais. 


La rivière Rouge est une rivière d'Amérique du Nord qui marque la frontière des États du Minnesota et du Dakota du Nord. Elle a de particulier qu'elle se jette dans le lac Winnipeg situé dans la province du Manitoba, au Canada. Il ne faut pas la confondre avec la rivière Rouge du Québec.  

Mon amie m’a expliqué qu’elle voudrait bien venir me voir mais que cela coûtait encore plus cher d’acheter un billet de son pays vers le Canada que l’inverse. Voici ce que j’ai répondu :

Source: www.postcolonialstudiesassociation.co.uk
« C'est un mythe basé sur l'idée que cela prends plus de francs CFA (FCFA, la monnaie utilisée en Afrique de l'ouest) pour faire un dollar, et que comme on vit en dollars, c'est plus facile. Seulement, tu ne connais peut-être pas le coût de la vie ici. Nous gagnons plus (en FCFA) mais dépensons également plus: un hamburger au McDonald coûte 4$ soit 2.000FCFA sur une base de 1$/500FCFA. Combien coûte un burger là où tu vis? N'est-ce pas le même ordre de prix?

Pour un salaire annuel net de 20.000$ (10.000.000FCFA) si tu dois payer ton appart à 600$ mensuel ou 7200$ annuel (3.600.000FCFA) l'eau, l'électricité et le chauffage 75$ mensuel ou 900$ annuel (450.000FCFA) et le transport en commun 100$ mensuel ou 1200$ annuel (600.000FCFA), le panier de nourriture (500$ mensuel ou 6000$ annuel ou 72.000FCFA) il te reste exactement 4700$ (2.350.000FCFA) pour l’année soit 391$ (195.500FCFA) par mois pour payer le téléphone cellulaire, la télé, quelques sorties, tes études supérieures (entre 600$ (300.000FCFA) et 2000$ (1.000.000FCFA) par cours pour un programme de 10 cours). Déjà là, tu t'endettes…

Alors, comment aller te voir, à 2.000$ (1.000.000FCFA) le billet plus les dépenses sur le terrain, sans compter que tu continues de payer ton loyer et autres frais ici. Ces calculs sont basés sur le coût de la vie dans une ville canadienne où la vie coûte moins cher. Essaie Toronto ou Vancouver...

Ce n'est pas facile ici non plus, cousine... »

Mes calculs étaient rapides, et peut-être grossiers. J’ai essayé de brosser un portrait de la vie d’une partie de la Diaspora, celle qui souffre de ne pas pouvoir rester aussi connectée qu’elle le voudrait au Continent. J’ai essayé de démontrer qu’ici comme ailleurs, la vie est un champ de bataille quotidien et que peu importe où on est, l’argent reste le nerf de la guerre qu’on y mène pour survivre. J’espère y être arrivé."


J'ai quelques amis économistes et c'est vers eux que je me tournerai pour "résoudre" cette équation. Quant à vous, qu’en pensez-vous ?

Fêter 45 anniversaires à la pizzeria du coin: une autre forme de migration

Hier nous avons célébré l’anniversaire d’un collègue. La soixante d’employés que nous sommes dans mon immeuble s’est retrouvée autour de pizzas, de fruits et de boissons gazeuses. Nous lui avons fait une surprise qu’il a beaucoup appréciée : la pizza avait été commandée et livrée par un restaurant qu’il fréquente depuis 45 ans! Au cours du déjeuner, il a parlé de son appréciation de ce restaurant, et du fait qu’il est né et a grandi dans ce quartier, le même dans lequel se situent nos bureaux.

La pizzeria du coin Source: www.linternaute.com
J’ai été frappé par cette révélation et par la relation de mon collègue à un lieu géographique. Il y a plusieurs semaines, je découvrais qu’une de mes amies, professeur d’université, était l’une des rares personnes que je connaisse qui enseignent à l’université dans la ville où ils sont nés et où ils ont grandi.

J’avais oublié qu’il existe encore des personnes attachées à un endroit précis, une ville, un quartier, un bloc, des rues, des personnes qui auraient pu choisir d’aller ailleurs et qui ne l’ont pas fait, des personnes qui, vraisemblablement le resteront toute leur vie.

Nous autres, migrants perpétuels ou immigrants d’une fois, nous autres « étrangers », « Mopaya », n’avons pas le même rapport au lieu. Pour des raisons diverses qui bien trop souvent nous dépassent, nous avons quitté ces endroits chers à nos cœurs pour nous attacher à de nouveaux paysages. Et quand, par chance, par choix ou par obligation, nous retournons vers les contrées de nos vies passées, ces coins que nous avons quittés enfants, adolescents ou jeunes adultes, nous sommes souvent déconnectés.

Les endroits changent et se métamorphosent. Ils ont changé quand nous y retournons,  et nous de notre côté, avons évolué. Le décalage dans l’espace, la distance de la migration, apparait également comme un décalage dans le temps. Ces places, ces lieux, ces espaces n’existent plus que dans nos mémoires. Nous n’aurons plus jamais l’occasion de les visiter, comme la pizzeria de mon collègue : cette tradition est disparue.

Il nous restent les goûts et les odeurs, bien que les parfums et les saveurs changent eux aussi...

Nostalgie! Panique! Que faire alors face à ce vide? Pour plusieurs, je sais qu’il s’agit de revenir souvent pour « rester ancré. » Revenir vers la terre natale, cultiver les liens avec les familles tout en s'enracinant dans cette nouvelle vie. Pour d’autres, au contraire, il faut simplement créer de nouvelles traditions, apprendre à aimer les lieux qu’on fréquente et les parfums qu’on respire. Il faut vivre au présent, en somme, et laisser le passé derrière, par choix ou par nécessité, même si on le chérit et qu’on en entretient la mémoire. Le temps n’est-il pas ainsi fait, de toute façon, que tout change constamment autour de nous?

Ceci dit, pour moi, tout cela est trop éphémère et je suis de ceux -j'en connais peu- qui se créent une troisième voie: toujours recommencer.

En attendant de nouveaux mots

Source: laclassebleue.fr
Désolé de ne pas mettre à jour ce blog ces derniers mois. Vos contributions sont cependant bienvenues, si vous voulez les y publier. C'est un espace pour tous les Mopaya de ce monde, tous les étranger(e)s, tous les transitaires, les migrant(e)s, les aventurier(e)s.

"Écrire, c'est peindre des mots..."



Third Culture Kid (TCKid ou TCK)

Parmi mes nouveaux amis, il y a des TCKids... qui ne savent pas ce que c'est qu'un TCKid!! J'ai donc pensé à faire un "rappel" ici. Comment ne pas partager cette vidéo qui se trouve sur la page principale du site web www.tckid.com. En passant, merci à Napo et à AAA (qui se reconnaîtront) qui m'ont fait découvrir et qui ont rappelé ce terme et ces ressources à ma mémoire.

"D'où viens-tu?
- Well... ma langue n'a pas de mère...
Avant de savoir marcher, je savais voler..."

À tous ceux qui peuvent se sentir chez eux n'importent où dans le monde, ceux qui ont du mal à s'engager parce qu'ils sont conscients que rien n'est durable, à tous ceux qui parlent plusieurs langues, ont développé une grande empathie et une belle humilité, et souffrent d'être toujours si loin de leurs amis... Je vous invite aussi à aller voir ce documentaire. L'introduction est vraiment bien faite et on y découvre que les défis des TCKids sont, toute somme, universels.



MBA gratuit pour immigrants professionnels


Contribution spéciale de Fatymah

Fatymah est arrivée en Outaouais au Québec en janvier 2012 avec son mari et ses deux garçons. Dans cette nouvelle lettre adressée à une amie qui vit dans son pays d'origine, Fatymah qui en est à sa deuxième contribution à IDM, parle des défis liés à son intégration professionnelle.


Chère amie, 

Aujourd’hui, c’est le premier dimanche marquant la fin de ma première année à titre d'étudiante-épouse-mère-professionnelle-jeune femme. Ai-je oublié une de mes casquettes? Est ce dans le bon ordre?!

Ce fut une année belle, joyeuse et triste à la fois, excitante et stressante, riche en émotions, en pleurs et en leçons de vie. Elle a commencé dans la joie avec mon admission au programme de Maitrise en administration des affaires (MBA) qui sera un défi quotidien jusqu'en juillet 2014 Inch'Allah. D plus, quelques semaines plus tard, j'avais l'honneur d'être le témoin de mariage de mon ami et frère M., lors d’un bref séjour en Afrique. Ce voyage a été marqué par des actions de grâce et l’allégresse des retrouvailles avec la famille et les amis.

Ensuite, pendant sept mois, de septembre 2012 à mars 2013, j'ai couru en vain après un équilibre famille-travail-MBA. J'ai usé de toutes mes tactiques de planification, d'organisation et de stratégie "militaire": menu d'un mois, plats préparés à l'avance, délégation d'autorité maternelle, agenda avec des plages pour les imprévus, chronomètre pour mes travaux à la maison sans avoir le succès escompté parce que j'ai négligé l'impact considérable de la donne la plus importante de ce système : l'Homme.

Je n’ai pas tenu compte de l’importance de mes limites physiques et intellectuelles, des besoins affectifs de ma meilleure moitié et de mes garçons qui ne comprenaient pas toujours mon absence les soirs et les weekend ou qui étaient surpris de me voir à la maison (« Maman, tu ne vas pas à l'école? » « Maman, as-tu des jouets dans ton école? »), des membres de mon équipe MBA dont chacun veut faire valoir son opinion peu importe la perte de temps et d'énergie (ce n’est pas toujours commode le travail d'équipe entre professionnels expérimentés), de certains professeurs qui ne savent pas que les étudiants travaillent durant leur formation, ni de ma vie sociale canadienne et ivoirienne à entretenir...

J'ai célébré mes premières fêtes de fin d'année en tant que maitresse de maison tranquille dans mon salon, sans aucune festivité, les cadeaux de Noël ayant même failli ne pas être emballés par les livreurs du père Noël. J'ai lutté contre la neige et le froid de l'hiver canadien, et parfois regretté le confort de notre ancien appartement où je n’avais pas à me préoccuper du déneigement.
Source: http://thesocietypages.org/sociologylens/2008/12/

Et puis, j'ai pleuré, beaucoup pleuré certains moments. J'étais à bout de forces. Mes nerfs me lâchaient. J'étais frustrée de ne pas avoir d'aide en claquant des doigts comme au pays. J'ai pleuré lorsque je vivais une "injustice" de mon pays d'accueil. J'ai pleuré avec ma sœur A. (que Le Seigneur te fortifie et demeure toujours dans ta maisonnée) qui a perdu son mari. Quelle douleur! Cet épisode m'a ramené 10 ans en arrière vers celui du décès de mon cher et tendre Papa. J'ai pleuré d'inquiétude à cause de bobos ici et là.

Finalement, j'ai abandonné ma quête d'équilibre famille-travail-MBA pour parer aux urgences. Fini l'étudiante modèle qui prépare tous ses cours, la mère modèle qui n'emmène jamais ses enfants au Mc Donald, l'employée consciencieuse qui ne manque jamais à l'appel...

Merci Seigneur d'avoir toujours été tout près de moi, jamais l'idée d'abandonner n'a traversé mon esprit. Merci à mes trois gars pour leur patience, leur compréhension, leur tolérance à mon stress et leurs câlins. Merci aux amis d'ici particulièrement la famille O. pour leurs soupers et leur maison transformée parfois en garderie. Merci à ma famille et mes amis du pays pour leurs mots d'encouragement et les « affairages » qui venaient briser ma routine de stress.

Enfin, l'été tant attendu est là avec ses vagues de chaleur (40°C). Rien de prévu à l’horizon, à part quelques travaux de MBA peu urgents. Je peux enfin prendre simplement le temps de respirer, de vivre calmement et d'offrir un beau sourire à la vie (don de Dieu).

A tantôt,

Fatymah

Choix

Photo: UQÀM
Il y a quelques semaines, j'ai retrouvé une amie de longue date. Je l'ai "attrapée au vol", je l'ai surprise en plein déménagement car elle quittait l'Europe pour l'Océanie. Notre correspondance est courte, hachée par les mille et une activités de nos vies quotidiennes entre adaptation, recherche d'emploi et vies de famille et de voyage. Comment se redécouvrir, en ligne, après près de 20 ans de séparation? Je l'aime beaucoup et le jeu, à mes yeux, en vaut la chandelle. Mon amie semble partager mon enthousiasme car elle prend le temps de nourrir cet échange électronique. Il y a quelques jours, elle m'a demandé: "La question qui me vient concerne ton choix de pays de résidence: pourquoi le Canada? Surtout pour toi qui vient d'un pays chaud."

Il y a longtemps que je médite sur cette question. J'ai souvent expliqué mon choix par un désir égoïste de vivre dans un milieu où tout est plus "facile" et "accessible" que là d'où je viens. Cette réponse néanmoins me laisse insatisfait car je suis capable de vivre sans le "facile" et l'"accessible". La réponse est donc incomplète et j'ai répondu ceci, beaucoup plus proche de la vérité que la théorie du "choix égoïste", à mon amie.

"Tout a commencé parce que ma famille y voyait une meilleure opportunité que la France, mon premier choix parce que je vous y aurais tous retrouvé. La France sentait trop le roussi avec les histoires de racisme et de discrimination.  

Métro de Montréal 2012

Une fois sur place et mes études terminées, j'ai décidé de rester. D'abord parce qu'on s'attache à la terre qui nous accueille: Montréal m'a ouvert grand les bras. Amoureux des langues, j'ai pu parler fon et français, espagnol et anglais et j'ai pu, dans le même souffle, apprendre à parler japonais et arabe; j'ai marché sur les docks un soir et fréquenté des boîtes de nuit huppées le soir suivant. J'ai croisé des stars du cinéma, découvert d'une part le jazz et les filles et d'autre part l'importance de la foi, de l'écriture, de la famille et de la photographie dans ma vie; les nouveaux amis que je me faisais, voyageurs de passage, étudiants ou professeurs venaient de partout dans le monde, je n'avais plus besoin de voyager pour les rencontrer. Je me suis attaché à Montréal pour ces raisons, et donc un peu au Canada.

D'autre part, quelqu'un m'a dit il y a plusieurs années que je semblais toujours chercher quelque chose. Cette affirmation me hante toujours parce que j'ai peur qu'elle soit vraie. Si c'est le cas, j'ai besoin de me déplacer et de continuer à chercher. Quand fatigué de Montréal je suis enfin parti en vacances (et en quelque sorte, en exploration) en Europe et en Afrique, et que j'ai pris de la distance -au sens littéral et philosophique du terme- par rapport au Canada, j'ai réalisé que cette terre que j'avais ainsi une chance de fuir en m'installant ailleurs, correspondait parfaitement à ce dont j'avais besoin car elle était vaste et, en un sens, vierge. Ce pays me permettait d'explorer, de migrer, de bouger, de découvrir, en un mot de continuer ma quête sans avoir à quitter les frontières nationales. Je ne pouvais décemment pas m'éloigner des dix provinces et des trois territoires qui forment le Canada parce que je me sentais mal dans une ville, c'était trop bête. Connais-tu la fable de La Fontaine, le laboureur et ses enfants? Il me fallait chercher mon trésor ici d'abord. J'ai migré à Winnipeg et j'ai découvert le Manitoba, la Saskatchewan puis les autres provinces. Les années de bonheur que j'y ai vécu ont conforté mon idée qu'il y avait tellement de différences d'une région à une autre que j'aurais à peine de toute une vie pour faire le tour de ma nouvelle patrie. Au fil du temps, je découvre, comme les enfants du laboureur, que le bonheur est plus dans la quête que dans l'objet de cette dernière...

Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
Le froid quant à lui ne m'a jamais dérangé. D'ailleurs, il a fait plus froid dans les plates Prairies canadiennes où le vent souffle encore plus fort, que partout ailleurs. C'est un peu comme dans une relation amicale, fraternelle, professionnelle ou amoureuse. Vu que personne n'est parfaite, on fait des compromis et parfois, on en arrive à aimer les défauts de l'autre car ils le rendent unique. J'ai vite compris que si je n'acceptais pas le froid -et donc ma terre d'accueil comme elle est, je n'avais qu'à retourner d'où je venais. J'ai compris que je n'avais pas à me plaindre et, surtout, après plusieurs années, j'ai compris que je pouvais faire mieux et même apprivoiser ce froid qui distingue si bien mon nouveau pays de tous les autres, en m'habillant bien et en faisant des activités d'hiver. Non, l'hiver ne m'a pas repoussé. Il m'a attiré au contraire car, comme tu l'indiques, je suis né dans un pays chaud. C'est ce que je ne suis pas, ce que je ne sais pas, ce que je connais mal, qui m'attire le plus. Nomade comme toi, petit pionnier des temps modernes, j'aime encore plus aller où personne autour de moi ne veut. 

Permets-moi, amie, d'utiliser cette lettre sur le blog que je tiens et par lequel je veux partager un peu de ce moi dont je viens de te livrer un pan. 

Bises, et à la prochaine question."

Moi, canadien de souche et champion de l'immigration pour... le futur de MES enfants



Comment devient-on un champion de l'immigration? Quelles motivations peuvent-elles justifier de se lancer dans la bataille pour cette "cause" et de vouloir, noblement, aider réfugiés, immigrants économiques, sociaux et autres migrants, à s'installer chez soi?

Au Canada, l'enjeu de la taille et de la croissance de la population est d'abord économique. L'indice synthétique de fécondité est passé de près de 4 enfants par femme au début des années 1960 à 1,49 enfants par femme en 2000 et 1,7 en 2009. Le mode de vie urbain trépidant, la place de la femme sur le marché du travail et les crises économiques ne facilitent pas l'accroissement naturel. Il faut donc, pour accroître la population active, compter sur l'immigration. Pourquoi? Parce que la population active soutient par ses taxes et ses impôts le gouvernement, les jeunes et les personnes âgées. C'est donc, du point de vue du gouvernement canadien une question de survie nationale.

D'autre part, une infime partie -décroissante avec les nouvelles politiques d'immigration- des immigrants sont acceptés pour des raisons "humanitaires" et viennent désormais surtout ... des pays d'Afrique et d'Asie.

Art DeFehr, homme d'affaires manitobain est décrit par le Globe and Mail comme un champion de l'immigration. Cependant c'est la motivation profonde de DeFehr qui me laisse pantois, ce n'est pas son expérience des camps de réfugiés ni son désir d'aider ces derniers mais le désir de garder ses enfants auprès de lui au Manitoba qui lui a fait contribuer à créer une province qui vibre et qui attire. En somme, encore une fois, l'immigrant n'est qu'un payeur de taxes qui contribue au bien-être économique du pays.

 C'est clair qu'il y a des avantages pour celui-ci. Un pays tranquille, des lois qui sont respectés, la relative sécurité, la possibilité d'élever sa famille en paix, d'envoyer de l'argent au pays et de travailler. Mais à quel genre d'emplois les immigrants peuvent-ils vraiment aspirer? Quelles sont leurs chances d'occuper des fonctions de choix au sein des entreprises et des administrations? Quel pourcentage d'entre eux réussit vraiment à se tailler une place de choix dans l'univers professionnel de leur pays d'accueil et à quel prix? Les histoires à succès d'immigrante devenue Gouverneure Générale du Canada et de "parcours réussis" sont une infime minorité comparé à celles de titulaires de doctorats et de médecins devenus chauffeurs de taxi. Il y a d'ailleurs surreprésentation des immigrants au sein de cette profession comme le démontre une étude de Citoyenneté et immigration Canada: "La conduite d’un taxi s’est avérée être l’emploi principal de 255 personnes titulaires d’un doctorat
ou d’un diplôme en médecine (ou un domaine connexe), dont 200 immigrants. Des 6 040 autres
chauffeurs de taxi qui détiennent un baccalauréat ou une maîtrise (12 %), la majorité sont
immigrants (80,7 %). En outre, parmi tous les chauffeurs de taxi immigrants, 20,2 % ont au
moins un baccalauréat; ce taux est quatre fois moins élevé chez les chauffeurs de taxi nés au
Canada (4,8 %)."


Ici non plus ce n'est pas facile, cousine

Le Manitoba - source Wikipedia

Il y a quelques années, j’ai invité une amie de Cotonou à me rejoindre dans la vallée de la Rivière Rouge ou j’habitais. La rivière Rouge est une rivière d'Amérique du Nord qui marque la frontière des États du Minnesota et du Dakota du Nord. Elle a de particulier qu'elle se jette dans le lac Winnipeg situé dans la province du Manitoba, au Canada. Il ne faut pas la confondre avec la rivière Rouge du Québec.  

Mon amie m’a expliqué qu’elle voudrait bien venir me voir mais que cela coûtait encore plus cher d’acheter un billet du Bénin vers le Canada que l’inverse. Voici ce que j’ai répondu :

« C'est un mythe basé sur l'idée que cela prends plus de francs CFA (FCFA, la monnaie utilisée en Afrique de l'ouest) pour faire un dollar, et que comme on vit en dollars, c'est plus facile. Seulement, tu ne connais peut-être pas le coût de la vie ici. Nous gagnons plus (en FCFA) mais dépensons également plus: un hamburger au McDonald coûte 4$ soit 2.000FCFA sur une base de 1$/500FCFA. Combien coûte un burger à Cotonou? N'est-ce pas le même ordre de prix?

Pour un salaire annuel net de 20.000$ (10.000.000FCFA) si tu dois payer ton appart à 600$ mensuel ou 7200$ annuel (3.600.000FCFA) l'eau, l'électricité et le chauffage 75$ mensuel ou 900$ annuel (450.000FCFA) et le transport en commun 100$ mensuel ou 1200$ annuel (600.000FCFA), le panier de bouffe (500$ mensuel ou 6000$ annuel ou 72.000FCFA) il te reste exactement 4700$ (2.350.000FCFA) pour l’année soit 391$ (195.500FCFA) par mois pour payer le téléphone cellulaire, la télé, quelques sorties, tes études supérieures (entre 600$ (300.000FCFA) et 2000$ (1.000.000FCFA) par cours pour un programme de 10 cours). Déjà là, tu t'endettes…

Alors, comment aller au Bénin, à 2.000$ (1.000.000FCFA) le billet plus les dépenses sur le terrain, sans compter que tu continues de payer ton loyer et autres frais ici. Ces calculs sont basés sur le cout de la vie dans une ville moins chère. Essaie Toronto ou Vancouver...

Ce n'est pas facile ici non plus, cousine... »

Mes calculs étaient rapides, et peut-être grossiers. J’ai essayé de brosser un portrait de la vie d’une partie de la Diaspora, celle qui souffre de ne pas pouvoir rester aussi connectée qu’elle le voudrait au Continent. J’ai essayé de démontrer qu’ici comme ailleurs, la vie est un champ de bataille quotidien et que peu importe où on est, l’argent reste le nerf de la guerre qu’on y mène pour survivre. J’espère y être arrivé. Qu’en pensez-vous ?

D'Abidjan à Aylmer


Contribution spéciale de Fatymah

Fatymah est arrivée en Outaouais au Québec en janvier 2012 avec son mari et ses deux garçons. Dans cette lettre adressée à une amie qui vit dans son pays d'origine, Fatymah décrit une partie de son quotidien et parle des défis liés à l'intégration et à l'éducation des enfants dans une famille immigrante.


Ma très chère amie,

J'ai passé une agréable journée qui pourtant, se termine sur une note de tristesse. J'ai dit au revoir, ou plutôt adieu, à certaines personnes avec lesquelles j'ai passé de bons moments et que je ne reverrai plus.

Ma journée a commencé avec la dernière activité de la « classe des Chevaux », l'année scolaire s'achève la semaine prochaine. J'assistais mon cher Pierre-Yves, qui est la vedette de sa classe pour la semaine. Je me suis rendue compte que ses amis ont tous grandi, qu’ils suivent tous bien les consignes de la prof et que mon fils a trouvé sa place dans ce groupe. J'ai assisté à un exercice de préparation à la classe suivante, la première année. Eh oui! Les enfants ne sont plus des « bébés lala ».



C’est couchés sur le sol qu’ils ont fait l’exercice de l'écriture, pour muscler leurs dos, ce qui n’a rien à voir avec le « b-a-ba » de notre temps. Chaque élève devait dessiner les passagers d'un train selon les consignes lues par la maitresse. Pour les bavards comme Pierre-Yves, pas de pieds au mur, pas de « va au coin », mais plutôt des minutes d'atelier perdues. Les pauvres avaient l’air tout tristes de regarder leurs amis jouer en attendant leur tour.

C’est à contrecoeur que j'ai dû les quitter pour me rendre au party (1) du Centre action bénévole d'Aylmer qui met fin aux activités de l'année. De mars à juin, J'ai fait du bénévolat 5h par semaine auprès des personnes âgées. Autre lieu, autre décor. Retrouvailles chaleureuses avec mes collègues bénévoles dont une mauritanienne à l'accent ivoirien et une béninoise nouvellement rencontrée. Les pièces ont été décorées pour l'occasion, nous (bénévoles et personnel du centre) avons accueilli les membres dans la bonne humeur. Beaucoup d'absents, je crois que tout le monde n'aime pas les au revoir. Au menu, diner (2) santé: sandwich, légumes crus et trempette. Après le dessert, un groupe musical s'installe et le show qui va durer deux heures commence. Les membres du centre reprennent les refrains et rejoignent la piste de danse malgré leurs bobos. C'est beau de les voir revivre leur jeunesse à travers ces chansons.

Même les bonnes choses ont une fin, il faut ranger et se séparer. Les plus chanceux ont reçu des cadeaux des amis, et on se donne rendez-vous en septembre pour la reprise des activités. Merci à ce centre qui m'a offert ma première expérience de travail québécoise car faire du bénévolat et s'impliquer dans sa communauté apporte un plus au curriculum vitae.


Après huit mois jour pour jour, je rends grâce à Dieu de cette adaptation et de cette intégration qu'Il a facilitée, à commencer par la douceur de notre premier hiver. Oui, le Canada est un pays qui offre des opportunités aux nouveaux arrivants. Il faut cependant rester à l’affût des bonnes informations, se rendre dans les organismes appropriés, aller vers les autres, accepter de commencer au bas de l'échelle. Peu importe, une première expérience de travail de trois mois dans un centre d’appel jouera sûrement en ta faveur lors de la présélection pour un poste dans ton domaine. L'ambiance de travail dépend de l'entreprise. Dans mon cas, elle est plutôt très professionnelle, avec peu de familiarité. Le boulot c'est le boulot, l'heure c'est l'heure. J'ai été estomaquée d'entendre un collègue refuser du boulot de la « Sup’ » parce qu'il devait rentrer chez lui à 16h30.

Ici, nous reconstruisons notre réseau social. Nous avons rencontré deux familles sympa que nous fréquentons régulièrement: une ivoirienne et une afro-canadienne (ils sont super sympa). C'est le fun de voir les enfants s'amuser et la dernière sortie à « Tubes et jujubes » a même permis aux parents d'essayer des glissades!

Les garçons ont bien grandi, Pierre-Yves parle québécois et Kyle affirme sa personnalité (refus d'obéir, volonté de faire certaines choses lui même, refus d'être « le plus petit »...). Ils ont mieux survécu au changement de mode de vie que leurs parents même si l'heure d'aller au lit pose toujours problème. Malgré les injonctions des parents, ils résistent jusqu'à épuisement et pleurent quelques heures plus tard, au réveil.

Du lundi au vendredi, c'est le rush au réveil afin que tout le monde soit à l'heure au boulot, à l'école et à la garderie. Le soir, tout (souper (2), douche, lecture de mails) se passe au pas de course pour se coucher tôt. Nous n'avons pas encore réussi à ajouter des activités artistiques ou sportives en semaine comme les canadiens. Le week-end, c’est ménage, lessive et épicerie, sorties au parc ou visites aux amis lorsque les parents ne sont pas trop fatigués. C'est épuisant de bosser et s'occuper des enfants et de la maison en même temps. Pas de « Awa », de « Mariam » ou de « Célestine » pour déléguer les tâches ménagères et tu peux être sure que tout est fait comme tu veux. À Ottawa, j'ai découvert un magasin de produits tropicaux aux odeurs du marché gouro de chez nous. Je me suis rendue compte que ça coûte un peu de retrouver les saveurs de son pays.

 
Il reste encore beaucoup de choses à découvrir, à apprendre, à apprécier, à s'approprier. Je te remercie pour ton soutien et tes prières.
Que Dieu veille sur nous.

P.S.: Peu importe la couleur de la peau, les hommes sont pareils. Les canadiens commettent des infractions routières, certains canadiens sont très « affairés » (ils appellent ça la curiosité) et, si j’ai bien compris l’actualité rce les politiciens empêchent les employés d'exercer leur droit de grève.

P.P.S. : Certains termes vont te sembler nouveaux. (1) Party = fête (2) petit-déjeuner, déjeuner et diner sont appelés ici déjeuner, diner et souper.

Trailwalker 2011



Certaines organisations non-gouvernementales internationales (ONGI) n'ont plus à être présentées. La prolifération de crises de tout genre, tremblements de terre, conflits armés qui s'éternisent, inondations et plus récemment famine, les poussent à nous rappeler notre devoir d'aide envers les plus démunis. En effet, 95% de la population mondiale n'a pas accès à l'eau courante, l'électricité, un toit, l'éducation, des vêtements et de la nourriture à volonté.

Parmi ces organisations, Oxfam fait figure de proue de par sa longévité et de par la qualité des actions qu'elle a menées.

Au Canada, Oxfam Canada (OC) organise chaque année une activité de levée de fonds d'envergure: Trailwalker. Les participants doivent, par équipe de quatre, franchir un trajet de 100km en randonnée sur route, en forêt et sur d'autres types de terrain.  Le week-end dernier, j'ai assisté à la troisième édition de cette activité dont l'objectif est également d'accroître la visibilité d'OC et de faire prendre conscience des enjeux qui minent la planète. Plus spécifiquement, OC met l'accent sur les droits de la femme et l'égalité des genres.

Trailwaker a justement rappelé à l'indigène du monde que je suis, une partie de ses racines. J'ai pensé aux millions de femmes, d'hommes et d'enfants qui parcourent des kilomètres sans équipe de soutien, chaussures de randonnées ou bâtons de marche pour aller chercher de l'eau, de la nourriture ou encore plus de sécurité. Ces images m'ont aidé à motiver mon équipe et les marcheurs. Ces images m'ont renforcé dans le désir d'accomplir Trailwalker pour moi, mais aussi pour eux: chaque équipe a un objectif minimum de levée de fonds de 2.500$ et cette année, trois équipes ont récolté plus de 10.000$ chacune pour les programmes d'OC en Afrique, en Asie et dans les Amériques!

Le vélo immigrant

J'ai commencé à utiliser le vélo comme moyen de transport à Montréal il y a environ dix ans. Aujourd'hui à Ottawa, je suis ravi de la quantité de pistes cyclables qui traversent la ville. Mais j'ai fait, au risque de trop généraliser, un triste constat: "vélo" ne semble pas plus aller ensemble avec immigration que "randonnées pédestres", "hockey" ou "sorties en montagne".

Une chronique de La Presse préparée par Rima Elkouri a attiré mon attention ce matin. Il s'agit d'une histoire d'immigration, comme je les aime, qui, comme je les aime, nous fait rêver. Elle commence comme bien d'autres, dans le fonds: "Originaire de Dakar, au Sénégal, Papa Amadou a déposé sa valise pour la première fois à Montréal en 2003. Diplômé en médecine, il rêvait de faire de la neurochirurgie. Comme bien d'autres avant lui, il raconte s'être heurté à un mur, incapable de faire reconnaître ses diplômes. Pour gagner sa vie, il a dû se résigner à exercer différents petits boulots. Plongeur, exterminateur, courrier à vélo..."

Puis il y a le constat, similaire au mien: "C'est en sillonnant Montréal à vélo pour y livrer du courrier, été comme hiver, qu'il s'est rendu compte d'une chose: il était bien souvent le seul Noir à bicyclette. Dans les quartiers à forte concentration immigrante, que ce soit Côte-des-Neiges ou Parc-Extension, rares étaient les immigrés comme lui qui circulaient à vélo."

Papa Amadou pense à une solution et crée Caravane (http://www.velocaravane.org/) un vélo-école ambulant pour adultes. "la meilleure façon d'apprendre, vous dira Papa Amadou, ce n'est pas de mettre des petites roues à l'arrière. Il faut d'abord apprendre l'équilibre. Le mieux, c'est d'apprendre sans pédales. Une fois l'équilibre maîtrisé, on n'y pense plus. C'est alors le moment d'apprendre à pédaler.

La philosophie derrière tout cela: "C'est un peu comme immigrer, finalement. Retrouver son équilibre. Pédaler. Et finir par aimer ça."

(Photo: Alain Roberge, La Presse)

Malaika

Sur le blog "Africa is a Country", je viens de découvrir un billet très intéressant. Miriam Makeba chante Malaika et me fait rêver à ces heures de mon enfance durant lesquelles je me prélassais sur la terrasse de l'appartement de mes parents en les écoutant discuter avec leurs amis. La radio a toujours fait partie de ma vie et avec elle, la musique du continent africain à laquelle elle éveillait mes sens. Aujourd'hui, c'est avec plaisir que je me rappelle les airs qui font la trame sonore de mon existence.

Dans cet extrait video cependant, au delà de la voix et des souvenirs qu'elle évoque, c'est le regard de la chanteuse, si intense, sa coiffure royale, ses boucles d'oreilles et son port altier qui m'émeuvent profondément. L'enfant que j'étais là-bas connaissait et aimait la musique, la chanson. L'homme que je suis, ici, apprécie aussi désormais le charme de la femme derrière la voix. L'indigène du monde voit un sens au tracé parfois insensé du chemins de nos vies. 

Un maire d'origine ghanéenne en... Slovénie

Piran (Panoramabild von der Stadtmauer) Vorne ...Image via Wikipedia

En novembre dernier, j'entamais le billet suivant. Le voici terminé: "Mon coeur oscille entre la joie qu'une personne élue sur la base de ses compétences fasse la une des journaux, et le sentiment de lassitude devant le fait qu'on en parle parce qu'elle est issue d'une minorité visible. Dans ce cas précis, il faut tenir compte des rapports étroits qu'entretenaient les pays africains et l'ex-Union Soviétique au temps où leurs régimes étaient majoritairement communistes.

Voici la nouvelle : Un docteur originaire du Ghana a été elu maire dans une ville de Slovénie dimanche (24 octobre 2010), devenant le premier maire noir dans un pays d'Europe de l'Est.

"Peter Bossman, 54, became mayor of the picturesque seaside city of Piran in the second round of local elections after beating the centre-right incumbent, according to preliminary results.

"My victory shows a high level of democracy in Slovenia," Bossman, who came to Slovenia from Ghana 33 years ago to study medicine, told Reuters. He is a member of the Social Democrats, the leading party in the centre-left government.

Bossman had aimed to return to Ghana after studies but changed his mind after marrying a fellow student of Croatian origin and getting his first job as a doctor for tourists visiting the Slovenian seaside.

"I fell in love with this country. Slovenia is my home. Even my first impression of the country was good, it was so clean and green," Bossman said."

Lire la suite ici "