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Jeunesse, conscience et action

Contribution spéciale de Sarah Jourson

Sarah, dont les origines plongent en Afrique de l'ouest, en Europe et dans les Caraïbes est étudiante dans la région de la capitale nationale du Canada où elle est installée depuis quelques années. Récemment, elle a rejoint les rangs du Groupe communautaire d'Oxfam Canada nouvellement formé à Ottawa (Ontario). Par l'organisation d'évènements de sensibilisation, de levée de fonds et d'éducation ou par le réseautage, ce groupe s'est donné comme but de faire avancer la vision d'Oxfam Canada d'un monde juste et sans pauvreté. Frappé par la candeur de sa réaction au sortir de la première rencontre, je lui ai proposé de partager ses impressions.  

"Avant le 20 Février, je n’avais encore jamais pris conscience de ce que c’est que de penser aux autres. Tout était, je dirais, principalement centré sur moi, ma propre personne et rien d’autre, c’est ainsi qu’allait ma vie. Il a fallu que j’assiste à une réunion du groupe communautaire d’Oxfam Canada à laquelle m’avait invité un ami pour commencer à voir les choses différemment.    
  
Nous nous sommes présenté chacun à son tour autour. La présentation d’une des participantes  m’a vraiment ouvert les yeux et a contribué à changer ma façon de voir les choses. Elle parlait de la chance que nous avons d’être en Amérique du Nord où tout est à notre portée. Elle se sentait reconnaissante d’être ici mais elle insistait sur l’autre côté de cette vision : au-delà de cette prise de conscience nous avons aussi la responsabilité d’aider les plus démunis car leurs vies ne valent pas moins que la nôtre.

 Ici, au Canada, les femmes ont plus de chance de  s’accomplir, se créer un avenir mais également d’être « maitresses de leurs destins ». J’ai  la chance d’y vivre et d’être libre de mes choix.  Pour d’autres femmes à travers le monde, elles n’auront pas cette même chance malheureusement de faire leurs propres choix ce qui m’a fait penser au film « Fleur du désert » que j’ai vu il y a quelques semaines. Fleur du désert est l’histoire d’une jeune femme, Waris Dirie, excisée car dans sa culture l’excision est un signe de respect permettant d’être vierge jusqu’au mariage pour son futur mari. Peu de temps après cet acte, à l’âge de 12 ans, la jeune femme fuit son village pour échapper à un mariage forcé laissant derrière elle sa mère, son frère et ses sœurs. En quittant son pays la Somalie, son origine… pour partir à Londres, elle était relativement plus libre mais elle avait perdu ses repères. Rien ni personne ne pourrait lui redonner ce qu’on lui avait enlevé dans le passé mais c’était ainsi,  hélas elle ne pouvait rien n’y changer.

Pour revenir au 20 Février 2013, c’est bien de penser à nous mais penser aussi aux autres c’est mieux. On ne peut pas changer le monde, mais on peut y apporter une contribution. Désormais, j’aimerais arrêter de ne voir que le bout de mon nez et arrêter d’être égoïste. Cette expérience, cette rencontre avec Oxfam Canada est comme un réveil sur le monde extérieur pour moi."

Moi, canadien de souche et champion de l'immigration pour... le futur de MES enfants



Comment devient-on un champion de l'immigration? Quelles motivations peuvent-elles justifier de se lancer dans la bataille pour cette "cause" et de vouloir, noblement, aider réfugiés, immigrants économiques, sociaux et autres migrants, à s'installer chez soi?

Au Canada, l'enjeu de la taille et de la croissance de la population est d'abord économique. L'indice synthétique de fécondité est passé de près de 4 enfants par femme au début des années 1960 à 1,49 enfants par femme en 2000 et 1,7 en 2009. Le mode de vie urbain trépidant, la place de la femme sur le marché du travail et les crises économiques ne facilitent pas l'accroissement naturel. Il faut donc, pour accroître la population active, compter sur l'immigration. Pourquoi? Parce que la population active soutient par ses taxes et ses impôts le gouvernement, les jeunes et les personnes âgées. C'est donc, du point de vue du gouvernement canadien une question de survie nationale.

D'autre part, une infime partie -décroissante avec les nouvelles politiques d'immigration- des immigrants sont acceptés pour des raisons "humanitaires" et viennent désormais surtout ... des pays d'Afrique et d'Asie.

Art DeFehr, homme d'affaires manitobain est décrit par le Globe and Mail comme un champion de l'immigration. Cependant c'est la motivation profonde de DeFehr qui me laisse pantois, ce n'est pas son expérience des camps de réfugiés ni son désir d'aider ces derniers mais le désir de garder ses enfants auprès de lui au Manitoba qui lui a fait contribuer à créer une province qui vibre et qui attire. En somme, encore une fois, l'immigrant n'est qu'un payeur de taxes qui contribue au bien-être économique du pays.

 C'est clair qu'il y a des avantages pour celui-ci. Un pays tranquille, des lois qui sont respectés, la relative sécurité, la possibilité d'élever sa famille en paix, d'envoyer de l'argent au pays et de travailler. Mais à quel genre d'emplois les immigrants peuvent-ils vraiment aspirer? Quelles sont leurs chances d'occuper des fonctions de choix au sein des entreprises et des administrations? Quel pourcentage d'entre eux réussit vraiment à se tailler une place de choix dans l'univers professionnel de leur pays d'accueil et à quel prix? Les histoires à succès d'immigrante devenue Gouverneure Générale du Canada et de "parcours réussis" sont une infime minorité comparé à celles de titulaires de doctorats et de médecins devenus chauffeurs de taxi. Il y a d'ailleurs surreprésentation des immigrants au sein de cette profession comme le démontre une étude de Citoyenneté et immigration Canada: "La conduite d’un taxi s’est avérée être l’emploi principal de 255 personnes titulaires d’un doctorat
ou d’un diplôme en médecine (ou un domaine connexe), dont 200 immigrants. Des 6 040 autres
chauffeurs de taxi qui détiennent un baccalauréat ou une maîtrise (12 %), la majorité sont
immigrants (80,7 %). En outre, parmi tous les chauffeurs de taxi immigrants, 20,2 % ont au
moins un baccalauréat; ce taux est quatre fois moins élevé chez les chauffeurs de taxi nés au
Canada (4,8 %)."


Annelies Marie Frank

Je relis Le journal d'Anne Frank. Les mots me manquent pour décrire le sentiment de révolte qui m'envahit face à son destin, mais aussi face au destin de tous ces enfants pris en étau dans des conflits qu'ils n'ont aucun moyen de comprendre ou d'influencer. Liberia, Congo, Sarajevo, Rwanda, Somalie, Colombie, Yemen, Syrie...

L'auteur de Children of War, Roger Rosenblatt, cité dans Time Magazine "Time 100: Heroes & Icons of the 20th century" (14 juin 1999) décrit ainsi l'héritage de cette jeune adolescente traquée, trahie et internée durant les derniers mois de gloire de l'Allemagne nazie:

"Les passions déchaînées par ce livre suggèrent qu'Anne Frank appartient à tous, qu'elle s'est élevée au-dessus de la Shoah, du Judaïsme, de la féminité et du bien, pour devenir une icône du monde moderne - la moralité individuelle assaillie par le mécanisme de la destruction, insistant sur le droit de vivre, questionnant et espérant pour le futur de la condition humaine."


Le journal d'Anne Frank fait partie du registre Mémoire de Monde qui comprend le patrimoine documentaire de l'UNESCO, reconnu comme tel pour son intérêt international et sa valeur universelle exceptionnelle.