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De l'emploi et de la société

Préparé le 26 juillet 2012

Photo: r. osseni
Se retrouver sans emploi et à la recherche du prochain défi est une étape marquante dans la vie de n'importe qui. Cette situation devient d'autant plus marquante que certains éléments viennent l'accentuer: vivre en Occident / en Amérique du nord où le rythme de vie est soutenu et où "on est ce qu'on fait", être entouré de professionnels actifs et d'entrepreneurs à succès etc.

L'une des premières questions justement qu'on pause en rencontrant l'autre est la question de l'emploi. Par là se dessine le statut social, largement lié au revenu: un chauffeur d'autobus est perçu différemment d'un avocat, une gynécologue, d'une infirmière et un agent des douanes se distingue d'un sous-ministre adjoint de la fonction publique fédérale.

Ceci dit, c'en aussi en Amérique du nord que j'ai remarqué que les professions les moins appréciées des intellectuels, les professions manuelles, pouvaient être très bien rémunérées. J'ai vu des éboueurs rouler en Harley Davidson dernier cri et habiter de beaux condominiums, des électriciens se pavaner fièrement sur des plages d'Amérique latine où ils étaient en vacances avec leurs familles. J'ai appris qu'au fond, tout le monde s'il s'y met, peut très bien gagner sa vie. Et ce sont -entre autres- ces possibilités, ce "rêve américain" qui attire autant de nouveaux arrivants vers le Canada, même s'il ne faut pas négliger le besoin de sécurité ou la recherche d'un environnement où il est possible d'être politiquement actif sans craindre pour soi.

Être sans emploi en Occident devient vite une tare sociale et même si l'entourage ne nous met pas la pression, la société est telle qu'on se la met vite soi-même et qu'il faut ensuite avoir des nerfs d'acier pour résister. Une expérience... édifiante, en somme!


Is Canadian multiculturalism a real success story

Source: http://esl-multicultural-stuff-page4.blogspot.ca/
I came across this infographic created by Olson about multiculturalism in Canada. The article talks about the fact that "the trend toward a growing religious, ethnic, racial, and linguistic diversity means that there are sizable visible minorities in Canada" and for the author, "immigrants and minorities are a source of experience and knowledge. Cultural interaction increases tolerance."
It is not always the case, however, and research shows, for example, that there is still a lot of discrimination against immigrant on the job market, in Quebec, with close to half of immigrant women (46%) earning 90% of their native counterpart and 60% of the salary of native quebecer men. 

Vie (vide) de Diaspora


Il y a exactement trois ans, j'ai entamé ce billet. Je viens de le terminer pour votre plus grand plaisir.


"Winnipeg, Octobre 2012

Il y a quelques années, j’ai invité une amie qui habite dans une de ces belles capitales d'Afrique de l'Ouest, à me rejoindre dans la vallée de la Rivière Rouge, où moi j’habitais. 


La rivière Rouge est une rivière d'Amérique du Nord qui marque la frontière des États du Minnesota et du Dakota du Nord. Elle a de particulier qu'elle se jette dans le lac Winnipeg situé dans la province du Manitoba, au Canada. Il ne faut pas la confondre avec la rivière Rouge du Québec.  

Mon amie m’a expliqué qu’elle voudrait bien venir me voir mais que cela coûtait encore plus cher d’acheter un billet de son pays vers le Canada que l’inverse. Voici ce que j’ai répondu :

Source: www.postcolonialstudiesassociation.co.uk
« C'est un mythe basé sur l'idée que cela prends plus de francs CFA (FCFA, la monnaie utilisée en Afrique de l'ouest) pour faire un dollar, et que comme on vit en dollars, c'est plus facile. Seulement, tu ne connais peut-être pas le coût de la vie ici. Nous gagnons plus (en FCFA) mais dépensons également plus: un hamburger au McDonald coûte 4$ soit 2.000FCFA sur une base de 1$/500FCFA. Combien coûte un burger là où tu vis? N'est-ce pas le même ordre de prix?

Pour un salaire annuel net de 20.000$ (10.000.000FCFA) si tu dois payer ton appart à 600$ mensuel ou 7200$ annuel (3.600.000FCFA) l'eau, l'électricité et le chauffage 75$ mensuel ou 900$ annuel (450.000FCFA) et le transport en commun 100$ mensuel ou 1200$ annuel (600.000FCFA), le panier de nourriture (500$ mensuel ou 6000$ annuel ou 72.000FCFA) il te reste exactement 4700$ (2.350.000FCFA) pour l’année soit 391$ (195.500FCFA) par mois pour payer le téléphone cellulaire, la télé, quelques sorties, tes études supérieures (entre 600$ (300.000FCFA) et 2000$ (1.000.000FCFA) par cours pour un programme de 10 cours). Déjà là, tu t'endettes…

Alors, comment aller te voir, à 2.000$ (1.000.000FCFA) le billet plus les dépenses sur le terrain, sans compter que tu continues de payer ton loyer et autres frais ici. Ces calculs sont basés sur le coût de la vie dans une ville canadienne où la vie coûte moins cher. Essaie Toronto ou Vancouver...

Ce n'est pas facile ici non plus, cousine... »

Mes calculs étaient rapides, et peut-être grossiers. J’ai essayé de brosser un portrait de la vie d’une partie de la Diaspora, celle qui souffre de ne pas pouvoir rester aussi connectée qu’elle le voudrait au Continent. J’ai essayé de démontrer qu’ici comme ailleurs, la vie est un champ de bataille quotidien et que peu importe où on est, l’argent reste le nerf de la guerre qu’on y mène pour survivre. J’espère y être arrivé."


J'ai quelques amis économistes et c'est vers eux que je me tournerai pour "résoudre" cette équation. Quant à vous, qu’en pensez-vous ?

Ironies de l'intégration

Source: http://www.reginaiwc.ca
« Ce qui est dommage dans cette histoire, dit Jean-René Milot, professeur au Département de sciences des religions de l’UQAM, spécialiste de l’islam et des accommodements religieux, c’est que l’un des signes les plus marquants d’intégration, c’est de vouloir être enterré ici. »

L’ironie de cette phrase qui vient conclure l’article de Jean-Benoît Nadeau paru dans l’actualité a attiré mon attention. Milot commentait la bataille que se livrent Stéphane Gendron le maire de Huntingdon – localité de 2 500 habitants située en Montérégie- et des élus municipaux qui refusent de vendre un lot à une association musulmane afin qu’elle puisse y établir un cimetière musulman. Il n’y en a qu’un seul au Québec, le Cimetière islamique de Laval, dont les places seront bientôt toutes remplies.

« Comment une société peut-elle se priver d'autant de talent, de compétence et de capital humain? » se demande Michel Laliberté quant à lui, dans Le Colonialisme du capital humain dans La Voix de l’Est. Il y raconte l’histoire –que nous connaissons tant- d’une immigrante formée dans son pays d’origine et qui, malgré ses 23 ans d’expérience de travail, dont sept au Québec, se voit accorder l'équivalent d'un certificat universitaire par le ministère de l’Éducation qui l'invite à retourner faire un baccalauréat et une année de stage non rémunéré. Comble de l'ironie, elle serait dans les mêmes cours que ceux-là même à qui elle a enseigné! « Refuser de reconnaître les études des immigrants qui viennent chez nous pour travailler, c'est regarder nos nouveaux concitoyens de haut. C'est une forme de colonialisme » conclut le journaliste. 

À tous nos lecteurs, nous souhaitons une année 2014 pleine de paix, de succès et de prospérité. 

Immigrants, (in)conscience et réalités

Il m’arrive souvent d’avoir des discussions sur l'immigration canadienne et l'impact négatif de la fuite des cerveaux qui mine l'Afrique. Je reviens souvent dans mes conversations sur la question -trop discutée à mon goût- du manque de reconnaissance des acquis des nouveaux arrivants et sur celle des sempiternels médecins devenus chauffeurs de taxi et des comptables qui font maintenant de l’entrée de données. Et bien souvent, je dois me rendre compte que nous parlons de constat, face à ce problème, et pas de solution. Comment changer les choses? Que faire pour comprendre la source du problème, plutôt que de s'en plaindre? Nous n'avons pas le temps d'explorer cet aspect plus "constructif" des choses...

Et quand nous parlons aux immigrants potentiels, ceux qui cherchent à venir, de l'impact négatif de l'immigration (comme dans cet article que je viens de recevoir et qui parle de la santé des nouveaux arrivants au Canada) ils ont du mal à croire que la réalité locale est si difficile.

N'est-ce pas simplement humain que de préférer constater par soi-même plutôt que de croire ce que disent des journalistes et des blogueurs qui donnent l'impression de vouloir nous décourager? Qu'en dites-vous?

Moi, canadien de souche et champion de l'immigration pour... le futur de MES enfants



Comment devient-on un champion de l'immigration? Quelles motivations peuvent-elles justifier de se lancer dans la bataille pour cette "cause" et de vouloir, noblement, aider réfugiés, immigrants économiques, sociaux et autres migrants, à s'installer chez soi?

Au Canada, l'enjeu de la taille et de la croissance de la population est d'abord économique. L'indice synthétique de fécondité est passé de près de 4 enfants par femme au début des années 1960 à 1,49 enfants par femme en 2000 et 1,7 en 2009. Le mode de vie urbain trépidant, la place de la femme sur le marché du travail et les crises économiques ne facilitent pas l'accroissement naturel. Il faut donc, pour accroître la population active, compter sur l'immigration. Pourquoi? Parce que la population active soutient par ses taxes et ses impôts le gouvernement, les jeunes et les personnes âgées. C'est donc, du point de vue du gouvernement canadien une question de survie nationale.

D'autre part, une infime partie -décroissante avec les nouvelles politiques d'immigration- des immigrants sont acceptés pour des raisons "humanitaires" et viennent désormais surtout ... des pays d'Afrique et d'Asie.

Art DeFehr, homme d'affaires manitobain est décrit par le Globe and Mail comme un champion de l'immigration. Cependant c'est la motivation profonde de DeFehr qui me laisse pantois, ce n'est pas son expérience des camps de réfugiés ni son désir d'aider ces derniers mais le désir de garder ses enfants auprès de lui au Manitoba qui lui a fait contribuer à créer une province qui vibre et qui attire. En somme, encore une fois, l'immigrant n'est qu'un payeur de taxes qui contribue au bien-être économique du pays.

 C'est clair qu'il y a des avantages pour celui-ci. Un pays tranquille, des lois qui sont respectés, la relative sécurité, la possibilité d'élever sa famille en paix, d'envoyer de l'argent au pays et de travailler. Mais à quel genre d'emplois les immigrants peuvent-ils vraiment aspirer? Quelles sont leurs chances d'occuper des fonctions de choix au sein des entreprises et des administrations? Quel pourcentage d'entre eux réussit vraiment à se tailler une place de choix dans l'univers professionnel de leur pays d'accueil et à quel prix? Les histoires à succès d'immigrante devenue Gouverneure Générale du Canada et de "parcours réussis" sont une infime minorité comparé à celles de titulaires de doctorats et de médecins devenus chauffeurs de taxi. Il y a d'ailleurs surreprésentation des immigrants au sein de cette profession comme le démontre une étude de Citoyenneté et immigration Canada: "La conduite d’un taxi s’est avérée être l’emploi principal de 255 personnes titulaires d’un doctorat
ou d’un diplôme en médecine (ou un domaine connexe), dont 200 immigrants. Des 6 040 autres
chauffeurs de taxi qui détiennent un baccalauréat ou une maîtrise (12 %), la majorité sont
immigrants (80,7 %). En outre, parmi tous les chauffeurs de taxi immigrants, 20,2 % ont au
moins un baccalauréat; ce taux est quatre fois moins élevé chez les chauffeurs de taxi nés au
Canada (4,8 %)."


Ici non plus ce n'est pas facile, cousine

Le Manitoba - source Wikipedia

Il y a quelques années, j’ai invité une amie de Cotonou à me rejoindre dans la vallée de la Rivière Rouge ou j’habitais. La rivière Rouge est une rivière d'Amérique du Nord qui marque la frontière des États du Minnesota et du Dakota du Nord. Elle a de particulier qu'elle se jette dans le lac Winnipeg situé dans la province du Manitoba, au Canada. Il ne faut pas la confondre avec la rivière Rouge du Québec.  

Mon amie m’a expliqué qu’elle voudrait bien venir me voir mais que cela coûtait encore plus cher d’acheter un billet du Bénin vers le Canada que l’inverse. Voici ce que j’ai répondu :

« C'est un mythe basé sur l'idée que cela prends plus de francs CFA (FCFA, la monnaie utilisée en Afrique de l'ouest) pour faire un dollar, et que comme on vit en dollars, c'est plus facile. Seulement, tu ne connais peut-être pas le coût de la vie ici. Nous gagnons plus (en FCFA) mais dépensons également plus: un hamburger au McDonald coûte 4$ soit 2.000FCFA sur une base de 1$/500FCFA. Combien coûte un burger à Cotonou? N'est-ce pas le même ordre de prix?

Pour un salaire annuel net de 20.000$ (10.000.000FCFA) si tu dois payer ton appart à 600$ mensuel ou 7200$ annuel (3.600.000FCFA) l'eau, l'électricité et le chauffage 75$ mensuel ou 900$ annuel (450.000FCFA) et le transport en commun 100$ mensuel ou 1200$ annuel (600.000FCFA), le panier de bouffe (500$ mensuel ou 6000$ annuel ou 72.000FCFA) il te reste exactement 4700$ (2.350.000FCFA) pour l’année soit 391$ (195.500FCFA) par mois pour payer le téléphone cellulaire, la télé, quelques sorties, tes études supérieures (entre 600$ (300.000FCFA) et 2000$ (1.000.000FCFA) par cours pour un programme de 10 cours). Déjà là, tu t'endettes…

Alors, comment aller au Bénin, à 2.000$ (1.000.000FCFA) le billet plus les dépenses sur le terrain, sans compter que tu continues de payer ton loyer et autres frais ici. Ces calculs sont basés sur le cout de la vie dans une ville moins chère. Essaie Toronto ou Vancouver...

Ce n'est pas facile ici non plus, cousine... »

Mes calculs étaient rapides, et peut-être grossiers. J’ai essayé de brosser un portrait de la vie d’une partie de la Diaspora, celle qui souffre de ne pas pouvoir rester aussi connectée qu’elle le voudrait au Continent. J’ai essayé de démontrer qu’ici comme ailleurs, la vie est un champ de bataille quotidien et que peu importe où on est, l’argent reste le nerf de la guerre qu’on y mène pour survivre. J’espère y être arrivé. Qu’en pensez-vous ?

Des stages au gouvernement fédéral pour jeunes réfugiés

Interessante initiative du gouvernement fédéral que celle d'offrir des stages spécifiquement aux jeunes nouveaux canadiens dans un ministère fédéral. Pourvu que de telles initiatives s'ouvrent dans les "régions" et ne soient pas seulement offertes en capitale nationale, qu'elles durent plus longtemps que l'ère éphémère d'un gouvernement canadien et que leur impact se fasse sentir sur la jeunesse immigrante.

Durant la conférence du Réseau canadien de DEC (RCDEC), "Retour aux sources: partager une vision de la 7ème génération", une des questions que je me suis posées porte sur l'existence de ministères specifiques pour certains groupes: ministère de la jeunesse, Condition féminine Canada, Affaires indiennes et du nord Canada et Citoyenneté et immigration Canada (CIC). Pourquoi les emplois sont-ils strictement réservés aux membres de ce groupe pour ce qui est de certains de ces ministères (Condition féminine ou Affaires indiennes ou le taux d'hommes ou de non-autochtone est très bas -du moins dans les postes d'entrée) et pas nécessairement pour d'autres (Citoyenneté et immigration Canada pour les immigrants)?

J'ai toujours perçu le rôle de Citoyenneté et immigration Canada comme étant celui de simplement aider à faire entrer le maximum de personnes en faisant respecter la Loi sur l'immigration. Rien de plus qu'un "service de douane géant et sophistiqué", en somme. Je suis heureux de réaliser que me trompais. Peut-être un ministère d'avenir? En tout cas le fait que le programme du multiculturalisme y soit maintenant greffé va sans doute faire bouger les choses: le "Immigrant Settlement and Integration through Social Enterprise initiative" (ISISE) du RCDEC va recevoir des fonds de ce ministère justement pour aider les nouveaux canadiens qui lancent des initiatives en entreprise sociale et en développement économique communautaire dans le but de mieux s'intégrer dans leur nouveau pays.

Et il y a également la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, "le plus important tribunal administratif indépendant au Canada (dont la) mission consiste à rendre, de manière efficace, équitable et conforme à la loi, des décisions éclairées sur des questions touchant l'immigration et le statut de réfugié."

Affaires à suivre.

un paso nuevo

Hoy, fue una etapa nueva por lo de Desarrollo en Acciòn. Empece el Blog que nos va a permitir comunicarnos mas facilmente. Pero estoy cansado. Entre lo de buscar empleo, ayudar a los demàs, cuidarme y a mi pareja, son muchas cosas que hacer. Estoy un poco cansado.

!Pero tan feliz!

Mon stage en développement international


Un vieux texte que j'ai oublié de poster...
Mon stage en développement international

Ou l’art de vivre ses rêves


De Yaoundé à Maccchu Picchu: rêver



« Il était une fois un jeune garçon d’origine béninoise qui vivait au Cameroun. Adolescent, il portait des lunettes, écrivait des poèmes et adorait lire. Il s’appelait Raïmi. Il deviendra « Inti », comme le soleil, mais je vais trop vite.


Raïmi aimait courir dans les rues du quartier Bastos à Yaoundé, entre les maisons de ses voisins, où il suivait des cours de piano et celle de ses amis, Saïd le marocain, et Christophe le franco-camerounais. Ils allaient tous à l’école française et jouaient au foot et au basket. Les parents de Saïd et de Raïmi travaillaient ensemble et s’employaient à leur manière à « sauver le monde ». En fait, ils travaillaient pour l’UNICEF. C’est ainsi que Raïmi rencontra « Monsieur Aguirre », qui travaillait pour la même agence, dans le même pays, à la même époque. Monsieur Aguirre était équatorien et Raïmi rêva de « sauver le monde » en Amérique Latine, puisque lui était en train de « sauver le monde » en Afrique. C’est ainsi que naquit le rêve. »


Tananarive, Montréal, Winnipeg, Riobamba : « sauver le monde »




C’est ainsi que naquit mon rêve, et quand j’y repense, je n’arrive pas toujours à croire que je l’ai déjà réalisé. Entre ce premier éveil au reste du monde et l’escalade de la montagne sacrée, bien des choses se sont passées. J’ai grandi entre le Bénin, mon pays natal, et le Cameroun. La France est devenue un peu mon pays d’adoption par le biais de mes études secondaires. Enfin, j’ai passé quelques belles années à Madagascar avant de m’envoler pour Montréal et Winnipeg, où j’ai complété mes études en gestion et en développement international. Durant mes dernières années universitaires, je me suis découvert une passion pour le développement économique communautaire (DEC) et l’économie sociale.


Féru d’entreprenariat, j’ai travaillé comme consultant en gestion pour les entrepreneurs et les populations marginalisées telles que les immigrants et refugiés, les communautés bilingues et les organismes à but non lucratif venant en aide à ces populations. J’ai ensuite collaboré avec le Réseau canadien de DEC (RCDEC) et le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM).


En 2007, après bien des aventures, je découvre le Centre de solidarité international du Saguenay-Lac-Saint-Jean (CSI) qui va m’offrir la possibilité de travailler à Riobamba, en Équateur. Dans le cadre du Programme de jeunes stagiaires internationaux (PJSI) de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), je vais pouvoir apporter un appui technique en entreprenariat social, en gestion et en commercialisation équitable à une ONG locale et à des groupes de femmes autochtones.





Des côtes pacifiques de Montañita à Catequilla, le centre du monde, des forêts amazoniennes aux ruines d’Ingarpirca, j’ai vu beaucoup de l’Équateur. Mais plus que les paysages, c’est le voyage intérieur que cette expérience a permis, qui est fascinant. J’ai mesuré mes préjugés à l’échelle de nouvelles réalités et en tant que canadien d’origine africaine, j’ai vécu une expérience enrichissante en Amérique Latine. J’ai réalisé que je transcendais mon expérience canadienne pour retrouver mes racines africaines le jour où j’ai raconté mon rêve d’adolescent aux femmes des cantons de Riobamba et de Colta. Ce jour-là, je suis devenu leur frère et leur fils, elles sont devenues mes mères et mes amies.



3. Revenir



« Comment tu résumerais ton voyage en une phrase? » Me demanda un collègue du CSI. J’étais en train d’achever mon bilan-retour à Alma et j’écrivais les derniers mots de mon rapport.


« C’est drôle que tu me demandes ça maintenant, lui répondis-je. Je venais justement de penser à quelque chose. Tiens, je te l’ai écris ici, sur ton babillard… » Je lui indiquai alors les mots que j’avais gribouillé à l’encre rouge :


« Je suis de toutes les Afrique, je suis de toutes les Amériques, je suis Indigène du monde… »


Je me sens également Équatorien maintenant. Je me sens appartenir à tous ces volcans, à ces montagnes et à ces terres où j’ai vécu par la sueur que j’ai versée en les traversant, les visages que j’ai embrassés et le vin que j’ai partagé. Le visage buriné des femmes indigènes du Canton de Colta est aussi gravé en moi que celui des enfants malgaches du Rova d’Antananarivo et des immigrants pakistanais cherchant une opportunité professionnelle au Manitoba. Oh! Quel souvenir que celui de ce tunnel du centre-ville de la capitale malgache noirci par les gaz d’échappement qui sert de dortoir aux enfants de la rue! Il ressemble étrangement à ceux de Quito… Le bruit des sandales qui claquent sur le sol de poussière des chemins de Yamoussoukro résonne encore à mes oreilles : je savais que les femmes africaines en milieu rural se lèvent tôt pour aller chercher de l’eau. Je sais maintenant qu’il en est de même pour leurs sœurs équatoriennes, qui dès l’aube s’en vont au marché vendre pour si peu, les produits de leurs potagers dont elles privent leurs familles. Et j’ai appris que leur courage n’a d’égal que leur soif d’apprendre : à lire, à écrire, à créer des entreprises, à gagner plus d’argent, à offrir un meilleur avenir à leurs enfants.


À Riobamba, en six mois, j’ai pu observer bien des inégalités. Mais de retour au Canada, je me rends compte que le développement n’est pas seulement une affaire internationale. En Équateur, j’ai appliqué des méthodes et utilisés des outils que j’ai appris à maîtriser ici. J’ai même été confronté des problèmes similaires à ceux que rencontrent les spécialistes en développement local de Winnipeg, de Thompson ou de Brandon : l’alcoolisme, le logement, le racisme, l’emploi, le partage des ressources…


Je reviens donc au DEC et à l’économie sociale pour améliorer la vie des populations marginalisées, jeunes, femmes, personnes à faible revenu ou vivant en minorité ou avec un handicap, immigrants ou aborigènes. Mon intérêt s’est accru autant que ma capacité de travailler avec eux. Je veux participer à la vie de ma communauté apprendre et échanger: émissions de radio, comité des jeunes leaders, Réseau d’action des immigrants et des réfugiés, conférences... La meilleure façon de s’intégrer à sa communauté n’est-elle pas d’y être actif? D’apporter quelque chose?


4. À quoi ressemble l’avenir?



Un nouveau soleil se lève. De nouveaux rêves, de nouveaux horizons.


Il y a quelques semaines, j’ai invité ma conjointe à se joindre à une rencontre du Réseau d’action des immigrants et des réfugiés du RCDEC avec moi pour la première fois. Deux praticiennes que je respecte beaucoup donnaient une conférence, Gulalai Habib venue de Colombie-Britannique, et Yvonne Chui, venue d’Alberta. Ma conjointe s’est un peu ennuyée, l’économie sociale et le DEC ne sont pas ses centres d’intérêt. Mais j’ai remarqué qu’elle a suggéré des solutions, elle s’est ouverte et a écouté, et elle a proposé de m’aider dans mon travail. C’est une première! Je peux donc conclure comme dans les contes de fées: ils continuèrent de s’impliquer dans leur communauté et de faire du développement local ensemble;













« ils vécurent heureux, longtemps, et eurent de nombreux enfants! »

L'inform'Nations - Centre de Solidarité Internationale SLSJ

Numéro 3 : Mars 2007
Retour de stage
Deux des trois stagiaires individuels, Noémie Pomerleau-Carpentier et Raïmi B. Osseni, étaient de passage à Alma à la fin du mois de février pour tracer leur bilan de stage, après cinq mois passés au Burkina Faso et en Équateur.

Les deux stagiaires Noémie Pomerleau-Carpentier et Raïmi B. Osseni ont profité de leur passage à Alma pour faire un saut dans les studios de CBJ-Radio-Canada afin de raconter leur expérience à la population du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Rappelons que Noémie travaillait auprès des enfants de la rue à Ouagadougou au Burkina Faso et que Raïmi appuyait notre partenaire CEDIS en Équateur, pour le renforcement des organisations de femmes dans leurs initiatives de commercialisation équitable.